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IJBA (Institut de Journalisme de Bordeaux Aquitaine) : à gauche toute !

13 novembre 2023

Temps de lecture : 5 minutes
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IJBA (Institut de Journalisme de Bordeaux Aquitaine) : à gauche toute !

Temps de lecture : 5 minutes

L’Institut de journalisme Bordeaux Aquitaine (IJBA) est un institut interne de l’Université Bordeaux Montaigne, créé par décret du 11 septembre 2006, se substituant à la filière journalisme de l’IUT de l’université Bordeaux 3. Il délivre un master professionnel de journalisme, reconnu par la profession au même titre que l’ancien DUT de journalisme (reconnu par la profession en 1975).

Instal­lé dans le cen­tre-ville de la cap­i­tale du bor­de­lais, l’IJBA accueille chaque année 36 étu­di­ants en for­ma­tion au mas­ter pro­fes­sion­nel de jour­nal­isme et 8 étu­di­ants pour le diplôme d’université de Jour­nal­iste reporter d’images (DU JRI). Chaque année ce sont près de 1000 can­di­dats qui se pressent pour ten­ter d’intégrer cet étab­lisse­ment classé 5e meilleure for­ma­tion de jour­nal­isme par Le Figaro Etu­di­ant en 2022. Le con­cours est ouvert aux tit­u­laires d’une licence ou d’un titre équivalent.

Un historique très marqué à gauche

L’IJBA est la con­tin­u­a­tion de la fil­ière jour­nal­isme de l’IUT de l’université Bor­deaux 3, fondé en 1967 par le jour­nal­iste et écrivain Robert Escarpit, une per­son­nal­ité aux mul­ti­ples engage­ments situés très à gauche de l’échiquier politique.

S’il est prin­ci­pale­ment con­nu comme pio­nnier des Sci­ences de l’information et bil­let­tiste au quo­ti­di­en Le Monde, Robert Escarpit fut égale­ment dans sa jeunesse mil­i­tant à la SFIO au temps du Front pop­u­laire avant de s’engager, après la guerre, au PCF, devenant même con­seiller région­al et con­seiller munic­i­pal pour le par­ti. Il fût égale­ment col­lab­o­ra­teur du Canard Enchaîné durant la guerre d’Algérie et cofon­da­teur des très marx­istes-lénin­istes « Ami­tiés fran­co-albanais­es », sou­tenant sans com­plexe le régime stal­in­ien de Tirana.

Un patron­age qui cor­re­spond assez bien au pro­fil idéologique des plus pres­tigieux anciens élèves de l’Institut, de Noël Mamère à Car­ole Gessler en pas­sant par Pierre Car­les, Philippe Cor­cuff et Jean-Michel Apathie

Des intervenants entre Nupes et Mediapart

L’Institut n’apparaît claire­ment pas comme un cen­tre de for­ma­tions de résis­tants à la pen­sée dom­i­nante et au gauchisme socié­tal. Une impres­sion con­fir­mée par le pro­fil des inter­venants extérieurs invités par l’’établissement. Ain­si, on notera par exem­ple que la leçon inau­gu­rale de l’année 2023 a été assurée, le 23 sep­tem­bre, par Julia Cagé, écon­o­miste et pro­fesseur à Sci­ences Po Paris, com­pagne de Thomas Piket­ty, spé­cial­iste mon­di­al des « iné­gal­ités », ancien con­seiller économique de Ségolène Roy­al désor­mais proche de la NUPES. Le cou­ple vient de faire paraître une somme de 860 pages, Une histoire du con­flit poli­tique, vaste ten­ta­tive de réha­bil­i­ta­tion de l’image de la gauche sociale-démoc­rate et européiste. Plus récem­ment, le 2 Octo­bre, une « mas­ter class » a été con­fiée à Élisa Per­rigueur, jour­nal­iste à Medi­a­part et au Monde Diplo­ma­tique, « spé­cial­iste des migra­tions et des fron­tières ». Elle a notam­ment reçu le « Migra­tion Media Award », en 2017, qui récom­pense des jour­nal­istes pro­duisant des travaux « con­tribuant à un réc­it plus équili­bré sur la migra­tion dans la région euro-méditer­ranéenne » (sic). Un prix notam­ment financé par le Cen­tre inter­na­tion­al pour le développe­ment des poli­tiques migra­toires et Open Media Hub. On pour­ra égale­ment citer une ren­con­tre avec Del­phine-Mar­i­on Boulle, anci­enne élève de l’Institut, jour­nal­iste à Radio France, spé­cial­iste des « droites rad­i­cales » et auteur, chez Robert Laf­font, de Au nom de la race une enquête à charge sur « un grou­pus­cule supré­maciste en France et l’usage des réseaux soci­aux par l’extrême-droite ».

Quand on est bien au chaud entre soi, pourquoi s’embêter avec le plu­ral­isme des idées et des opinons ?

Écriture inclusive et égalité des chances

Dans un tel cadre, c’est donc sans sur­prise que l’on décou­vre le site de l’Institut, entière­ment rédigé en écri­t­ure inclu­sive et affichant, de façon fort orig­i­nale, l’attachement de l’établissement à « l’égalité des chances ». Ain­si l’IJBA sou­tient l’association La Chance (anci­en­nement La Chance aux con­cours qui « agit pour la diver­sité dans les médias »), en exonérant ses can­di­dats du coût d’inscription au con­cours d’entrée et mène des actions en direc­tion de lycéens et étu­di­ants les quartiers pri­or­i­taires et en zone rurale pour faire décou­vrir le méti­er de jour­nal­iste. Des liens sont égale­ment noués avec l’association Médias & Démoc­ra­tie, qui œuvre depuis 2015 à la for­ma­tion des jour­nal­istes sur le con­ti­nent africain.

Un MICA sur les stéréotypes de genre

Par ailleurs, les « enseignant.es-chercheur.es de l’IJBA » (sic) sont mem­bres de l’axe Médias du lab­o­ra­toire de recherche Médias, Infor­ma­tion, Com­mu­ni­ca­tion, Arts (MICA), rat­taché à l’École doc­tor­ale Mon­taigne Human­ités de l’Université Bor­deaux Mon­taigne. Via ce cen­tre de recherche, l’IJBA étudie « les évo­lu­tions du jour­nal­isme à l’heure du numérique, les boule­verse­ments tech­niques, pra­tiques et éthiques de la pro­fes­sion, les muta­tions des imag­i­naires des jour­nal­istes, le rôle des algo­rithmes dans la sphère jour­nal­is­tique, la place des femmes dans les médias, et les mécan­ismes de con­struc­tion et de décon­struc­tion des stéréo­types de classe et de genre… ». Un cat­a­logue qui ne sem­ble oubli­er aucune des lubies de l’époque.

Rien de très orig­i­nal ni de déton­nant donc dans le pro­fil de cet étab­lisse­ment par rap­port à ses prin­ci­paux con­cur­rents, si ce n’est un mar­quage à gauche encore plus mar­qué. Ce qui n’est pas un mince exploit.

Voir aus­si : École de jour­nal­isme de Toulouse : ville et enseigne­ment rose

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