L’Institut de journalisme Bordeaux Aquitaine (IJBA) est un institut interne de l’Université Bordeaux Montaigne, créé par décret du 11 septembre 2006, se substituant à la filière journalisme de l’IUT de l’université Bordeaux 3. Il délivre un master professionnel de journalisme, reconnu par la profession au même titre que l’ancien DUT de journalisme (reconnu par la profession en 1975).
Installé dans le centre-ville de la capitale du bordelais, l’IJBA accueille chaque année 36 étudiants en formation au master professionnel de journalisme et 8 étudiants pour le diplôme d’université de Journaliste reporter d’images (DU JRI). Chaque année ce sont près de 1000 candidats qui se pressent pour tenter d’intégrer cet établissement classé 5e meilleure formation de journalisme par Le Figaro Etudiant en 2022. Le concours est ouvert aux titulaires d’une licence ou d’un titre équivalent.
Un historique très marqué à gauche
L’IJBA est la continuation de la filière journalisme de l’IUT de l’université Bordeaux 3, fondé en 1967 par le journaliste et écrivain Robert Escarpit, une personnalité aux multiples engagements situés très à gauche de l’échiquier politique.
S’il est principalement connu comme pionnier des Sciences de l’information et billettiste au quotidien Le Monde, Robert Escarpit fut également dans sa jeunesse militant à la SFIO au temps du Front populaire avant de s’engager, après la guerre, au PCF, devenant même conseiller régional et conseiller municipal pour le parti. Il fût également collaborateur du Canard Enchaîné durant la guerre d’Algérie et cofondateur des très marxistes-léninistes « Amitiés franco-albanaises », soutenant sans complexe le régime stalinien de Tirana.
Un patronage qui correspond assez bien au profil idéologique des plus prestigieux anciens élèves de l’Institut, de Noël Mamère à Carole Gessler en passant par Pierre Carles, Philippe Corcuff et Jean-Michel Apathie…
Des intervenants entre Nupes et Mediapart
L’Institut n’apparaît clairement pas comme un centre de formations de résistants à la pensée dominante et au gauchisme sociétal. Une impression confirmée par le profil des intervenants extérieurs invités par l’’établissement. Ainsi, on notera par exemple que la leçon inaugurale de l’année 2023 a été assurée, le 23 septembre, par Julia Cagé, économiste et professeur à Sciences Po Paris, compagne de Thomas Piketty, spécialiste mondial des « inégalités », ancien conseiller économique de Ségolène Royal désormais proche de la NUPES. Le couple vient de faire paraître une somme de 860 pages, Une histoire du conflit politique, vaste tentative de réhabilitation de l’image de la gauche sociale-démocrate et européiste. Plus récemment, le 2 Octobre, une « master class » a été confiée à Élisa Perrigueur, journaliste à Mediapart et au Monde Diplomatique, « spécialiste des migrations et des frontières ». Elle a notamment reçu le « Migration Media Award », en 2017, qui récompense des journalistes produisant des travaux « contribuant à un récit plus équilibré sur la migration dans la région euro-méditerranéenne » (sic). Un prix notamment financé par le Centre international pour le développement des politiques migratoires et Open Media Hub. On pourra également citer une rencontre avec Delphine-Marion Boulle, ancienne élève de l’Institut, journaliste à Radio France, spécialiste des « droites radicales » et auteur, chez Robert Laffont, de Au nom de la race une enquête à charge sur « un groupuscule suprémaciste en France et l’usage des réseaux sociaux par l’extrême-droite ».
Quand on est bien au chaud entre soi, pourquoi s’embêter avec le pluralisme des idées et des opinons ?
Écriture inclusive et égalité des chances
Dans un tel cadre, c’est donc sans surprise que l’on découvre le site de l’Institut, entièrement rédigé en écriture inclusive et affichant, de façon fort originale, l’attachement de l’établissement à « l’égalité des chances ». Ainsi l’IJBA soutient l’association La Chance (anciennement La Chance aux concours qui « agit pour la diversité dans les médias »), en exonérant ses candidats du coût d’inscription au concours d’entrée et mène des actions en direction de lycéens et étudiants les quartiers prioritaires et en zone rurale pour faire découvrir le métier de journaliste. Des liens sont également noués avec l’association Médias & Démocratie, qui œuvre depuis 2015 à la formation des journalistes sur le continent africain.
Un MICA sur les stéréotypes de genre
Par ailleurs, les « enseignant.es-chercheur.es de l’IJBA » (sic) sont membres de l’axe Médias du laboratoire de recherche Médias, Information, Communication, Arts (MICA), rattaché à l’École doctorale Montaigne Humanités de l’Université Bordeaux Montaigne. Via ce centre de recherche, l’IJBA étudie « les évolutions du journalisme à l’heure du numérique, les bouleversements techniques, pratiques et éthiques de la profession, les mutations des imaginaires des journalistes, le rôle des algorithmes dans la sphère journalistique, la place des femmes dans les médias, et les mécanismes de construction et de déconstruction des stéréotypes de classe et de genre… ». Un catalogue qui ne semble oublier aucune des lubies de l’époque.
Rien de très original ni de détonnant donc dans le profil de cet établissement par rapport à ses principaux concurrents, si ce n’est un marquage à gauche encore plus marqué. Ce qui n’est pas un mince exploit.
Voir aussi : École de journalisme de Toulouse : ville et enseignement rose