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Il, elle ou iel dans Le Monde, examen d’une série de pathologies

11 juin 2019

Temps de lecture : 5 minutes
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Il, elle ou iel dans Le Monde, examen d’une série de pathologies

Temps de lecture : 5 minutes

Brieuc, vous connaissez ? Pas Saint-Brieuc en Bretagne, mais une pauvre chose, vaguement barbue, aux cheveux violets ou bleus, habillée d’une jupe, en photo dans le quotidien du soir daté des 9/11 juin 2019. Brieuc est un grand adolescent de 21 ans qui a choisi d’être non-binaire. Ce qui aurait été considéré au mieux comme une plaisanterie de potache, au pire comme un trouble de l’adolescence, est pris très au sérieux, voire comme un modèle, sous la signature de Solène Cordier.

https://www.youtube.com/watch?v=VM_DPxofEfM

De Conchita Wurst à Bilal Hassani, la médiatisation en marche

Con­chi­ta la saucisse de l’Eurovision, Bilal du même con­cours revendi­quant « n’être pas dans les codes » font par­tie d’une nou­velle cohorte portée aux nues par les divers­es asso­ci­a­tions LGBT, et par la rédac­trice du Monde. Le quo­ti­di­en s’extasie devant ce « phénomène de plus en plus vis­i­ble et médi­atisé, qui boule­verse les représen­ta­tions tra­di­tion­nelles du mas­culin et du féminin ». Insis­tons sur l’aspect médi­atisé dont l’article en ques­tion est un par­fait exem­ple. Être homo­sex­uel (comme tout le monde, pour­rait-on ajouter) ne suf­fit pas. Comme Raphaell (il n’y a pas de faute d’orthographe, c’est bien Raphaell), ce char­mant garçon (?) voulait qu’on « le genre au féminin » puis « per­due entre deux iden­tités de gen­res » a choisi « Non binaire c’est encore plus simple ».

À Albi, un lycéen se rend en classe avec du fard et des chaus­sures à talon haut. Ailleurs, Yane née fille a choisi d’être « agenre » et veut que l’on emploie « iel » et non il ou elle en par­lant de sa per­son­ne. Sa mère « résol­u­ment fémin­iste » l’accompagne dans sa démarche. Et se demande si Yane ne devien­dra pas « gen­der flu­id », per­son­ne dont le genre varie autour du temps. Cer­tains par­ents raisonnables, comme ceux de Raphaell, pren­nent ren­dez-vous chez un psy et deman­dent à leur reje­ton « d’arrêter son délire ». Au grand dam d’une « pro­fesseure de soci­olo­gie », ou d’une « ani­ma­trice au plan­ning famil­ial » et autres « prési­dent de la fédéra­tion LGBTI+ » qui mili­tent active­ment pour l’essor de ce qui ressort le plus sou­vent de trou­bles de la per­son­nal­ité au moment déli­cat de l’adolescence.

Nous ne savons pas si Solène Cordier est cis­genre, trans­genre, trav­es­tie, non binaire ou agenre. À titre de sol­i­dar­ité nous lui pro­posons une nou­velle liste de gen­res parue dans un récent numéro de L’Incorrect, avec l’autorisation de l’auteur. Une liste sous forme de let­tres de lecteurs au men­su­el après un arti­cle ne men­tion­nant « que » les LGBT.

LGBTQIAIZPPSMF+

« Du CQFD, Comité Queer de Flers et Dom­pierre (Orne). Nous nous élevons vive­ment con­tre l’oubli des Queers (en anglais : bizarre, dif­férent). Inclass­ables, incom­pris, nous ne devons pas pour autant être jetés aux oubli­ettes, ni celles de l’histoire ni celles du journalisme.

Du CIA, Comité des Incer­tains des Alpes. Le CIA rap­pelle avec force que l’incertitude ne doit plus être une tare. Si les décidés sont majori­taires, ce n’est pas une rai­son pour brimer notre minorité mil­i­tante. Notre bal­ance­ment cir­con­spect mérite con­sid­éra­tion. Nous atten­dons votre rectification.

De la FAO, Fédéra­tion des Asex­ués Organ­isés. Nous con­sta­tons avec regret que le a pri­vatif de notre con­di­tion, au-delà de nous enlever un monde que nous ne pou­vons que devin­er, nous prive égale­ment d’un statut, d’un nom, nie notre exis­tence. Vous aurez à cœur de nous faire décou­vrir par votre public.

De l’OJIM, Obser­va­toire Joyeux des Inter­sex­uels du Mans. Nous changeons de sexe en fonc­tion de notre humeur, du jour, de l’heure, du temps, des vête­ments que nous por­tons. Et alors ? Votre rédac­teur est-il tou­jours le même, immuable ? Nous avons notre place au soleil, le change­ment c’est maintenant !

Du ZOO, Zoophilie Ouver­ture Objec­tiv­ité. Le ZOO rassem­ble intel­lectuels, artistes, uni­ver­si­taires, jour­nal­istes qui veu­lent enfin unir dans un même élan amoureux, hommes et bêtes. Vous ne pou­vez exclure les ani­maux et leurs amants sans les con­damn­er à une mort sym­bol­ique inacceptable.

De la CPI, Com­mu­nauté Pédophile Inter­na­tionale. Nous avons hélas bien com­pris votre silence sur notre mode de vie. Comme l’a si bien mon­tré Daniel Cohn Ben­dit dans une séquence télévisée fameuse, l’amour s’apprend aus­si au jardin d’enfants. Si vous ne détestez pas les enfants et les nour­ris­sons vous nous inclurez au lieu de nous ignorer.

De l’OPEP, Organ­i­sa­tion Pan­sex­uelle Espagne Pologne. Nous avons su dépass­er nos dif­férences, aller du sud à l’est, inclure la pael­la et la vod­ka, unir Madrid et Varso­vie, les brunes et les blondes. Allant plus loin nous avons décou­vert l’amour des végé­taux, des arbres, des lichens, des champignons. Qui sommes-nous pour ignor­er la nature ? Vous ne saurez rester à l’écart de ce mou­ve­ment universel.

Du SME, Sado Masochisme et Espérance. Notre com­mu­nauté existe depuis tou­jours. Bien avant Sach­er Masoch les femmes et les hommes ont décou­vert (et pra­tiqué) le plaisir à tra­vers la souf­france don­née, reçue, partagée comme une obla­tion. Vous pensez pou­voir nous con­damn­er en nous igno­rant ? Mais dans le secret de votre intim­ité, ne vous arrive‑t’il pas de nous envi­er ? Ce n’est pas par l’oubli ou la néga­tion que vous nous fer­ez disparaître.

De la FAO, Fétichisme Amour Offrande. Mon­sieur, votre esprit étriqué de petit bour­geois réac­tion­naire choisit l’évitement en omet­tant notre exis­tence. Le fétichisme a pour­tant ses let­tres de noblesse et depuis longtemps. Fétichisme des dessous féminins, fétichisme du pied, du cheveu, des ongles, la liste est infinie. Cherchez bien, vous trou­verez votre fétiche. Si vous nous don­nez droit de cité nous pour­rons vous guider dans cette quête. »

Cet arti­cle fai­sait réponse à un papi­er du Monde (encore) daté du 14 févri­er 2019, nous citons « quand on refuse de nom­mer, on rejette non seule­ment dans l’invisible mais dans l’impensé ». Alors n’hésitons pas : LGBTQIAZPPSMF, et plus si affinités.

Pho­to : cap­ture d’écran vidéo “Bric à brac de Brieuc” via YouTube

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