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Immigration clandestine : éloge des passeurs dans Le Monde (1/2)

13 août 2022

Temps de lecture : 5 minutes
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Immigration clandestine : éloge des passeurs dans Le Monde (1/2)

Temps de lecture : 5 minutes

Red­if­fu­sion esti­vale. Pre­mière dif­fu­sion le 10 jan­vi­er 2022

Nous publions aujourd’hui un article en deux parties, consacré à l’immigration clandestine en mer Méditerranée. La première partie évoque une tribune assez incroyable parue dans le journal Le Monde, faisant l’apologie des passeurs. La deuxième partie de l’article présente par contraste une enquête du journal suisse Sonntagszeitung consacrée aux suspicions de collusions entre O.N.G. et passeurs.

Explosion du nombre de traversées clandestines en 2021

Explo­sion : le terme n’est pas trop fort pour qual­i­fi­er l’évolution du nom­bre des arrivées de clan­des­tins par la mer méditer­ranée en Ital­ie. En effet, selon le Haut-Com­mis­sari­at aux Réfugiés de l’ONU, ce nom­bre est passé de 34 150 en 2020 à 66 770 en 2021.

En Espagne, le nom­bre d’arrivées clan­des­tines par la mer pro­gresse égale­ment et atteint 42 000. Avec les 4 100 arrivées en Grèce, le nom­bre total de clan­des­tins arrivés en Europe par la mer méditer­ranée en 2021 atteint 112 870 ! Et encore ne s’agit-il que des arrivées clan­des­tines recensées…

L’ampleur de ces flux migra­toires mon­tre que ceux-ci sont non seule­ment tolérés mais aus­si organ­isés par les pays d’Europe de l’Ouest. En effet, comme le souligne un arti­cle du site Strate­gi­ka, les bateaux des O.N.G. qui croisent en méditer­ranée sous le pavil­lon d’un pays européen sont nom­breux. Plutôt que d’organiser le rap­a­triement des clan­des­tins arrivés sur le con­ti­nent européen, l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration annonce avec une fierté non dis­simulée avoir procédé en 2021 à 17 opéra­tions de relo­cal­i­sa­tion de migrants en France à par­tir d’Italie, de Malte et de Grèce.

Par com­para­i­son, les rap­a­triements volon­taires des clan­des­tins présents en Libye dans leur pays, organ­isés par l’Organisation Inter­na­tionale pour les Migra­tions, sont peu impor­tants et n’ont repris qu’à l’automne 2021. Le nom­bre de migrants en Libye étant éval­ué à 670 000 par l’ONU, le busi­ness des O.N.G. et des passeurs a un avenir assuré, avec l’assentiment de la com­mis­sion européenne, obnu­bilée par le peu­ple­ment de l’Europe, fusse au prix de la dis­so­lu­tion de son identité.

Le business des passeurs

L’organisation de ces tra­ver­sées ali­mente toute une économie crim­inelle à la prospérité gran­dis­sante. En 2018, nous soulignions dans un silence médi­a­tique assour­dis­sant que le média anglo­phone The Inves­tiga­tive jour­nal, qui a depuis cessé son activ­ité, avait mis en évi­dence le finance­ment de groupes ter­ror­istes islamiques en Afrique du nord par la traite de migrants.

Les méfaits des passeurs ne s’arrêtent pas là : l’antenne libyenne de l’Organisation Inter­na­tionale pour les Migra­tions donne sur son compte Twit­ter de nom­breux exem­ples du rack­et que subis­sent les migrants par les passeurs qu’ils ont payé pour tra­vers­er clan­des­tine­ment la mer méditerranée :

Mariem témoigne qu’elle ne pou­vait pas retrou­ver sa lib­erté tant qu’elle n’avait pas fini de pay­er sa dette, une dette qu’elle a mis 1 an et 3 mois à rembourser.

Yussef, un jeune Malien, témoigne qu’après avoir payé un passeur une fois arrivé en Libye, il a dû tra­vailler pour le pay­er. « Le peu d’argent que je gag­nais, je devais le don­ner ». On pour­rait mul­ti­pli­er les exemples.

Et l’on ne peut pas dire que l’on ne savait pas que l’immigration clan­des­tine allait redou­bler avec le rétab­lisse­ment des tra­ver­sées clan­des­tines en mer méditer­ranée et le retour des bateaux des O.N.G, après une courte accalmie. En mai 2021, ce regain prévis­i­ble d’activité était souligné notam­ment par l’Office des Nations unies con­tre la drogue et le crime et l’Agence européenne de police crim­inelle Europol, comme le men­tionne un arti­cle du site Polémia paru à l’époque.

Le Monde publie une tribune élogieuse pour les passeurs

C’est dans ce con­texte que Le Monde a pub­lié le 27 décem­bre 2021 une tri­bune co-signée par Marie Cos­nay et Raphaël Krafft. « Le passeur est le symp­tôme de la fer­me­ture des fron­tières, en aucun cas la cause des mou­ve­ments migra­toires » : tel est le titre du papi­er co-écrit par nos deux compères.

Dès le sous-titre de l’article, le lecteur est aver­ti : « Au cliché du passeur véreux prof­i­tant de la mis­ère des gens, (les auteurs) opposent, dans une tri­bune au « Monde », l’éloge de fig­ures héroïques capa­bles de néces­saires trans­gres­sions et de pro­fes­sion­nels indis­pens­ables exerçant un méti­er dan­gereux ».

Et le reste est à l’avenant. Tout l’article est con­stru­it pour amen­er le lecteur à éprou­ver de l’empathie vis-à-vis des trafi­quants d’êtres humains. Le « jour­nal de référence » devient par petites touch­es le jour­nal de déférence au big Oth­er, cette idéolo­gie à laque­lle il faut impéra­tive­ment souscrire pour se voir ouvrir la tri­bune de grands médias, quand bien même il s’agit d’un busi­ness cynique qui dupe les migrants et qui aboutit à une immi­gra­tion incon­trôlée majori­taire­ment refusée par la pop­u­la­tion des pays d’accueil.

Qui est Raphaël Kraftt ? Une rapi­de recherche sur inter­net nous apprend qu’il serait un « grand reporter », un voca­ble util­isé pour désign­er quelqu’un qui va par­fois sur le ter­rain. Ses col­lab­o­ra­tions avec la radio d’État France Cul­ture témoignent de l’engagement de Raphael Krafft en faveur des migrants, un terme pudique fréquem­ment employé pour par­ler des clan­des­tins. Le point com­mun de ses dif­férents travaux pour France Cul­ture : présen­ter les migrants et l’immigration pos­i­tive­ment, au tra­vers de por­traits indi­vidu­els. Une tech­nique ardem­ment pro­mue par l’Union européenne, comme nous le soulignions en 2017.

Le mil­i­tan­tisme de Marie Cos­na en faveur de l’immigration clan­des­tine est tout aus­si revendiqué, comme nous l’apprend notam­ment un arti­cle de Sud-Ouest en novem­bre 2021. La tech­nique est la même : « Marie Cosan racon­te les vies en tran­sit des exilés et une géo­gra­phie de mal­heurs ». Séquence lacry­male assurée pour les lecteurs.

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