Rediffusion estivale. Première diffusion le 10 janvier 2022
Nous publions aujourd’hui un article en deux parties, consacré à l’immigration clandestine en mer Méditerranée. La première partie évoque une tribune assez incroyable parue dans le journal Le Monde, faisant l’apologie des passeurs. La deuxième partie de l’article présente par contraste une enquête du journal suisse Sonntagszeitung consacrée aux suspicions de collusions entre O.N.G. et passeurs.
Explosion du nombre de traversées clandestines en 2021
Explosion : le terme n’est pas trop fort pour qualifier l’évolution du nombre des arrivées de clandestins par la mer méditerranée en Italie. En effet, selon le Haut-Commissariat aux Réfugiés de l’ONU, ce nombre est passé de 34 150 en 2020 à 66 770 en 2021.
En Espagne, le nombre d’arrivées clandestines par la mer progresse également et atteint 42 000. Avec les 4 100 arrivées en Grèce, le nombre total de clandestins arrivés en Europe par la mer méditerranée en 2021 atteint 112 870 ! Et encore ne s’agit-il que des arrivées clandestines recensées…
L’ampleur de ces flux migratoires montre que ceux-ci sont non seulement tolérés mais aussi organisés par les pays d’Europe de l’Ouest. En effet, comme le souligne un article du site Strategika, les bateaux des O.N.G. qui croisent en méditerranée sous le pavillon d’un pays européen sont nombreux. Plutôt que d’organiser le rapatriement des clandestins arrivés sur le continent européen, l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration annonce avec une fierté non dissimulée avoir procédé en 2021 à 17 opérations de relocalisation de migrants en France à partir d’Italie, de Malte et de Grèce.
Par comparaison, les rapatriements volontaires des clandestins présents en Libye dans leur pays, organisés par l’Organisation Internationale pour les Migrations, sont peu importants et n’ont repris qu’à l’automne 2021. Le nombre de migrants en Libye étant évalué à 670 000 par l’ONU, le business des O.N.G. et des passeurs a un avenir assuré, avec l’assentiment de la commission européenne, obnubilée par le peuplement de l’Europe, fusse au prix de la dissolution de son identité.
Le business des passeurs
L’organisation de ces traversées alimente toute une économie criminelle à la prospérité grandissante. En 2018, nous soulignions dans un silence médiatique assourdissant que le média anglophone The Investigative journal, qui a depuis cessé son activité, avait mis en évidence le financement de groupes terroristes islamiques en Afrique du nord par la traite de migrants.
Les méfaits des passeurs ne s’arrêtent pas là : l’antenne libyenne de l’Organisation Internationale pour les Migrations donne sur son compte Twitter de nombreux exemples du racket que subissent les migrants par les passeurs qu’ils ont payé pour traverser clandestinement la mer méditerranée :
Mariem témoigne qu’elle ne pouvait pas retrouver sa liberté tant qu’elle n’avait pas fini de payer sa dette, une dette qu’elle a mis 1 an et 3 mois à rembourser.
Yussef, un jeune Malien, témoigne qu’après avoir payé un passeur une fois arrivé en Libye, il a dû travailler pour le payer. « Le peu d’argent que je gagnais, je devais le donner ». On pourrait multiplier les exemples.
Et l’on ne peut pas dire que l’on ne savait pas que l’immigration clandestine allait redoubler avec le rétablissement des traversées clandestines en mer méditerranée et le retour des bateaux des O.N.G, après une courte accalmie. En mai 2021, ce regain prévisible d’activité était souligné notamment par l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime et l’Agence européenne de police criminelle Europol, comme le mentionne un article du site Polémia paru à l’époque.
Le Monde publie une tribune élogieuse pour les passeurs
C’est dans ce contexte que Le Monde a publié le 27 décembre 2021 une tribune co-signée par Marie Cosnay et Raphaël Krafft. « Le passeur est le symptôme de la fermeture des frontières, en aucun cas la cause des mouvements migratoires » : tel est le titre du papier co-écrit par nos deux compères.
Dès le sous-titre de l’article, le lecteur est averti : « Au cliché du passeur véreux profitant de la misère des gens, (les auteurs) opposent, dans une tribune au « Monde », l’éloge de figures héroïques capables de nécessaires transgressions et de professionnels indispensables exerçant un métier dangereux ».
Et le reste est à l’avenant. Tout l’article est construit pour amener le lecteur à éprouver de l’empathie vis-à-vis des trafiquants d’êtres humains. Le « journal de référence » devient par petites touches le journal de déférence au big Other, cette idéologie à laquelle il faut impérativement souscrire pour se voir ouvrir la tribune de grands médias, quand bien même il s’agit d’un business cynique qui dupe les migrants et qui aboutit à une immigration incontrôlée majoritairement refusée par la population des pays d’accueil.
Qui est Raphaël Kraftt ? Une rapide recherche sur internet nous apprend qu’il serait un « grand reporter », un vocable utilisé pour désigner quelqu’un qui va parfois sur le terrain. Ses collaborations avec la radio d’État France Culture témoignent de l’engagement de Raphael Krafft en faveur des migrants, un terme pudique fréquemment employé pour parler des clandestins. Le point commun de ses différents travaux pour France Culture : présenter les migrants et l’immigration positivement, au travers de portraits individuels. Une technique ardemment promue par l’Union européenne, comme nous le soulignions en 2017.
Le militantisme de Marie Cosna en faveur de l’immigration clandestine est tout aussi revendiqué, comme nous l’apprend notamment un article de Sud-Ouest en novembre 2021. La technique est la même : « Marie Cosan raconte les vies en transit des exilés et une géographie de malheurs ». Séquence lacrymale assurée pour les lecteurs.