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Immigrés à Sérent : le Ploërmelais publie un photomontage sans prévenir ses lecteurs

25 octobre 2015

Temps de lecture : 3 minutes
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Immigrés à Sérent : le Ploërmelais publie un photomontage sans prévenir ses lecteurs

Temps de lecture : 3 minutes

C’est bien connu : la peur fait vendre. Surtout s’il s’agit d’un projet capable de bouleverser un bourg de 3000 habitants perdu dans la campagne bretonne entre Vannes et Ploërmel. À Sérent, le maire divers gauche voulait transformer l’ancienne maison de retraite en centre d’accueil pour 15 familles de migrants, géré par l’association spécialisée Coallia qui portait le projet. Ce qui a rapidement – la campagne des régionales aidant – révolutionné ce bourg breton, la majorité des habitants étant contre.

Immigrés à Sérent : le Ploërmelais publie un photomontage sans prévenir ses lecteurs

Immi­grés à Sérent : le Ploërme­lais pub­lie un pho­tomon­tage sans prévenir ses lecteurs

Le maire ne s’é­tait du reste pas sim­pli­fié la vie, puisqu’il n’en avait pas dis­cuté au préal­able avec ses conci­toyens, et, la polémique prenant de l’am­pleur, s’é­tait rai­di dans sa volon­té de leur impos­er son pro­jet. Ce fut finale­ment la Pré­fec­ture du Mor­bi­han qui l’en­ter­ra pour des raisons offi­cielles de bon sens : l’éloigne­ment du vil­lage et l’é­tat du bâti­ment qui néces­site des travaux.

En atten­dant, le jour­nal papi­er du coin est tombé dans le piège du sen­sa­tion­nal­isme. Pensez, à Sérent c’é­tait l’événe­ment du siè­cle ! La ten­ta­tion était trop forte et l’heb­do­madaire local suc­com­ba, pub­liant en Une la pho­to d’une famille de réfugiés devant l’an­ci­enne mai­son de retraite qui devait accueil­lir ce cen­tre d’ac­cueil. Dou­ble prob­lème, comme le sig­nale dans un com­mu­niqué le syn­di­cat nation­al des jour­nal­istes : la pho­to est un « pho­tomon­tage com­bi­nant une image de l’ancien foy­er-loge­ment avec celle de qua­tre réfugiés pho­tographiés en Autriche en sep­tem­bre dernier ». Et le lecteur n’est pas prévenu : le cliché est juste crédité à l’a­gence EPA. Il n’y a aucune indi­ca­tion qu’il a été bricolé.

L’oc­ca­sion pour le syn­di­cat pro­fes­sion­nel d’es­timer qu’« avec de tels procédés, Le Ploërme­lais tire une balle dans le pied de la pro­fes­sion » et de ressor­tir sa charte – du reste bien peu appliquée dans les médias français – où il est écrit noir sur blanc que « le jour­nal­iste (…) tient l’accusation sans preuve, l’intention de nuire, l’altération des doc­u­ments, la défor­ma­tion des faits, le détourne­ment d’images, le men­songe, la manip­u­la­tion, la cen­sure et l’autocensure, la non véri­fi­ca­tion des faits, pour les plus graves dérives pro­fes­sion­nelles ».

Le lecteur bre­ton s’é­ton­nera pour une autre rai­son. Le Ploërme­lais, dont la dif­fu­sion France Payée, en baisse con­tin­ue, est de 4889 exem­plaires en moyenne de juil­let 2014 à juin 2015, appar­tient à Pub­li­heb­dos, qui est lui-même fil­iale de SIPA-Ouest-France. Or le navire ami­ral de ce dernier – Ouest-France – et les quo­ti­di­ens qui en dépen­dent, par exem­ple Presse Océan dans la région nan­taise – ne cessent de mon­tr­er aux bre­tons l’ar­rivée prochaine des migrants sous le jour le plus favor­able, et cou­vrent avec beau­coup de bien­veil­lance les efforts de divers­es col­lec­tiv­ités locales pour les accueil­lir. Et c’est encore Ouest-France qui avait traité de « racistes » les man­i­fes­tants réu­nis à Brest pour réclamer la fer­me­ture d’une mosquée salafiste…

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