C’est une offre de vidéos en ligne par abonnements dont les contenus doivent apprendre à ses spectateurs à « surmonter le sexisme, le racisme, l’homophobie ou encore les préjugés liés aux handicaps ou aux apparences » : Inclusiv.tv, dont le sous-titre est « Tout est une question de regard », a été lancée mardi 30 mai 2023 par l’ancien ministre Najat Vallaud-Belkacem. Une plateforme qui coûtera à ses abonnés la somme de 5,99 euros par mois, somme à peu près égale à celui demandé par les plateformes américaines dont celle qui préside désormais France terre d’asile ne rougit pas : « Ce n’est pas du tout le même geste que celui de s’abonner à Netflix, c’est un geste engagé ».
Une plateforme (sur)politiquement correcte
Au programme de cette nouvelle offre : cinquante heures de programmes, allant du court-métrage au reportage jusqu’au documentaire, répartis entre cinq catégories.
Dans la catégorie « apparences », on retrouve par exemple la question du « Corps des femmes », documentaire dont le résumé ne fait guère rêver pour son originalité – « Au Mans, dans le cabinet de gynécologie de Céline, les patientes se saisissent de l’écoute qui leur est donnée et des mots de leur médecin. Nous les suivons au plus proche leur intimité, loin des clichés sexuels et de genres dans lesquels notre monde les enferme. » Sans surprise, y apparaît également la question de la « grossophobie ».
Le volet « déracinés » ne laisse pas plus de place à la surprise, abritant des plaidoyers en faveur des droits des étrangers à l’image du programme Rétention, qui raconte l’histoire de Mathilde, dans un « Centre de Rétention en France. [Celle-ci] bataille chaque jour pour défendre les droits d’étrangers qui y sont enfermés, explique le synopsis. Arrive Yuri, ukrainien sans papiers. Commence alors une course contre la montre pour Mathilde, qui va tenter d’empêcher son expulsion. »
La catégorie « unique en mon genre » est peut-être la plus satisfaisante en matière de politiquement correct, dénonçant « la haine » dont ferait l’objet les « homos » ou promouvant « l’homoparentalité ».
Viennent ensuite des catégories fourre-tout aux titres mièvres (« ensemble » et « pas là où on m’attend ») avec des contenus (très attendus) notamment relatifs aux « harcèlement sexuel, un mâle sournois » (sic) ou à ces « petits machos […] de retour » ou au calvaire supposé des parcours de naturalisation française.
Souvent recyclées, les vidéos déjà passées – pour certaines – par France Télévisions ou sur la télévision suisse n’ont pas même le mérite d’être un contenu né de cette plateforme.
Derrière Inclusiv.tv : anciens du ministère et acteurs « engagés »
Derrière la création de Inclusiv.tv, Maxime Ruszniewski est l’ancien conseiller au ministère des droits des femmes de Najat Vallaud-Belkacem. Celui qui est désigné comme un « entrepreneur féministe », qui assure qu’il est « né homme donc [qu’il est] privilégié », a monté la start-up Remixt, « La solution #1 en Diversité & Inclusion », qui vise à mener des formations en « prévention de l’homophobie […], sexisme, […] violences sexistes et sexuelles, […] du racisme […] de la grossophobie » mais aussi sur la « sobriété carbone » ou la compréhension du handicap.
Antoine Robin, le directeur de la publication du site, est quant à lui le co-fondateur de Bien Média, qui abrite d’autres plateformes de streaming : c’est le cas d’Au nom de la terre, une chaîne de télévision « engagée de l’agriculture, du mieux manger et de l’écologie » et de la plateforme de documentaires indépendante Spicee.
Un outil de promotion personnelle ?
Comme le soulignait l’article de Marianne « On a testé Inclusiv.tv », le catalogue particulièrement limité (50 heures, 52 vidéos), le caractère très divers des vidéos présenté tout comme la nature particulièrement éloignée de certains contenus par rapport à l’inclusivité soulèvent la question de l’usage de cette notion à des fins marketing. Mieux encore : les icônes de Facebook, Twitter, Instagram et LinkedIn présentes au bas du site de Inclusiv.tv, qui renvoient directement aux profils personnels de Najat Vallaud-Belkacem sur ces réseaux sociaux, ne disent-elles pas toute l’ambition auto-promotionnelle de cet instrument au service de l’ancien ministre ?