Créé en 1937 au sein de l’Université de Paris, l’Institut Français de Presse (IFP) est le plus ancien centre universitaire français d’étude des médias. Après une interruption durant la guerre, l’institution renaîtra en 1945, sous la forme du Centre d’Étude Scientifique de la Presse, qui prendra, à partir de 1951, le nom d’Institut Français de Presse. D’abord centre de recherche pluridisciplinaire et de documentation, c’est à partir de 1961 que l’Institut Français de Presse, logé à l’Institut d’études politiques (IEP), devient une véritable « école », avec la création du diplôme de l’IFP.
Rattaché à Paris II
En 1969, l’IFP est rattaché de plein droit à l’Université Paris II et propose, en plus du DESS de Journalisme, un DESS Communication et Multimédia ainsi que deux DEA, l’un consacré aux Médias et Multimédia, l’autre aux Audiences, Réception et Usages des Médias et du Multimédia.
Depuis le 1er janvier 2022, l’Institut Français de Presse (IFP) est une composante de Paris-Panthéon-Assas université ainsi que le département en sciences de l’information et de la communication de l’université Paris-Panthéon-Assas et délivre des diplômes nationaux de 1er, 2e et 3e (de la licence au doctorat). L’IFP accueille environ 500 étudiants chaque année.
Un enseignement tourné vers l’international
Sous l’impulsion de deux de ses fondateurs, Fernand Terrou et Jacques Kayser (neveu par alliance d’Alfred Dreyfus, membre du parti radical et de la Ligue des droits de l’homme, ancien résistant) l’établissement s’inscrit dans une démarche largement ouverte sur l’international et développe dans un premier temps des relations privilégiées avec l’Institute for Communication Research de la prestigieuse Université Stanford aux États-Unis.
Dans les années soixante-dix, l’IFP, en association avec le CFPJ et le ministère de la Coopération, a également participé à la création de deux grandes écoles de journalisme à Yaoundé et à Dakar. L’institut a aussi mis en place des collaborations avec l’Institut de Presse et des Sciences de l’Information de Tunis, l’Institut Supérieur de Journalisme de l’Université de Rabat, la Faculté de Communications de masse de l’Université du Caire, l’Université Libanaise de Beyrouth, et la Faculté de journalisme de l’Université de Moscou.
Par ailleurs, chaque année, une dizaine de professeurs et intervenants étrangers assurent un à deux mois de conférence auprès des étudiants de l’IFP. Parmi ceux-ci, on peut citer Marc Lits de l’Université catholique de Louvain (Belgique), Kent Wilkinson de l’Université du Texas (États-Unis), ou David A. Welch de l’Université du Kent à Canterbury (RU).
Des formations et des collaborations conformes à la doxa dominante
Du côté des enseignements, rien qui tranche véritablement avec les autres institutions du même type. On y retrouve tous les conformismes du temps qui assurent une bonne « intégration professionnelle » dans le monde de l’entre-soi qu’est le journalisme contemporain. Une production d’eau tiède parfaitement adaptée aux exigences actuelles de réussite comme en témoignent les parcours de ses plus fameux anciens élèves, tels que Jean-Pierre Elkabbach, François Baroin, Étienne Mougeotte, Thomas Sotto, Alix Girod de l’Ain, Étienne Carbonnier, David Castello-Lopes ou Éric Brunet. Seule incongruité dans ce panorama parfaitement bien-pensant, la présence de Jean Montaldo, journaliste d’investigation, figure de proue des grandes heures de l’hebdomadaire Minute qui fit cauchemarder les caciques de la mitterrandie dont il mit en lumière l’extrême corruption.
Un peu moins à gauche que les autres
Du coté des partenariats et des soutiens de l’Institut, là non plus, rien de très original, entre banques, assurances, « gros » médias, et institutions publiques (Air France Industries, Allianz banque, Aréva, ARTE, Axa, Cabinet du député-maire de la mairie du 11ème arrondissement, CANAL+, Crédit Agricole SA, EDF, Editions Casterman, France Télévisions, Hachette Livre, Lagardère, La Tribune, L’Étudiant, Le Monde, M6, Publicis Groupe, etc) qui n’ont d’évidence pas vocation à promouvoir et financer une pépinière d’esprits rebelles et contestataires avides et impatients de remettre en cause les dogmes du temps.
Le nombre important d’étudiants dans chaque promotion fait néanmoins que l’endogamie idéologique y est sensiblement moins prégnante que dans d’autres établissements, comme en témoigne Édouard, élève au milieu des années 2010. « Si l’ambiance était globalement « à gauche », ou, disons, « libérale-libertaire », j’y ai néanmoins rencontré des condisciples qui étaient, comme moi, plutôt conservateurs… Certes, nous faisions le plus souvent « profil bas », mais nous n’avons jamais non plus été pointés du doigt. Franchement, je n’ai jamais ressenti de véritable “pression politique”… ». C’est déjà ça. Même si on peut espérer mieux…