Après un premier temps d’inquiétude au sein des médias, en particulier du fait du chatbot chatGPT, il semble que le développement de l’Intelligence Artificielle (IA) commence à séduire. Au moins chez Radio France. Et cela dans un contexte où la société mère de chatGPT, OpenIA, serait à la veille d’une potentielle valorisation boursière extraordinaire.
Radio France voit « une grande alliée » en l’intelligence artificielle
Mi-septembre se tenait à Göteborg, en Suède, la 13e conférence mondiale sur le journalisme d’investigation (GIJN). Le 30 septembre 2023 sur France Culture, l’émission de Mattéo Caranta « Récits d’enquête » en rendait compte sous le titre « L’IA primée à la Conférence mondiale sur le journalisme d’investigation ».
Mattéo Caranta rappelle d’abord que l’Intelligence Artificielle (IA) « inquiète autant qu’elle fascine » et ne peut s’empêcher d’employer une expression qui politise immédiatement sa chronique : « plusieurs études concluent à la disparition inexorable, au “grand remplacement” de centaines de milliers d’emplois dans les années à venir ». Faut-il donc en avoir peur à ce point semble dire le journaliste ? Ce serait une erreur car l’Intelligence Artificielle (IA) « impacte aussi le journalisme d’investigation ». Positivement, ainsi que le montre le titre de la chronique.
Une enquête conduite avec l’IA
Pourquoi ? « L’IA » serait « une alliée plus qu’une remplaçante ». Le GIJN de Göteborg, rassemblant plus de 2000 journalistes, en provenance de plus de 130 pays, lieu d’échange sur tout ce qui concerne le journalisme d’investigation actuel ne pouvait pas éviter un sujet tel que l’Intelligence Artificielle (IA). Or, parmi les enquêtes primées, l’une a fortement utilisé l’Intelligence Artificielle (IA). Il s’agit de « Couloir furtif, un projet en six volets », enquête conduite de concert par El Pais (Espagne), une ONG norvégienne spécialisée dans l’Intelligence Artificielle (IA) et un média vénézuélien, armando.info. Ce que révèle l’enquête ? Un réseau illégal d’exploitation de mines au Vénézuéla.
Une enquête immense, ainsi que l’indique le chroniqueur : « L’idée est de comprendre l’évolution du phénomène minier au nord de l’Amazonie, cartographier les mines d’or illégales dans un pays grand comme deux fois l’Allemagne, d’identifier les réseaux criminels et les guérillas qui se cachent derrière, de retracer les chemins terrestres et aériens qu’empruntent l’or et la drogue qui circule du Vénézuéla vers ses pays voisins et le reste du monde (…) pour vous donner l’enjeu, ici, il s’agit de répertorier des pistes d’avions d’une centaine de mètres, cachées au coeur de la forêt amazonienne, dans un territoire de 418 000 kilomètres carrés, c’est de l’ordre de l’impossible ».
Sauf… en utilisant l’Intelligence Artificielle (IA), ce qui a été fait dans le cadre de cette enquête. Alors, l’Intelligence Artificielle (IA) ? Utile ou nuisible pour les médias ? À en croire cette chronique, elle serait plutôt utile, à condition de la considérer comme une alliée et de ne pas craindre de se faire grand-remplacer.
Nicolas Demorand mi-figue mi-raisin
Sur France Inter, dans sa chronique du 18 octobre 2023, Nicolas Demorand s’interroge : « Comment chatGPT peut-il nous informer ? ». Le journaliste semble ne plus savoir que penser : l’Intelligence Artificielle (IA), alliée ou ennemie du journalisme ? Introduction : « Avec la possibilité de créer de fausses images plus vraies que nature, c’est plutôt la peur de la désinformation à grande échelle qui a accompagné la démocratisation des outils d’intelligence artificielle. Mais peuvent-ils nous aider à nous informer et si oui, de quelle manière ? ».
Outre la surprenante première phase qui sous-entend un lien entre désinformation et démocratisation, le ton a changé sur France Inter, comme dans plus en plus de médias : l’Intelligence Artificielle (IA) deviendrait-elle une aide ? Le discours catastrophiste des débuts de chatGPT disparaît ?
Pas entièrement. Nicolas Demorand revient, dans cette chronique du 18 octobre 2023, sur une expérience menée par l’institut Reuters, « à la pointe de la réflexion sur le journalisme ». Son objet ? Voir comment la plus récente et payante version de chatGPT informe.
Voir aussi : Nicolas Demorand, portrait
Résultats ? ChatGPT est lent, il a l’esprit de synthèse sur un dossier contenant de nombreuses informations mais peine si on lui en demande plus. Et il radote. Concernant des sujets sensibles, comme les procédures contre Donald Trump ou le conflit entre Israël et Palestine, selon Demorand, le robot fournit bien des réponses avec des sources diversifiées mais il est prudent, appelant à la vigilance, indiquant que tout dépend des opinions politiques de chacun. Par contre, chatGPT écrit sans souci un éditorial « pro Trump, pro Israël ou pro Hamas ».
Finalement, Nicolas Demorand ne nous apprend pas grand-chose que nous ne sachions déjà, recyclant des informations déjà anciennes, comme les sujets sensibles, à l’image de Reuters. Cependant, le journaliste n’est plus aussi réticent qu’autrefois malgré une chronique en forme de critique. Sa conclusion ? « On n’est qu’au tout début de l’aventure ». Et sur ce point, il a peut-être raison, comme le montre la valorisation en cours de la société mère de chatGPT, OpenAI. Le contexte mondial paraît très favorable au développement de l’Intelligence Artificielle (IA).
OpenAI à l’orée d’une incroyable valorisation
D’après La Tribune du 27 septembre 2023, « OpenAI, la startup californienne qui a créé chatGPT, envisage de vendre des actions, une opération qui la valoriserait à 80 milliards de dollars, voire 90 milliards, selon le Wall Street Journal, soit trois fois plus qu’il y a un an au moment du lancement de cette interface d’intelligence artificielle (IA) générative qui a séduit des millions de gens ».
Un an après seulement… Il faut dire que l’entreprise a annoncé qu’elle tablait sur un milliard de chiffre d’affaire en 2023, plusieurs milliards en 2024. Il n’est donc pas étonnant qu’un frémissement de changement de regard sur sa capacité à informer commence à apparaître dans les médias. La méthode ? OpenAI compterait autoriser ses employés à vendre leurs actions. La cause ? La capacité des outils d’Intelligence Artificielle (IA) et de chatGPT de produire de l’écrit, du son, du code et des images sur une simple requête générerait un engouement mondial et une telle valorisation.
Difficile de ne pas imaginer que tous ces outils vont peu à peu s’installer dans les médias traditionnels et, sans doute, en remplacer certains pans. À suivre…
Voir aussi : Comment l’intelligence artificielle pourrait transformer les médias