Nous évoquions dernièrement le chantage supposé exercé par deux journalistes à l’encontre du roi du Maroc. Dans un entretien accordé au Parisien après sa mise en examen, la journaliste Catherine Graciet, collaboratrice d’Éric Laurent dans cette affaire, assure être « tombée dans un piège ».
Affirmant n’avoir « jamais voulu faire chanter qui que ce soit », cette dernière explique que c’est bien le palais royal qui aurait proposé de l’argent pour empêcher la parution du livre à charge, créant de ce fait une tentation certaine. Selon elle, à son retour de vacances, son confrère Éric Laurent lui a appris que l’avocat de Mohammed VI lui avait « proposé 3 millions d’euros contre la non-parution du livre ».
Lors d’un second rendez-vous, l’avocat aurait maintenu sa proposition. C’est à l’issue du troisième et dernier rendez-vous que Mme Graciet a été interpellée en compagnie d’Éric Laurent pour tentative de chantage et d’extorsion de fonds.
D’après ses dires, c’est pourtant tout l’inverse qui est arrivé : l’avocat du roi leur a remis 40 000 euros d’avance à chacun après avoir fixé son offre à 2 millions d’euros. Une somme qu’elle a accepté. « J’ai eu un accès de faiblesse… C’est humain, non ? », avance-t-elle avant de regretter : « On ne m’a même pas laissé la chance de regretter, de voir ce que j’allais faire après. Mais je me suis fait la promesse que notre livre sortira. »
De son côté, Éric Laurent a également assure également avoir été « piégé ». Dans Le Monde, ce dernier confie avoir succombé à la tentation par « peur » des retombées de cette enquête. « On se disait quelles seront les conséquences ? La proposition que l’on m’a faite me paraissait être un compromis (…) Déstabiliser un régime à travers un ouvrage dans un contexte géopolitique très particulier, cela ne me paraissait pas une bonne idée. Mon interlocuteur est arrivé au bon moment. Il a su exploiter cela. Puis il m’a piégé. Vous pouvez ne pas le croire, mais c’est lui qui m’a piégé », conclut-il.