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Intersexualité dans les programmes pour enfants, le service public persiste et signe

5 mars 2025

Temps de lecture : 4 minutes
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Intersexualité dans les programmes pour enfants, le service public persiste et signe

Temps de lecture : 4 minutes

Les lectures pour enfants, voire pour bébés, avec des drag-queens ne sont pas les seuls lieux à éviter.

Il faut aussi parfois les éloigner de la télévision, et des programmes pourtant affichés enfantins.

Intersexualité : quand les enfants découvrent les « muxe »

Les dessins ani­més d’aujourd’hui promeu­vent par­fois des mes­sages peu en accord avec ce que les par­ents veu­lent enseign­er à leurs enfants. Or, les pièges ne se trou­vent pas unique­ment dans des séries spé­cial­isées comme « Sex­otrucs » qui, d’une cer­taine manière, annon­cent la couleur dès le début. D’autres pro­grammes glis­sent des allu­sions plus sub­tiles, ou plus rares, donc plus dif­fi­ciles à éviter.

C’est le cas des aven­tures de Zoé et Milo, un dessin ani­mé pour les enfants de 6 à 8 ans. Zoé et Milo voy­a­gent à tra­vers le monde, guidés par Alim, un ham­ster. Dans l’épisode sur le Mex­ique, Zoé et Milo se dis­putent en prévi­sion d’une fête cos­tumée. Zoé pro­pose à Milo un déguise­ment de princesse, et il n’en veut pas parce qu’il s’agit d’un déguise­ment de fille. « Pas for­cé­ment », dit Alim. Et comme Zoé lui fait remar­quer que ce n’est pas un déguise­ment de garçon, il demande : « vous croyez qu’il n’y a que des filles et des garçons dans ce monde ? » C’est par­ti pour le Mex­ique, où les enfants ren­con­trent une « muxe ». « Je suis né garçon, je me suis tou­jours sen­ti fille, alors on m’a élevé comme une fille. Je suis une muxe ». Milo se retrou­ve par­tic­i­pant du défilé de la plus belle muxe, et il gardera le cos­tume don­né pour l’occasion, insin­u­ant qu’il est lui-même une fille.

Autres cas de lutte des sexes dans un dessin animé pour enfant

Il ne s’agit pas là d’un cas isolé. Lorsque Zoé se plaint de devoir garder sa petite sœur, ce qui la fait man­quer son match de foot, et qu’Alim pro­pose que Milo garde l’enfant, ce dernier objecte que « c’est plutôt un truc pour filles, ou un truc de Maman ». Les enfants décou­vrent en Cen­trafrique que les hommes s’occupent des enfants et que les filles vont à la pêche. En Bir­manie, ils appren­dront que les garçons por­tent par­fois des jupes, en Grèce, qu’ils peu­vent pleur­er, en Thaï­lande, qu’ils peu­vent porter du rose. Bref, Zoé et Milo appren­nent que les dif­férences entre les hommes et les femmes ne sont pas les mêmes d’une cul­ture à l’autre. D’ailleurs, lorsqu’un voy­age porte sur une dif­férence entre les sex­es, l’objectif est tou­jours de mon­tr­er qu’une action n’est pas réservée aux filles, et que les garçons peu­vent égale­ment la pra­ti­quer, jamais l’inverse. Une ouver­ture cul­turelle bien loin d’être innocente.

Voir aus­si : Prési­dent “woke”, guerre con­tre Bol­loré… Cinq choses à savoir sur l’ARCOM

Différences sexuelles : et si on laissait les enfants tranquilles ?

Au demeu­rant, la série des aven­tures de Zoé et Milo est plutôt diver­tis­sante. Les dessins sont agréables, les épisodes courts et les per­son­nages attachants. Le principe, qui con­siste à décou­vrir les dif­férences cul­turelles avec de nom­breux voy­ages autour du monde, est sym­pa­thique et rap­pelle les héros de La Cabane mag­ique, qui voy­a­gent à tra­vers le temps. Zoé et Milo vont aus­si appren­dre qu’il existe des pays où l’on écrit de droite à gauche, où les noms de famille sont déclinés en fonc­tion du sexe, où les prénoms sont don­nés selon la place dans la famille… Les dif­férences cul­turelles sont légion et don­nent matière à de nom­breux épisodes et de nom­breux voyages.

Les dif­férences entre les sex­es elles-mêmes peu­vent être sujettes à débat sans qu’il soit for­cé­ment néces­saire de le point­er. Même si on leur explique que s’occuper d’enfants n’est pas que pour les filles, il est prob­a­ble que peu de garçons soient intéressés par cette activ­ité. Par ailleurs, de nom­breux par­ents inci­tent tous leurs enfants, garçons comme filles, à économiser leurs larmes.

Enfin, quand on se penche sur la ques­tion des « muxe », l’usage de cet exem­ple par le ser­vice pub­lic pour décon­stru­ire les clichés prête à rire. Les mux­es représen­tent env­i­ron 6% des hommes de la com­mu­nauté Zapotèque, au Mex­ique, et le phénomène existe dès l’enfance. Dans une famille sans filles, le dernier garçon est par­fois appelé à être une « muxe » pour… veiller sur ses par­ents. Il accom­pa­g­n­era donc sa mère au marché et appren­dra la broderie. Le phénomène a peu à voir avec l’idée de la trans­sex­u­al­ité que le wok­isme promeut.

Les aven­tures de Zoé et Milo avaient tout pour plaire aux enfants et aux par­ents. Il est bien dom­mage que le ser­vice pub­lic ait décidé d’inclure dans cette série un épisode sur la trans­sex­u­al­ité. Le phénomène LGBT prend aujourd’hui telle­ment de place dans le monde de la cul­ture qu’il est devenu dif­fi­cile de se fier à un pro­gramme, quel qu’il soit.

Adélaïde Motte

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