Les lectures pour enfants, voire pour bébés, avec des drag-queens ne sont pas les seuls lieux à éviter.
Il faut aussi parfois les éloigner de la télévision, et des programmes pourtant affichés enfantins.
Intersexualité : quand les enfants découvrent les « muxe »
Les dessins animés d’aujourd’hui promeuvent parfois des messages peu en accord avec ce que les parents veulent enseigner à leurs enfants. Or, les pièges ne se trouvent pas uniquement dans des séries spécialisées comme « Sexotrucs » qui, d’une certaine manière, annoncent la couleur dès le début. D’autres programmes glissent des allusions plus subtiles, ou plus rares, donc plus difficiles à éviter.
C’est le cas des aventures de Zoé et Milo, un dessin animé pour les enfants de 6 à 8 ans. Zoé et Milo voyagent à travers le monde, guidés par Alim, un hamster. Dans l’épisode sur le Mexique, Zoé et Milo se disputent en prévision d’une fête costumée. Zoé propose à Milo un déguisement de princesse, et il n’en veut pas parce qu’il s’agit d’un déguisement de fille. « Pas forcément », dit Alim. Et comme Zoé lui fait remarquer que ce n’est pas un déguisement de garçon, il demande : « vous croyez qu’il n’y a que des filles et des garçons dans ce monde ? » C’est parti pour le Mexique, où les enfants rencontrent une « muxe ». « Je suis né garçon, je me suis toujours senti fille, alors on m’a élevé comme une fille. Je suis une muxe ». Milo se retrouve participant du défilé de la plus belle muxe, et il gardera le costume donné pour l’occasion, insinuant qu’il est lui-même une fille.
Autres cas de lutte des sexes dans un dessin animé pour enfant
Il ne s’agit pas là d’un cas isolé. Lorsque Zoé se plaint de devoir garder sa petite sœur, ce qui la fait manquer son match de foot, et qu’Alim propose que Milo garde l’enfant, ce dernier objecte que « c’est plutôt un truc pour filles, ou un truc de Maman ». Les enfants découvrent en Centrafrique que les hommes s’occupent des enfants et que les filles vont à la pêche. En Birmanie, ils apprendront que les garçons portent parfois des jupes, en Grèce, qu’ils peuvent pleurer, en Thaïlande, qu’ils peuvent porter du rose. Bref, Zoé et Milo apprennent que les différences entre les hommes et les femmes ne sont pas les mêmes d’une culture à l’autre. D’ailleurs, lorsqu’un voyage porte sur une différence entre les sexes, l’objectif est toujours de montrer qu’une action n’est pas réservée aux filles, et que les garçons peuvent également la pratiquer, jamais l’inverse. Une ouverture culturelle bien loin d’être innocente.
Voir aussi : Président “woke”, guerre contre Bolloré… Cinq choses à savoir sur l’ARCOM
Différences sexuelles : et si on laissait les enfants tranquilles ?
Au demeurant, la série des aventures de Zoé et Milo est plutôt divertissante. Les dessins sont agréables, les épisodes courts et les personnages attachants. Le principe, qui consiste à découvrir les différences culturelles avec de nombreux voyages autour du monde, est sympathique et rappelle les héros de La Cabane magique, qui voyagent à travers le temps. Zoé et Milo vont aussi apprendre qu’il existe des pays où l’on écrit de droite à gauche, où les noms de famille sont déclinés en fonction du sexe, où les prénoms sont donnés selon la place dans la famille… Les différences culturelles sont légion et donnent matière à de nombreux épisodes et de nombreux voyages.
Les différences entre les sexes elles-mêmes peuvent être sujettes à débat sans qu’il soit forcément nécessaire de le pointer. Même si on leur explique que s’occuper d’enfants n’est pas que pour les filles, il est probable que peu de garçons soient intéressés par cette activité. Par ailleurs, de nombreux parents incitent tous leurs enfants, garçons comme filles, à économiser leurs larmes.
Enfin, quand on se penche sur la question des « muxe », l’usage de cet exemple par le service public pour déconstruire les clichés prête à rire. Les muxes représentent environ 6% des hommes de la communauté Zapotèque, au Mexique, et le phénomène existe dès l’enfance. Dans une famille sans filles, le dernier garçon est parfois appelé à être une « muxe » pour… veiller sur ses parents. Il accompagnera donc sa mère au marché et apprendra la broderie. Le phénomène a peu à voir avec l’idée de la transsexualité que le wokisme promeut.
Les aventures de Zoé et Milo avaient tout pour plaire aux enfants et aux parents. Il est bien dommage que le service public ait décidé d’inclure dans cette série un épisode sur la transsexualité. Le phénomène LGBT prend aujourd’hui tellement de place dans le monde de la culture qu’il est devenu difficile de se fier à un programme, quel qu’il soit.
Adélaïde Motte