Ce qui devait arriver arriva. Malgré ses prises de position largement pro-sionistes, le magazine Causeur dirigé par Élisabeth Lévy subit ses premières attaques après la publication d’un entretien exclusif avec Dieudonné dans son numéro de février paru aujourd’hui.
Ni une ni deux, sitôt la dépêche de l’AFP diffusée, Frédéric Haziza a sorti son revolver à deux coups sur Twitter. Première salve : « Itw @MbalaDieudo d’Élisabeth Lévy ds @causeur. Jamais en retard de complaisance avec les extrêmes », suivie d’une seconde bourrade : « Ds @causeur @MbalaDieudo dit nAvoir“aucun remord“que Mérah est“1sioniste“Faurisson est son témoin de moralité.Élisabeth Lévy son faire valoir » (sic).
Itw @MbalaDieudo d’Élisabeth Lévy ds @causeur. Jamais en retard de complaisance avec les extrêmes #banalisation #Ramadan #Soral #LePen
— Haziza Frédéric (@frhaz) 5 Février 2014
Ds @causeur @MbalaDieudo dit nAvoir“aucun remord“que Mérah est“1sioniste“Faurisson est sontémoin de moralité.Élisabeth Lévy son faire valoir
— Haziza Frédéric (@frhaz) 5 Février 2014
Les admirateurs de Bernard Pivot apprécieront son goût de la syntaxe et du débat d’idées. À défaut de pouvoir éradiquer le Mal antisémite qui se niche partout, Frédéric Haziza aurait pu ouvrir Causeur et découvrir les premières lignes de l’entretien dans lesquelles Élisabeth Lévy et Gil Mihaely ne lésinent pas sur les précautions pour se défendre de toute complaisance dieudonniste. Dans le début de l’interview mis en ligne ce matin, on peut lire :
« Avouons-le, le 16 janvier, en partant interviewer Dieudonné dans son quartier général, un bâtiment sans charme situé dans un village d’Eure-et-Loir, nous éprouvions l’agréable frisson de la transgression, tout en nourrissant vaguement le fol espoir de le ramener à la raison et à la maison communes. Peut-être allait-il nous dire que oui, il avait franchement déconné et qu’il voulait sincèrement sortir de la spirale haineuse dans laquelle il s’est enfermée depuis dix ans. Autant le dire d’emblée, le miracle ne s’est pas produit. Nous l’avons questionné honnêtement, sans essayer de le piéger. Il a joué le jeu, sans chercher à se défausser par de grosses blagues et des pirouettes. Du reste, il semblait plutôt embarrassé. Mais sur le fond, il n’a rien lâché, confirmant ce que nous savions. Dieudonné n’est certainement pas un imbécile, mais un antisémite qui ignore ce qu’est un juif et un antisioniste qui n’a pas une traître idée de ce qu’est le sionisme. Dans ces conditions, on peut se demander l’intérêt de publier ce texte. Tout d’abord, il était normal de donner la parole au principal protagoniste de la polémique dont tous les médias ont abondamment parlé. Par ailleurs, il s’agit, nous semble-t-il, d’un document d’intérêt général car il s’exprime sans qu’il puisse y avoir la moindre ambiguïté sur la nature, humoristique ou pas, de ses propos. Si l’atmosphère était courtoise, nous n’avons pas beaucoup ri. À défaut d’avoir été les agents de sa conversion (à l’humanisme, pas au judaïsme) nous espérons contribuer à éclairer ses admirateurs. »
On ne saurait être plus clair : Causeur0 espère « éclairer » les fans de l’humoriste – certains diraient «rééduquer », en montrant le vide conceptuel d’un comique qui traite Mohamed Merah de « sioniste » et affirme que « les sionistes ont tué le Christ ». Quelques pages avant l’entretien incriminé, le magazine cloue même à son pilori l’innocent dessinateur du Monde Plantu pour avoir osé déclarer « ne pas forcément être d’accord avec Dieudonné » au cours d’un débat houleux avec Alain Finkielkraut…
Mais Frédéric Haziza ne fait pas dans la dentelle. L’absence de regrets de Dieudonné a fait exploser le thermomètre de son indignation. Verdict : Élisabeth Lévy est complice voire coupable ! La voilà donc assimilée à Alain Soral, Tarik Ramadan et autres « cerveaux malades » épinglés par Patrick Cohen.
Cette dernière affaire connaît d’ailleurs un énième soubresaut, avec la sortie d’une tribune de Patrick Cohen sur le site du Nouvel Observateur. Dans ce texte au vitriol, il traite Daniel Schneidermann d’« idiot utile des dieudonnistes », reprochant au chroniqueur de Libération d’avoir publié un article à charge intitulé « La liste de Patrick Cohen » (1) puis d’avoir laissé l’humoriste Didier Porte faire un sketch, dans son émission Arrêt sur images, moquant l’indignation sélective du journaliste. Morceau choisi du réquisitoire de Patrick Cohen : « C’est bien votre chronique de “Libération” qui met le feu à la “fachosphère”, ce sont vos phrases que Soral et Dieudonné répètent mot pour mot dans leurs premières vidéos du printemps 2013 appelant leurs partisans à des représailles contre moi, votre rhétorique de “liste noire” et de réflexe communautaire que reprend Dieudonné chaque soir sur scène pour me vouer aux chambres à gaz… »
Frédéric Haziza remonté contre Élisabeth Lévy, Patrick Cohen à l’assaut de Daniel Schneidermann : en ce moment, ça canarde sec chez les journalistes !
(1) Schneidermann y démontait le parti pris idéologique consistant à n’inviter que des débatteurs idéologiquement corrects : « Se priver d’invités intéressants parce qu’on n’est pas d’accord avec eux est, pour un journaliste payé par le contribuable, une faute professionnelle. », concluait-il.