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Interview de Poutine : la traduction manipulée ?

5 juin 2014

Temps de lecture : 2 minutes
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Interview de Poutine : la traduction manipulée ?

Temps de lecture : 2 minutes

Depuis l’entretien que Vladimir Poutine a accordé à TF1 et Europe 1, mercredi 5 juin, il est de bon ton de répéter que le chef d’État russe, en plus de tout ce que lui reprochent les occidentaux, est un affreux misogyne. Interrogé sur les déclarations de l’ex-secrétaire d’État américaine Hillary Clinton, qui avait comparé ses méthodes à celles d’Hitler, celui-ci n’a‑t-il pas déclaré qu’« il était préférable de ne pas débattre avec les femmes » ?

Autrement dit : les femmes, et en par­ti­c­uli­er, Hillary Clin­ton, ne sont pas assez intel­li­gentes pour que l’on puisse débat­tre avec elles et il vaut donc mieux les traiter avec mépris. Le mes­sage, on le voit, est claire­ment misogyne.

Le prob­lème, c’est qu’en russe, le verbe « спорить » employé par le prési­dent Pou­tine, ne sig­ni­fie pas « débat­tre », au sens courant de « dis­cuter », mais plutôt « se dis­put­er » ou « se chamailler ». Il existe un verbe spé­ci­fique pour débat­tre qui est « обсуждать ».

La véri­ta­ble tra­duc­tion du pro­pos de Pou­tine serait ain­si : « il est préférable de ne pas se chamailler avec les femmes » ou « il est préférable de ne pas se dis­put­er avec les femmes ». Le pro­pos s’entend ain­si davan­tage comme l’expression d’une galanterie, certes un rien suran­née et pater­nal­iste, que comme une tirade misog­y­ne et méprisante. « Tradut­tore tra­di­tore » (tra­duc­teur traitre) dis­ent les Italiens !

La ques­tion qui demeure est évidem­ment celle du car­ac­tère volon­taire ou non de cette faute de tra­duc­tion. Impré­ci­sion dans le feu de l’action ? Volon­té de noir­cir le tableau ? Impos­si­ble à savoir.

Mais ce qui est sûr, c’est que la plu­part des médias ont fon­cé tête bais­sé, ain­si que l’inénarrable Valérie Tri­er­weil­er, « heureuse de ne pas avoir à ser­rer la main de Pou­tine », comme elle écrivait sur son compte Twit­ter quelques heures après l’interview. Il est vrai que Valérie Tri­er­weil­er n’a jamais sem­blé par­ti­c­ulière­ment appréci­er les hommes galants…

Crédit pho­to : unis­gene­va via Flickr (cc)

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