Depuis l’entretien que Vladimir Poutine a accordé à TF1 et Europe 1, mercredi 5 juin, il est de bon ton de répéter que le chef d’État russe, en plus de tout ce que lui reprochent les occidentaux, est un affreux misogyne. Interrogé sur les déclarations de l’ex-secrétaire d’État américaine Hillary Clinton, qui avait comparé ses méthodes à celles d’Hitler, celui-ci n’a‑t-il pas déclaré qu’« il était préférable de ne pas débattre avec les femmes » ?
Autrement dit : les femmes, et en particulier, Hillary Clinton, ne sont pas assez intelligentes pour que l’on puisse débattre avec elles et il vaut donc mieux les traiter avec mépris. Le message, on le voit, est clairement misogyne.
Le problème, c’est qu’en russe, le verbe « спорить » employé par le président Poutine, ne signifie pas « débattre », au sens courant de « discuter », mais plutôt « se disputer » ou « se chamailler ». Il existe un verbe spécifique pour débattre qui est « обсуждать ».
La véritable traduction du propos de Poutine serait ainsi : « il est préférable de ne pas se chamailler avec les femmes » ou « il est préférable de ne pas se disputer avec les femmes ». Le propos s’entend ainsi davantage comme l’expression d’une galanterie, certes un rien surannée et paternaliste, que comme une tirade misogyne et méprisante. « Traduttore traditore » (traducteur traitre) disent les Italiens !
La question qui demeure est évidemment celle du caractère volontaire ou non de cette faute de traduction. Imprécision dans le feu de l’action ? Volonté de noircir le tableau ? Impossible à savoir.
Mais ce qui est sûr, c’est que la plupart des médias ont foncé tête baissé, ainsi que l’inénarrable Valérie Trierweiler, « heureuse de ne pas avoir à serrer la main de Poutine », comme elle écrivait sur son compte Twitter quelques heures après l’interview. Il est vrai que Valérie Trierweiler n’a jamais semblé particulièrement apprécier les hommes galants…
“Il est préférable ne pas débattre avec les femmes.” ” La faiblesse n’est pas tellement un défaut pour les femmes” . 21 ème siècle ?#Poutine
— Léonard trierweiler (@trierweiler3) 4 Juin 2014
Heureuse de ne pas avoir à serrer la main de Poutine …
— Valerie Trierweiler (@valtrier) 4 Juin 2014
Crédit photo : unisgeneva via Flickr (cc)