Rediffusion estivale. Première diffusion le 26 mai 2021
L’enclave espagnole de Ceuta en Afrique du nord vient de vivre une séquence d’invasion migratoire particulièrement aigue. Selon des sources concordantes, les incursions de nombreux clandestins ont été tacitement autorisées, voire téléguidées, par les autorités marocaines à partir du 18 mai. En deux jours, ce ne sont pas moins de 8 000 personnes qui se sont introduites clandestinement dans le territoire espagnol. Bien que cette invasion soit plus qu’inamicale et contraire aux engagements du Maroc de contenir les départs clandestins de son pays, celle-ci a été traitée essentiellement sous l’angle humanitaire par les médias de grand chemin.
Voir la première partie de l’article ici.
Le maintien des mineurs marocains en Espagne : une évidence pour les médias de grand chemin
Très rapidement, le maintien des mineurs marocains qui ont réussi à passer en Espagne est présenté comme une évidence par les médias de grand chemin.
France info résume ainsi le 22 mai cette vision de la situation :
« Si beaucoup (de migrants NDLR) n’ont pas réussi à rester en Espagne, ce n’est pas le cas des mineurs venus du Maroc. La loi espagnole interdit leur expulsion ».
Le journal L’Express donne dans un article sur le sujet la parole à un responsable d’une association qui regroupe des ONG dans le domaine de la défense des droits des enfants :
« La loi interdit qu’un mineur soit renvoyé dans le pays d’où il vient sans que sa situation soit évaluée avec soin. “Renvoyer des enfants n’est pas légal et ne peut pas être toléré”, avertit Ricardo Ibarra, responsable d’une association qui regroupe des ONG dans le domaine de la défense des droits des enfants ».
Séquences lacrymales
Des reportages clef en main semblent avoir été donnés aux médias de grand chemin pour présenter le conflit entre l’Espagne et la Maroc comme un drame humanitaire. Tant lors de l’émission L’info du vrai sur Canal+ le 19 mai que lors du journal télévisé de 20 heures sur TF1 le 20 mai, les mêmes images passent en boucle :
- Un bébé sauvé de la noyade par un garde civil espagnol. « L’histoire d’une photo devenue symbole d’un drame humanitaire », s’empresse de titrer le Parisien le 20 mai. Le site Fdesouche a fait un plan large de la scène. On peut y voir que celle-ci se passe certes dans l’eau, mais à proximité immédiate de la côte. Cela amène PXM à commenter sur Twitter :
https://twitter.com/pxm2m/status/1395382525845983233
- Un adolescent avec des bouées de sauvetage de fortune qui a toutes les peines à gagner la côte à la nage. France 2 résume le reportage centré sur le drame humanitaire de l’invasion migratoire : « les enfants au cœur du chaos ».
Peu importe que le Réseau marocain des journalistes des migrations ait pour l’occasion rappelé les principes déontologiques issus de la Charte éthique sur la couverture médiatique des migrations, comme notamment celui qui préconise que « les mineurs non accompagnés ne doivent pas être photographiés ou filmés sauf si leurs visages sont entièrement floutés ».
Tout semble bon pour faire pleurer dans les chaumières, faire la course à l’audience et manipuler l’opinion publique.
La journée du samedi 22 mai est marquée par une nouvelle illustration de l’influence du lobby immigrationniste. Une secouriste de la Croix rouge espagnole, dont les images de l’accolade avec un clandestin ont tourné en boucle dans les médias, aurait été victime de harcèlement en ligne sur les réseaux sociaux. Twitter a rapidement placé le hashtag avec son nom #LunaReyes en tête des occurrences. De nombreux médias, comme Le Guardian, Le Parisien, s’empressent de désigner les coupables : « l’extrême droite ». Le tour est joué : par un beau détournement accusatoire, ce n’est plus le gouvernement marocain qui est pointé du doigt, mais « l’extrême droite ».
Hors-champ
À aucun moment la dimension culturelle et civilisationnelle de l’immigration issue du Maroc n’a été évoquée pendant les jours qui ont suivi l’irruption massive de clandestins le 18 mai. Peu importe que selon une association marocaine militant pour la liberté de culte citée par France info, les chrétiens soient persécutés au Maroc. Peu importe qu’une vision patriarcale du couple, à l’extrême opposée de celle promue par l’Union européenne, soit encore prégnante au Maroc, comme le souligne Le reporter Maroc. Peu importe que les homosexuels aient été récemment victimes d’une « une campagne de haine sans précédent » au Maroc, comme le souligne le site d’information marocain Tel Quel cité par Courrier international.
Dans la chronologie des événements, la narration du conflit diplomatique entre le Maroc et l’Espagne a vite laissé la place à la présentation d’un drame exclusivement humanitaire, avec des migrants victimes des frontières. Rien d’étonnant dans ces conditions que le projet de peuplement des pays européens par l’Union européenne continue imperturbablement.
Épilogue
Hasard du calendrier, 6 jours avant l’invasion migratoire organisée par les autorités marocaines la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, et Filippo Grandi, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, ont martelé lors d’une conférence de presse organisée le 11 mai, qu’aucun refoulement de clandestins arrivant en bateau ne devait être organisé en mer méditerranée.
Cette position part du postulat que tous les migrants venant clandestinement en Europe par la mer méditerranée sont potentiellement des demandeurs d’asile, peu importe qu’ils y viennent pour des raisons économiques. Autant ouvrir carrément les frontières avec un tel désarmement moral.
Nous apprenions également par Ouest-France le 20 mai que « la Commission européenne est en contact avec les États membres pour mettre sur pied un système de répartition dans l’Union européenne (UE) des migrants qui arriveront en Italie l’été prochain ». Les déclarations martiales après l’invasion migratoire téléguidée par les autorités marocaines sont déjà bien loin, peu importe qu’il s’agisse également d’immigration clandestine arrivant sur les côtes italiennes. Ce n’était donc qu’un épisode un peu plus aigu qu’à l’accoutumée du peuplement du continent européen par des populations allogènes. Les médias de grand chemin auront rivalisé pour le transformer en un drame exclusivement humanitaire. Mission accomplie.