Agression islamophobe à Blaye, en Gironde ? C’est en tous cas ce qu’a affirmé France 3 Aquitaine le 19 novembre dernier.
Dans un article sans nuance, Sonia Hamdi rapporte, sans citer aucune source, qu’« une bande d’au moins cinq individus a attaqué le restaurant kebab “La Médina” à Blaye, en Gironde ». Période post-attentats oblige, cette agression ne pouvait être, aux yeux de la journaliste, qu’une agression raciste.
Ainsi, celle-ci raconte que le gérant du restaurant et sa femme, alors qu’ils dînaient dans leurs locaux, ont été subitement traités, à plusieurs reprises, de « sales arabes » et de « terroristes », avant que leurs assaillants ne brisent la vitre du restaurant. Plus tard, ces derniers seraient revenus pour tirer des coups de feu sur la façade du kebab.
« Sains et saufs mais très choqués, le patron et son épouse ont été transportés à l’hôpital de Blaye dimanche soir. Les médecins leur ont prescrit deux jours d’ITT », ajoute Sonia Hamdi. N’avançant aucune explication à cette mystérieuse altercation, la journaliste laisse ainsi entendre que cette attaque ne pouvait être qu’une réaction islamophobe aux récents attentats terroristes.
Sauf que samedi dernier, le journal La Charente Libre a pu faire toute la lumière sur cette prétendue agression raciste. « Après 5 jours d’investigation, les enquêteurs de la compagnie de Blaye ont réussi à démêler le vrai du faux et on peut aujourd’hui affirmer que cette agression n’est ni raciste, ni terroriste », assure la Gendarmerie de Gironde.
La réalité est un peu plus prosaïque : le 7 novembre dernier, un individu alcoolisé urine sur la façade du restaurant, ce qui conduit le gérant à lui balancer une giclée de bombe lacrymogène. Plus d’une semaine plus tard, l’homme revient régler ses comptes avec trois complices, brisant la vitrine du restaurant et tirant des coups de fusil. « Au final, aucun acte raciste n’aurait été proféré. Il n’y a aucun lien avec les attentats de Paris. Les coups de feu ont été tirés en l’air et non contre le kebab ou une quelconque personne, même si un impact a touché une façade de maison à proximité », souligne La Charente Libre. Sonia Hamdi, dont le contrat d’apprentissage avec France 3 Aquitaine vient de s’achever, a‑t-elle déjà oublié ses cours à l’Institut de Journalisme de Bordeaux Aquitaine ? On vérifie ses sources, mademoiselle !
Alors qu’il avait complaisamment relayé l’article de France 3 Aquitaine sur son profil Twitter accompagné de la mention #DouceFrance, le journaliste du Monde Samuel Laurent, interpellé par un internaute, a finalement reconnu sa méprise.
Cher @vieilleeurope, je reconnais donc avoir partagé un lien vers un article de France 3, qui s’est révélé erroné une semaine plus tard.
— Samuel Laurent (@samuellaurent) 25 Novembre 2015
Mais gare à ceux qui lui font remarquer avec un peu trop d’insistance qu’il a fauté. Un utilisateur du réseau social en a fait l’expérience, lui qui s’est vu proposer de « retourner jouer avec (sa) pelle et (son) seau »…
Quoi qu’il en soit, c’est à se demander si certains journalistes n’en sont pas à les souhaiter, ces « agressions racistes ». La semaine dernière, c’est France Bleu Armorique qui en inventait une à Pontivy dans le Morbihan avant de retirer précipitamment l’article de son site…
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Crédit photo : tanack via Flickr (cc)