Rien ne va plus entre Netanyahou (et sa garde rapprochée) et les médias publics israéliens accusés de se montrer « trop critiques » vis à vis de la politique gouvernementale. Les proches du premier ministre multiplient les attaques publiques contre ces médias et souhaitent la création d’une commission pour promouvoir une ligne éditoriale « plus conforme aux intérêts de la nation ». Un projet interventionniste qui suscite l’ire de la majorité du milieu journalistique.
Une offensive gouvernementale
Depuis plusieurs semaines, Benjamin Netanyahou et plusieurs ministres ont lancé une véritable offensive coordonnée contre les médias publics israéliens, ciblant particulièrement la société de radiodiffusion Kan, la radio militaire Galei Tsahal et le grand quotidien Haaretz. Une stratégie qui semble s’inscrire dans une tendance mondiale d’affrontement de plus en plus radical entre gouvernements volontaristes s’appuyant sur leur légitimité électorale ou populaire et institutions médiatiques. Un schéma que l’on peut retrouver aussi bien aux États-Unis qu’en Italie par exemple.
À Tel-Aviv, Benjamin Netanyhu a dénoncé le coût jugé exhorbitant d’une presse « excessivement orientée à gauche ».
« Pourquoi devrions-nous financer cela ? La corporation gaspille près d’un milliard de shekels sans aucun contrôle. Laissons le marché décider. Donnons aux citoyens israéliens le choix — qu’ils préfèrent la gauche ou la droite, laissez-les décider. » a‑t-il notamment déclaré avant de réclamer la privatisation des principales instances médiatiques.
Défense des droits humains et « dommages à l’État »
Le ministre Amichai Shikli pour sa part s’est montré particulièrement virulent envers le quotidien Haaretz, soulignant que « de nombreuses organisations de défense des droits humains s’appuient sur ce journal, qui cause d’énormes dommages à l’État. » Une critique formulée de façon assez maladroite puisqu’elle pourrait laisser penser que la « défense des droits humains » nuit à la politique gouvernementale …
Également dans le viseur du gouvernement, la société de radiodiffusion Kan, accusée, elle, de s’être moquée de feu le frère du Premier ministre, Yoni Netanyahu, un soldat de Tsahal tombé au combat, au cours d’un sketch comique. Kan s’est défendue en niant avoir raillé Yoni Netanyahu, affirmant avoir tourné en dérision le Premier ministre lui-même.
Afin de lutter contre le prétendu « sabotage » de la politique du gouvernement par les médias de gauche, le ministre des Communications, Shlomo Karaï, a de son côté demandé la création d’une commission des communications qui « promouvrait la politique de la droite ». Au moins les choses sont clairement affirmées et la volonté gouvernementale d’orienter la ligne éditoriale des médias totalement assumée.
Xavier Eman