La censure dans le monde de la culture ne sévit pas qu’en France. Le chanteur italien Giuseppe Piova, appelé plus simplement Piova, vainqueur du festival de SanRemo 2006, 8 disques de platine et 3 disques d’or à son actif, est régulièrement victime de censure en Italie. Auteur d’une chanson Luca era gay (Luca était gay) où il raconte l’histoire d’un gay redevenu hétéro, il a également exprimé des positions sceptiques sur le vaccin pendant le Covid. Il n’en fallait pas plus pour que 40 (quarante !) de ses concerts soient interdits dont fin juillet 2024, le 40ème à Nichelino (Piémont), annulé par la municipalité PD (Partito Democratico, gauche). Il Fatto Quotidiano est un quotidien populiste de gauche, proche du Mouvement 5 étoiles, il aurait en France le même positionnement que Marianne. Son directeur Marco Travaglio a publié une belle tribune sur le sujet que nous avons traduite, les intertitres sont de notre rédaction.
Retour sur Piova
Nous sommes tellement mal en point que nous devons défendre Povia. Invité à présider le jury d’un concours de talents à Nichelino et à se produire lors d’un concert, il a tout fait annuler par le maire en raison de « sa position sur les droits civils et son opposition aux vaccins, qui sont différentes de celles de mon administration ». Mais, soyons clairs, « il ne s’agit pas d’une question politique ». Il s’agit plutôt de « la » question politique.
D’autant plus que c’est le 40e concert qu’ils annulent pour le chanteur. Si c’était pour ses qualités artistiques (à notre avis médiocres, malgré sa première place à Sanremo 2006), nulla quaestio : si on n’aime pas un chanteur, on ne l’invite pas et c’est tout.
La censure de la démocratie libérale
Mais si on l’invite et qu’on le renvoie ensuite chez lui à cause de ce qu’il dit ou pense, cela s’appelle de la censure. Celle-ci n’a pas sa place dans une démocratie libérale, sinon la démocratie libérale cesse d’être une démocratie libérale.
Libertés d’expression, de dissidence et de folie
Nous sommes vaccinés et vaccinateurs (pas d’obligation, cependant) et nous soutenons les droits civils : mais parmi ceux-ci, il y a la liberté d’expression, de dissidence et même de folie, tant que vous ne blessez pas un cheveu sur la tête de quelqu’un. Et un chanteur est jugé sur sa façon de chanter, pas sur ce qu’il pense. Mais depuis que nous exportons la démocratie, il y en a de moins en moins chez nous.
Tout le monde s’indigne d’une liste d’« agents sionistes » à boycotter publiée sur le web par un « Nouveau PCI » autoproclamé : c’est vrai, on ne fait pas de listes de proscription.
Listes de proscription
L’ennui, c’est que nombre des indignés spéciaux, et même des personnes citées, dressent depuis 2022 des listes de proscription des « agents de Poutine », qui ne sont ni des agents ni des poutinistes, mais qui ont le grave tort de ne pas penser comme eux sur la guerre russo-ukrainienne.
Pavel Durov, le nouveau diable
Et puis il y a l’arrestation, dans la patrie des Lumières et de la Liberté, du fondateur de l’application Telegram, Pavel Durov, un entrepreneur russe aux multiples passeports. Il est peut-être le nouveau Barbe Bleue, mais si l’accusation est que les chats de son réseau social sont utilisés, grâce à leur secret particulier, par des organisations criminelles, ainsi que par des millions de Russes, d’Occidentaux et même de Zelensky, son arrestation nous révulse.
Et nous sommes consternés par les journalistes furieux de l’« internationale souverainiste » des Musk et des Salvini qui défendent Durov, manifestement pour le compte de Poutine.
Durov a échappé précisément à la Russie qui, en 2018, a voulu lui bloquer Telegram. Ce n’est qu’à ce moment-là que l’Occident a protesté et qu’Amnesty a crié : « Bas les pattes de la liberté d’expression ».
Voir aussi : Extension du domaine de la censure : arrestation à Paris de Pavel Durov, fondateur de Telegram
Thierry Breton et les « gentils »
Maintenant, au contraire, tout le monde se tait quand le commissaire européen macronien Thierry Breton menace d’interdire X parce que Musk est Trumpien et ne fait pas comme Zuckerberg, qui met la censure et les fake news de Facebook, Messenger, Instagram et WhatsApp au service de l’autre gang : le gang « démocratique » des Biden et des Harris, les « gentils » qui peuvent faire aussi bien ou pire que les « méchants » en raison de leur bonté innée.
Plus nous combattons la Russie, plus nous lui ressemblons.
Voir aussi : Été 2024 : Elon Musk versus Thierry Breton, 1 à 0, le match continue
Traduit avec DeepL