Dans un article du 10 mars 2016, le site BuzzFeed News dévoile les dessous d’une affaire bien embarrassante pour l’ancien patron de La Dépêche du Midi et actuel ministre.
Si Jean-Michel Baylet n’a fait son retour au gouvernement qu’après 23 ans d’absence, c’est avant tout à cause de multiples déboires judiciaires. Après l’élection de François Hollande, il ne peut être appelé malgré la fidélité qu’on lui prête à l’égard du président. En cause : une mise en examen pour favoritisme, dans laquelle il sera finalement relaxé. Au printemps 2014, il ne peut toujours pas intégrer le gouvernement Valls après le remaniement à cause d’une mise en examen dans une affaire de frais de bouche, qui débouchera sur un non-lieu.
Aujourd’hui bien installé en tant que ministre de l’Aménagement du territoire, de la Ruralité et des Collectivités territoriales, Jean-Michel Baylet couve peut-être un scandale remontant à plus de 10 ans. En 2002, il était en effet accusé par son assistante parlementaire, Bernadette Bergon, de l’avoir frappée et forcée à démissionner.
D’après le témoignage de la victime, M. Baylet l’aurait frappée plusieurs fois au visage puis « contrainte, sous la menace de nouveaux coups, à rédiger sous sa dictée une lettre de démission ». Il l’aurait ensuite mise à la porte « entièrement dévêtue et pieds nus ». Dans une audition datée du 15 février 2002 auprès de la Gendarmerie, faisant suite à sa plainte, elle révélait un homme « caractériel », « impulsif voire violent ».
Malgré cette flopée de détails, l’affaire sera curieusement classée sans-suite par le parquet de Toulouse. Aucun journal n’en touchera un mot, à l’exception de Paris Match qui prendraz néanmoins soin de ne citer aucun nom. En 2006, France-Soir revenait sur l’affaire. Le 13 décembre, il titrait « Baylet, cogneur radical » et consacrait un dossier à l’affaire avec un titre pince-sans-rire : « Droit des femmes: les arguments frappants de Jean-Michel Baylet. »
Mais le 15 novembre 2007, le quotidien sera condamné par le TGI de Nanterre, puis par la Cour d’appel de Versailles le 18 décembre 2008… pour atteinte à la vie privée, et non pour diffamation. En effet, comme le rappelle BuzzFeed, « le ministre ne conteste aucun fait évoqué par Bernadette Bergon ». Et de s’interroger : « Comment alors, expliquer que cette affaire n’ait pas eu plus de retentissement ? »
D’après un document que le site s’est procuré, « le sénateur avait après les faits passé une transaction secrète avec Bernadette Bergon ». En 2005, Dominique Baudis évoquait, dans son livre, cette sombre affaire en ne citant pas nommément les protagonistes, et révélait une transaction secrète entre les deux parties. Le 2 mai 2006, la victime, Bernadette Bergon, assignait l’ancien maire de Toulouse en référé pour avoir évoqué ces faits.
Dans l’assignation, l’avocat de la plaignante confirme que « la transaction à laquelle Dominique Baudis fait allusion a été conclue sous la foi du secret, ce qu’avait expressément indiqué à Bernadette Bergon ». Mais alors, « dans quelles conditions le parquet de Toulouse a‑t-il classé sans suite cette procédure? Alors qu’il pouvait continuer à instruire l’affaire malgré le retrait de la plainte et la transaction, a‑t-il reçu des pressions politiques ? », s’interroge BuzzFeed.
Et de conclure en soulignant que « si la consigne présidentielle interdit à toute personne mise en examen d’entrer ou de rester au gouvernement, qu’en est-t-il pour ceux qui ont passé une transaction après avoir été accusés de violences ? »