Ex-sénateur, ex ministre, ex Président du parti radical de gauche, une gauche rose pâle souvent présentée comme cassoulet mâtinée franc mac, Jean-Michel Baylet règne sur un empire médiatique dans sa région et ne cesse d’accumuler les présidences, sans jamais oublier son intérêt.
Présidences, et un, et deux, et trois
Après quinze mois passés au gouvernement de Manuel Valls (aménagement du territoire), Baylet avait été réélu comme PDG du groupe La Dépêche du Midi en juillet 2017, un poste qu’il occupait depuis 1995 mais laissé à son ex femme Marie-France Marchand Baylet le temps passé à son ministère. Après le rachat du groupe Midi en 2015 il est la figure dominante dans les médias du grand sud-ouest avec cinq quotidiens et une dizaine d’hebdomadaires.
Ce n’était pas suffisant et le toujours fringant Jean-Michel était élu comme président de l’Union de la presse en région (UPREG) le 16 janvier 2018. L’UPREG résulte de l’union de deux organisations syndicales le Syndicat de la presse quotidienne régionale (SPQR) et le Syndicat de la presse quotidienne départementale (SPQD) et représente depuis avril 2014 les intérêts de 64 quotidiens en région.
Plus haut, plus fort, Jean-Michel cumule depuis septembre 2018 avec la présidence de la toute nouvelle Alliance de la presse d’information générale (APIG). L’alliance regroupe les syndicats de la presse quotidienne nationale, de la presse quotidienne régionale et de la presse hebdomadaire régionale, ces différentes instances subsistant chacune de leur côté. Parmi les membres du bureau et les administrateurs se retrouve l’essentiel des noms qui comptent dans les médias dominants et largement subventionnés.
Et une jolie subvention au passage pour l’imprimerie maison
Plus haut, plus fort, plus cher aussi, entendu au sens des chers intérêts bien compris. Les imprimeries de labeur – celles qui impriment la presse — sont globalement en surcapacité. Aussi le Fonds stratégique pour le développement de la presse (FSDP, rattaché au Ministère de la Culture) ne finance-t-il plus d’imprimerie en zone de surcapacité (source Lettre A du 1er octobre 2018). Surprise, surprise, l’ami Jean-Mi va recevoir 3,4 M€ de subventions publiques pour faire passer une rotative de son groupe de l’offset au numérique. Cette somme représente plus de la moitié du coût total et presque 40% des sommes disponibles sur le FSDP en 2018 (hors sauvetage de Presstalis).
Ce bien joli cadeau a été fait malgré un avis négatif de la Direction générale des médias et des industries culturelles (DGMIC) du ministère de la culture. On parle de pressions de Bercy (d’habitude les pressions du Trésor vont dans le sens de l’économie et non pas celui de la dépense) et qui sait même venues de beaucoup plus haut. Les élections européennes sont presque demain, les municipales sont dans deux ans, Jean-Michel a de l’entregent et quand on aime ses amis on ne compte pas.
Crédit photo : Parti Socialiste via Flickr (cc)