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Jeff Bezos et le National Enquirer : quand les gros sous ne sont jamais loin du sordide

19 février 2019

Temps de lecture : 5 minutes
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Jeff Bezos et le National Enquirer : quand les gros sous ne sont jamais loin du sordide

Temps de lecture : 5 minutes

Jeff Bezos, propriétaire fondateur d’Amazon jeune homme de 55 ans assailli par le démon de midi, avait décidé de changer de trophée marital en se lançant dans une relation extra-conjugale avec la médiatique Lauren Sanchez, épouse du faiseur de stars hollywoodien Patrick Whitesell, et ceci bien avant l’annonce de son divorce avec sa propre épouse (présenté comme amical à l’époque), ce qui n’est pas sans conséquences, tant sur le plan de l’image que financier. Un divorce potentiellement coûteux, avec 160 milliards de $ à partager. Bref, l’homme le plus riche du monde risque de descendre dans le classement.

Qu’est donc cette « l’affaire » Baisos — pardon — Bezos ?

Le médi­um qui révèle le pot aux ros­es est forte­ment « con­noté pro-Trump » : la trahi­son mat­ri­mo­ni­ale de Bezos a été révélée par The Nation­al Enquir­er, mi feuille de chou, mi bou­tique de jour­nal­isme d’investigation, laque­lle a la répu­ta­tion de se tromper rarement. Le jour­nal, est dirigé par un com­pagnon de (longue) route de Don­ald Trump, chargé au fil des ans de men­er des con­tre-feux aux sales coups médi­a­tiques mon­tés con­tre les adver­saires du mil­liar­daire ou d’étouffer les révéla­tions dans l’œuf en achetant les droits de pub­li­ca­tion des auteurs pour les met­tre ensuite au plac­ard. Cet homme est Jeff Peck­er, fon­da­teur d’American Media Inc., hold­ing de plusieurs tabloïds, dont The Nation­al Enquir­er.

Jalousie réciproque

La jalousie mutuelle Trump-Bezos : Trump est prési­dent, et Bezos ne l’est pas ; Bezos est richissime, et Trump l’est beau­coup moins. Trump, fustigé depuis plus de trois ans par le Wash­ing­ton Post, (que l’homme d’Amazon a racheté) a donc une dent con­tre Bezos. Ain­si, ses tweets sur « Jeff Bozo » et les per­for­mances du Wash­ing­ton Post (7e rang des quo­ti­di­ens améri­cains, avec une cir­cu­la­tion de 476.800 ex) se sont mul­ti­pliés. De même, le prési­dent a par exem­ple demandé à son admin­is­tra­tion d’évaluer les pra­tiques d’Amazon pour con­cur­rence déloyale pré­sumée à l’égard des postes fédérales. Affaire non suiv­ie d’effet par la bureaucratie.

Cela n’est cepen­dant pas tombé dans l’oreille d’un sourd, en l’occurrence le par­lemen­taire Adam Schiff (élu démoc­rate de Cal­i­fornie), spé­cial­iste de la preuve par absence de preuve dans l’affaire Rus­si­a­gate qui, avec ses acolytes lil­lipu­tiens vient de lancer un filet d’enquêtes nou­velles pour enser­rer Trump. Par­mi les sujets : l’éventuelle util­i­sa­tion par le prési­dent de l’appareil d’État con­tre ses enne­mis économiques. Par exem­ple sa ten­ta­tive de blocage de la fusion Time-Warn­er AT&T (avec CNN pour enjeu). Et demain Bezos/Amazon.

Bezos contre-attaque

Il n’est donc pas sur­prenant que Bezos, les pre­mières révéla­tions pub­liées par le tabloïd, ait immé­di­ate­ment pen­sé à une manœu­vre du clan Trump des­tinée à tor­piller la nou­velle de son divorce « ami­cal ». D’où sa sub­tile con­tre-attaque menée via le site inter­net autonome Medi­um : lors de com­men­taires con­sé­cu­tifs il a pu insin­uer que ses tex­tos amoureux avaient été piratés par les fonc­tion­naires de Trump (encore un dossier à faire mas­ti­quer par Adam Schiff) et surtout qu’il avait été vic­time de chan­tage de la part des avo­cats de Jeff Pecker.

Nature du « chan­tage » : sor­tie de pho­tos com­pro­met­tantes, cer­taines présen­tant la par­tie à géométrie vari­able de son anatomie. Donc « au-dessous de la cein­ture » au sens fig­uré et lit­téral. Et, pour faire bonne mesure, Bezos accu­sait l’Arabie de se venger via le jour­nal de Peck­er du traite­ment par le Wash­ing­ton Post de l’affaire Kashog­gi (ex-col­lab­o­ra­teur du Wash­ing­ton Post).

Panurgisme des médias

Avant d’aborder les faits, con­cen­trons-nous sur la réac­tion des médias, qui se sont coal­isés en une sym­phonie syco­phan­tique de « brown nos­ing » (ver­sion améri­caine du con­cept français de lèche-botte, ou pire) de la part des admi­ra­teurs de la pre­mière for­tune du monde.

Le fond de l’affaire est plus nuancé. Lorsque parais­sent les pre­mières infor­ma­tions, Bezos lance Gavin de Beck­er, le pit­bull de la sécu­rité des Peo­ple, sur les traces de Jeff Peck­er, afin d’identifier l’origine des fuites, ou plutôt d’assommer le groupe Amer­i­can Media Inc. (AMI), donc Trump. Les avo­cats d’AMI deman­dent mal­adroite­ment à Bezos de met­tre fin à l’enquête de Gavin de Deck­er. Faute de quoi, ces derniers révè­lent qu’ils ont en leur pos­ses­sion des pho­tos beau­coup plus pornographiques que celles déjà diffusées.

Qui a vrai­ment fuité et pourquoi? Après la thèse des ser­vices de l’État piratant le télé­phone de Bezos, a suivi celle du frère de Lau­ren Sanchez (l’amoureuse de Bezos) : Michael Sanchez est un par­ti­san de Trump et con­nait bien Roger Stone (autre homme des bass­es-œuvres de Trump pen­dant de nom­breuses années) qui vient d’être inculpé par le pro­cureur Mueller. Mais cela se com­plique avec la piste de Lau­ren Sanchez qui elle-même aurait partagé (selon The Sun) avec des amis les pho­tos de l’énorme pénis (sic) de son amoureux. Naïve­ment ou cyniquement?

Car les amoureux ne se voient plus en pub­lic depuis quelque temps. Et le frère de Lau­ren insiste beau­coup sur solid­ité et la pro­tec­tion du cou­ple Bezos/Sanchez. Peut-être. Ou bien Bezos, vu la fac­ture poten­tielle du divorce, se serait-il hâté lente­ment dans sa procé­dure de sépa­ra­tion? Ce qui aurait mécon­tenté le clan Sanchez, qui alors aurait cher­ché à le forcer à couper les ponts avec l’épouse ? Nul ne le sait. Une chose est cer­taine : Adam Schiff ne man­quera pas de se saisir du dossier, et le groupe de presse AMI pro Trump sera passé à la loupe.

Bezos, Schiff : tra­vail d’équipe, ver­sion démoc­rate ? Le com­bat continue.

 

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