Jeune Afrique est la revue francophone africaine la plus prestigieuse. Créée en 1962 par Béchir Ben Yahmed, un moment ministre de l’information du président tunisien Bourguiba, elle fête ses 60 ans dans un contexte difficile.
Jeune Afrique, une histoire tumultueuse
D’abord publié en Tunisie en 1960 sous le nom d’Afrique Action, le journal va se replier en France en 1962 pour échapper à la censure, et prend le nom de Jeune Afrique. Longtemps hebdomadaire, le journal va devenir mensuel en 2020 tout en conservant une édition quotidienne sur le site. Saisi plusieurs centaines de fois en Afrique, parfois aidé en sous-main par certains intérêts politiques (tunisiens entre autres), la revue dispose d’une incontestable aura intellectuelle en Afrique francophone et en France.
Covid, ne vois-tu rien venir ? Des difficultés et des licenciements
Dans un contexte différent, mais un peu pour les mêmes causes, Jeune Afrique, comme le quotidien catholique Présent, doit réduire la voilure. Bénéficiaire (source Lettre A) en 2019 avant la pandémie, le journal a essuyé de lourdes pertes (supérieures à 11M€) en 2020, le contraignant à un plan social en 2020 pour se séparer de 20 salariés. Pire, la vache à lait du groupe, l’évènementiel sous forme de l’Africa CEO Forum, a été annulé en 2020 et réduit à une visioconférence en 2021.
Si les comptes 2021 ne sont pas encore publiés, ils doivent être restés dans le rouge. Les actionnaires sont donc à la recherche d’investisseurs et prêts à céder 20% de leur capital. Investisseurs qu’ils pourraient trouver parmi les États africains, par exemple en Côte d’Ivoire où Alassane Outtara accueille le Forum du journal, ou en Tunisie et au Congo, déjà clients de la filiale évènementielle située à Genève. D’aucuns s’inquiètent pour l’indépendance du journal, qui en a vu d’autres mais l’environnement économique des médias est plus difficile qu’au siècle dernier.