Jeune Afrique a maintenant plus de 60 ans et est toujours dans les mains de la famille Ben Yahmed, les frères Amir Ben Yahmed et Marwane Ben Yahmed. Avec des perspectives de recentrage éditorial entraînant des réductions d’effectifs.
Une histoire prestigieuse
Créée en 1962 par Béchir Ben Yahmed (décédé en 2021), un moment ministre de l’information du président tunisien Bourguiba, sous le titre Afrique Action, le journal d’abord hebdomadaire est devenu mensuel en 2020 tout en conservant une édition quotidienne numérique.
Saisi plusieurs centaines de fois en Afrique, parfois aidé en sous-main par certains intérêts politiques (tunisiens et ivoiriens entre autres), la revue dispose d’une incontestable aura intellectuelle en Afrique francophone et en France.
Voir aussi : Jeune Afrique : les frères Ben Yahmed à la recherche d’argent frais
Départs et nouvelle orientation
Les temps sont durs pour la presse papier et Jeune Afrique n’échappe pas à la nécessité de s’adapter (source La Lettre), donc de “cesser d’être un média généraliste qui court tous les lièvres et devenir un média d’information incontournable, spécialisé sur la politique et l’économie”. Autrement dit s’adresser à un public de décideurs, d’entrepreneurs, et moins à l’homme de la rue.
Sont mis au second plan, le sport, la culture, l’éducation, la santé au profit des analyses exclusives, de l’investigation, des reportages. Le recentrage est aussi géographique en se concentrant sur des pays phares, Côte d’Ivoire Sénégal, Cameroun, Guinée, Niger, Mali, RDC, Burkina, Maroc. Les autres pays sont considérés comme secondaires. Remarquons que deux pays importants, Tunisie et Algérie passent au second plan. Un éloignement des origines pour le premier, pour l’Algérie le cas est différent, le journal est régulièrement saisi, ne peut y trouver d’annonceurs et il est quasi impossible pour un Algérien vivant en Algérie de s’y abonner.
Voir aussi : Jeune Afrique sous le regard de la Côte d’Ivoire
Conséquence directe, les journalistes attachés à une rubrique ou un pays non prioritaire s’en vont. Sept départs sur une soixantaine de journalistes alors que de nouveaux postes sont créés dans l’évènementiel portant les effectifs à 66 collaborateurs à l’horizon 2025.