Le président Joe Biden est très apprécié des médias français, certes. Mais dans son pays, c’est de moins en moins le cas. Le site conservateur Breitbart News a recensé 6 articles très critiques du président démocrate en un mois dans le New York Times, un journal qui a pourtant surfé sur la vague anti-Trump et contribué à l’élection de Joe Biden. Il a en effet clairement mené campagne pour ce dernier en 2020. Par ailleurs, ainsi que le remarque l’auteur de Breitbart, le NYT aura attendu jusqu’à largement plus d’un an après l’élection présidentielle pour confirmer l’authenticité des mails compromettant trouvés sur l’ordinateur de Hunter Biden, le fils du candidat démocrate de l’époque.
Nouvelle ligne éditoriale et nouveau candidat démocrate en 2024
C’est donc à un véritable changement de ligne éditoriale que l’on assiste au NYT, sans doute dans le but d’obliger l’actuel président à laisser la place à un autre candidat démocrate en 2024. Car Joe Biden est une catastrophe non seulement pour son pays, mais pour le camp démocrate lui-même, même si les grands médias français l’apprécient toujours autant. Mais probablement que ces derniers vont devoir se réveiller avec les élections de mi-mandat, qui vont se dérouler le 8 novembre prochain. Ainsi qu’on pouvait le lire le 14 juillet sur le site de la chaîne CNN, qui a aussi soutenu à fond Joe Biden contre Donald Trump aux dernières élections, « Ce n’est pas une bonne période pour être un démocrate à la Chambre des Représentants. La cote de popularité du président Joe Biden ne cesse de baisser et l’expérience historique suggère que les prochaines élections de mi-mandat seront très mauvaises pour son camp, la plupart des observateurs neutres prédisant déjà que les républicains remporteront la majorité de la Chambre en novembre ». L’article, qui se veut optimiste pour les démocrates, est intitulé « Deux raisons qui font que tout n’est pas perdu pour les démocrates aux élections de mi-mandat ».
Les démocrates contre Joe Biden
Joe Biden est en effet aujourd’hui le président le plus impopulaire au cours de son premier mandat de toute l’histoire des États-Unis. Et c’est même un sondage du New York Times qui nous l’apprend !
Sixième de la liste des articles anti-Biden dressée par Breitbart, l’article intitulé « La plupart des démocrates ne veulent pas Biden en 2024, ainsi que le montre un nouveau sondage » explique que seuls 33 % des électeurs américains sont satisfaits de leur président. Pire encore, seuls 26 % des électeurs démocrates estiment que Biden devrait être à nouveau le candidat du parti de l’âne pour la campagne présidentielle de 2024 ! Et seuls 13 % des électeurs américains estiment que leur pays évolue dans la bonne direction, ce qui est le plus mauvais résultat depuis la crise financière de 2008. Or Joe Biden a répété plusieurs fois qu’il comptait se représenter alors qu’il est déjà, ainsi que le fait sournoisement remarquer l’auteur du NYT, le plus vieux président de l’histoire des États-Unis.
« Une lueur de bonne nouvelle pour M. Biden est que le sondage lui donne un avantage étroit dans une hypothétique revanche en 2024 avec l’ancien président Donald J. Trump : 44 % contre 41 % », précise quand même le NYT.
Lourds effets de l’âge
Cela, c’était le 11 juillet. Le 9 juillet, un autre auteur du journal publiait un article intitulé « À 79 ans, Biden teste les limites de l’âge et de la présidence », avec en chapô : « Le président Biden a déclaré qu’il avait l’intention de briguer un second mandat, mais son âge est devenu une question gênante pour lui et son parti. » Il faut dire que l’on voit souvent le président des États-Unis perdre le fil de ce qu’il dit quand il s’exprime, et cela ne semble pas s’arranger avec le temps. Même au NYT on le remarque enfin : « Il traîne souvent les pieds lorsqu’il marche, et ses assistants craignent qu’il ne trébuche sur un fil. Il bute sur les mots lors d’événements publics, et les gens retiennent leur souffle pour voir s’il arrivera à la fin sans commettre de gaffe. » On apprend qu’en raison de son grand âge le président de la première superpuissance mondiale « est généralement un président qui travaille cinq jours ou cinq jours et demi par semaine, bien qu’il soit appelé à toute heure, quel que soit le jour, en cas de besoin ».
« Dans un sondage réalisé en juin par le Center for American Political Studies de Harvard et le Harris Poll, 64 % des électeurs estimaient qu’il montrait qu’il était trop vieux pour être président, dont 60 % des personnes interrogées âgées de 65 ans ou plus. Les apparitions publiques de M. Biden ont alimenté cette perception. Ses discours peuvent être plats et apathiques. Il perd parfois le fil de ses pensées, a du mal à citer des noms ou semble momentanément perdu. »
Pour relativiser, le NYT a ici aussi recours à l’argument Trump : « M. Biden n’est pas le premier président à être confronté à des questions d’âge. La question s’est posée à plusieurs reprises sous la présidence de Donald J. Trump, qui a quatre ans de moins. Le vocabulaire diminué de M. Trump, sa tendance à se perdre dans des méandres, ses remarques parfois incohérentes, son emploi du temps léger au bureau et ses difficultés à traiter l’information ont amené les critiques à conclure qu’il était sur le déclin. »
Sans doute une manière de se justifier d’avoir soutenu malgré tout Joe Biden contre Donald Trump…
Vers une crise systémique ?
Et d’ailleurs même au Washington Post, autre grand média violemment anti-Trump qui a soutenu la campagne de Joe Biden, on s’interroge, comme dans un article du 5 juillet intitulé « Alors que certains démocrates s’impatientent avec Biden, des voix alternatives émergent. »
Selon le Washington Post, « de l’avis de nombreux démocrates désemparés, le pays est confronté à une véritable crise sur toute une série de fronts, et Biden semble incapable ou peu désireux de réagir avec la force appropriée. La démocratie est directement attaquée, disent-ils, alors que les républicains modifient les règles électorales et que la Cour suprême réécrit rapidement le droit américain. Les fusillades sont monnaie courante, le droit constitutionnel à l’avortement a pris fin et les démocrates pourraient subir de lourdes pertes lors des prochaines élections. »
Et c’est bien là le cœur du problème pour les grands médias américains de gauche, apparemment : l’impopularité du président et son manque trop visible d’acuité intellectuelle – sans parler des soupçons de corruption concernant les affaires de son fils Hunter en Chine et en Ukraine et des problèmes d’addiction de ce dernier au crack et aux prostitués, que les médias comme CNN, le New York Times et le Washington Post préfèrent encore passer autant que possible sous silence – font courir au pays le risque d’un recul du progressisme aux États-Unis !
Progressisme en recul
« La semaine dernière, les décisions consécutives de la Cour suprême sur les armes à feu et l’avortement – liant les mains des États démocrates en matière de réglementation des armes à feu tout en permettant aux États républicains d’interdire les avortements – ont montré à quel point la solide majorité conservatrice de la Cour est prête à remodeler la vie américaine, en faisant pencher le pendule politique vers la droite sur des questions fondamentales. Aujourd’hui, une cohorte de démocrates de plus en plus bruyants appelle les dirigeants du parti, à commencer par M. Biden, à élargir ce qui est considéré comme politiquement possible, avant que les priorités libérales ne soient contrecarrées ou inversées par la haute cour pour les années à venir. Mais ceux qui veulent élargir la Cour suprême ou mettre en accusation des juges qui avaient parlé en leur temps de Roe v. Wade comme d’une loi établie sont confrontés à un président institutionnaliste qui s’est longtemps opposé à des changements radicaux dans le système judiciaire. »
C’est ce qu’écrivait le New York Times dans un article publié le 28 juin sous le titre « Les démocrates font pression sur la Maison Blanche pour une réponse plus ferme à la chute de Roe » (Roe v. Wade, c’est-à-dire la sentence de la Cour suprême de 1973 qui attribuer à l’avortement un statut de droit constitutionnel aux États-Unis), regrettant donc que le président Biden refuse de renverser les principes constitutionnels américains et de piétiner les règles démocratiques et l’indépendance de la justice à un moment où l’heure est grave pour les libéraux-progressistes.