Comme prévu, la direction du Nouvel Observateur a été poussée vers la sortie en vue du rachat du titre par le trio Bergé-Niel-Pigasse.
Ainsi Nathalie Collin, directeur général, et Laurent Joffrin, directeur de la rédaction, tous deux coprésidents du directoire, ont-ils annoncé mercredi 12 mars leur démission. Cette démission intervient suite « à la réalisation de l’opération d’acquisition du Nouvel Observateur par LML de manière à laisser la place à une nouvelle gouvernance et une nouvelle équipe », annonce le communiqué.
Claude Perdriel, propriétaire du magazine, et les futurs actionnaires du groupe Le Monde Libre (LML) « ont remercié (…) de leur collaboration et de leur travail ces dernières années ». « Par ailleurs, Claude Perdriel et les trois associés de LML ont indiqué qu’ils souhaitaient que Laurent Joffrin, qui a accompagné le développement du journal depuis 1988, puisse poursuivre sa collaboration dans les pages du “Nouvel Observateur” en tant qu’éditorialiste », proposition qu’il a accepté. « Dans l’attente de la nomination d’un nouveau Directoire, Laurent Joffrin garde toutes ses responsabilités à la tête du journal », conclut le communiqué. La transition se fera à la mi-avril, quand l’Autorité de la concurrence aura validé le rachat du titre par le trio B‑N-P.
Ces derniers s’étaient entendus en janvier dernier avec Claude Perdriel pour racheter 65% des parts de l’hebdomadaire pour un prix « symbolique » de 13,4 millions d’euros. Perdriel, le fondateur du titre, conservera 35%. « Quand il y a une cession majoritaire du capital dans une entreprise déficitaire, il n’est pas illogique qu’une dynamique nouvelle implique une nouvelle incarnation. Et pour créer une dynamique, mieux vaut qu’une nouvelle équipe soit en place lorsque la cession sera effective », a‑t-on réagi chez LML.
Un rachat qui a lieu dans une situation extrêmement difficile pour le premier magazine d’actualité français. Lourdement déficitaire, Le Nouvel Observateur a perdu 9,8 millions d’euros en 2013, a annoncé LML. Si ses ventes (500 000 par semaine) restent plutôt stables grâce à un grand nombre d’abonnés individuels (400 000), le journal souffre comme l’ensemble du secteur de l’effondrement du marché publicitaire. L’une des conditions données par Perdriel aux nouveaux propriétaires a d’ailleurs été que le rachat n’entraine pas de plan social.
Quoi qu’il en soit, suite aux démissions de Joffrin et Collin, Le Monde Libre veut un nouveau directoire, un tandem composé d’un gestionnaire et d’un responsable éditorial. Pour l’heure, aucun nom n’a filtré officiellement mais on parle déjà, pour la direction de la rédaction, de Renaud Dély (Obs), de Vincent Giret et Arnaud Leparmentier (Le Monde), ou encore de Matthieu Croissandeau (Le Parisien).
À 62 ans, Laurent Joffrin quitte le Nouvel Obs pour la troisième fois. Un départ qui, cette fois-ci, sera probablement sans retour. « Nous avons un pincement au cœur car Laurent Joffrin était très respecté. Qu’il reste comme éditorialiste est rassurant », a expliqué un journaliste à Média+. Un son de cloche différent s’est fait entendre du côté de Libération. Un salarié de l’Obs a affirmé qu’« il n’y avait plus d’adhésion à Joffrin au sein de la rédaction ». Côté direction, les relations entre Joffrin et Claude Perdriel s’était tendues ces derniers temps, entraînant des crises devant la rédaction au sujet des unes du magazine. Laurent Joffrin, directeur de la rédaction, reprochait en effet à Perdriel d’empiéter sur son domaine et de s’attribuer des pouvoirs éditoriaux.
Enfin, Matthieu Pigasse, de la banque Lazard, est en passe de devenir un magnat des médias. Déjà propriétaire des Inrocks, du journal Le Monde (avec Pierre Bergé et Xavier Niel) et actionnaire du Huffington Post, il pourrait être nommé à la présidence du conseil du Nouvel Observateur lorsque le rachat sera effectif…