L’été dernier, Mélenchon avouait rêver de devenir patron… de journal, en reprenant La Marseillaise. Il peut de nouveau y croire car le journal, déficitaire de 100 000 € en 2017, est à nouveau en danger de disparition. Un nouvel actionnaire, proche du Front de gauche – l’ancien parti de Mélenchon – a cependant été trouvé. Pour le dernier quotidien communiste du sud de la France, stop ou encore ?
La direction a lancé le 18 décembre un appel à soutien sous le hashtag #MarseillaiseVivra, avec association des amis, collectes, lotos, concerts etc. Le SNJ-CGT et la Filpac-CGT commentent : « l’appel à soutien lancé le 18 décembre par la direction pour la sauvegarde du titre provoque un sentiment ambivalent parmi les salariés du journal ». En effet pour les syndicats la direction est responsable de l’état du journal : « une gestion austère qui a apuré le passif, réduit les effectifs à l’os, avec une baisse du chiffre d’affaire et toujours pas d’investissement à la hauteur du projet. Lorsque les salariés ont l’audace d’expliquer qu’un autre avenir est possible, la direction reste sourde ». Quelle direction d’ailleurs ? Il y a eu trois directeurs généraux en deux ans…
En novembre 2014 déjà, la Marseillaise s’était placée en redressement judiciaire, après avoir enregistré 1,5 millions d’€ de pertes dans l’année, ajoutés aux deux autres millions perdus au cours des cinq ans précédents. Six mois plus tard, elle était reprise par les Éditions des Fédérés, dirigées par Pierre Dharréville, secrétaire départemental du PCF des Bouches du Rhône. Le journal restait donc dans le giron des communistes, perdant au passage 91 de ses 208 postes, puis 27 de plus l’année suivante. Le nouveau repreneur avait aussi prévu d’externaliser l’imprimerie et de supprimer le service photo, tout en injectant 700 000 € dans les fonds propres du journal.
Un nouvel actionnaire dans la com’ dirigé par un ancien journaliste communiste
Un nouvel actionnaire s’est déclaré pour la Marseillaise en difficulté financière. Il s’agit du groupe Médias, présidé par Jean-Marc Behar, spécialisé dans la communication des villes et des collectivités. La période d’observation du titre a été prolongée de six mois après que le groupe Médias ait investi 300 000 € dans le journal marseillais.
Jean-Marc Behar est lui-même un ancien journaliste à 93 Actualité, puis 93 Hebdo, journal local proche du Parti Communiste. Libertés n°16 (décembre 1980) dresse la liste détaillée de l’Empire, l’appareil du PCF de A à Z. A la page 15 on trouve les journaux locaux, en Seine-Saint-Denis il y a 93 actualités, qui disposent de deux sous-éditions, La Voix de l’Est (Montreuil-Aubervilliers) et La Renaissance Seine-Saint-Denis (Montfermeil), mais aussi le Réveil de Saint-Ouen. Jean-Marc Behar a d’ailleurs légué son fonds de 380 photographies (1972–1995) aux archives de Seine-Saint-Denis (cote 68 Fi) où il figure aux côtés des fonds de L’Huma et de ses correspondants.
Parmi les références du groupe, les villes communistes d’Aubervilliers, Bezons, Champigny-sur-Marne, Gennevilliers, Martigues, Montreuil, et les deux départements de Seine-Saint-Denis et du Val de Marne. Dans l’équipe on trouve Farid Aïd, d’origine algérienne et tête de liste Front de Gauche à Pierrefitte en 2014, Lauriane Arguel, qui compte parmi les initiateurs d’une pétition du PCF de Nîmes en 2008, Waldeck Marignan, ancien maire adjoint de Vaulx-en-Velin – commune historiquement communiste passée au PS en 2014, Marc Poggiale, élu PCF à la métropole Aix-Marseille, ou encore David Vadillo, premier adjoint au Blanc-Mesnil en 2010 et élu communiste.
Bref, des communistes, dirigés par un ancien journaliste communiste, qui soutiennent un journal communiste. À cette fine équipe il ne manque qu’un patron emblématique, quelqu’un qui se verrait (en toute modestie) comme un Jean-Jaurès post-moderne… pourquoi pas Mélenchon ?
Crédit photo : DR La Marseillaise, via Facebook