Le fonctionnaire de « l’information certifiée »
Julien Pain est une énigme : comment ce défenseur de la liberté d’expression à Reporters sans frontières (RSF) est-il devenu ce journaliste traqueur de « fausses informations » sur internet ? Qu’est-ce qui a pu faire qu’en quelques années Julien Pain passe du combat contre la censure à celui d’une information certifiée ?
Pour comprendre son parcours, il faut garder une boussole, celle de Reporters sans frontières et des ses réseaux politiques, économiques, médiatiques, des faux-semblants idéologiques (néo-conservatisme) de RSF dénoncés par ses opposants, et de ses évolutions « vers la lutte contre la désinformation et les contenus manipulatoires » avec le Journalism Trust Initiative (JTI), une norme ISO journalistique.
Portrait vidéo
Formation
À part un CV qui traîne sur internet, Julien Pain n’est pas disert sur son parcours scolaire ou sur sa famille. Né en 1975, après un diplôme de relations internationales obtenu à l’Institut d’Études Politiques d’Aix-en-Provence, il fonde en 2000 le site waterlitz.com (revendu quelques mois plus tard), spécialisé dans le e‑learning, avant de devenir (de 2000 à 2003) responsable des sites Internet lerevenu.com et aerospacemedia.com pour Le Revenu français éditions et pigiste pour « Stratégies Environnement. »
Vie privée
Côté vie privée, Julien Pain est pacsé avec Cécile Marin, une ancienne de Reporters sans frontières, responsable du développement de Sciences Po Paris à l’international et également membre de l’Institut Montaigne, laboratoire d’idées libéral.
Parcours professionnel
2003–2007 : responsable du bureau Internet et libertés à Reporters sans frontières
Julien Pain devient en 2003 le responsable du bureau Internet et libertés (défense de la liberté d’expression sur Internet) à Reporters sans frontières, fondé par Robert Ménard (ONG dont la mission est « d’agir pour la liberté, le pluralisme et l’indépendance du journalisme »). Rédacteur du site de Reporters sans frontières, il est notamment l’auteur du rapport 2004 « Internet sous surveillance. », du « Guide pratique du Blogger et du Cyberdissident » en 2005 écrit avec le soutien du ministère français des Affaires étrangères et de la Caisse des dépôts et consignations, « Internet à Cuba : Un réseau sous surveillance » avec Claire Voeux en 2006.
RSF et le carnet d’adresses de Robert Ménard ont sûrement été un catalyseur pour la carrière de Julien Pain, car le « chasseur de fakes news » a eu la chance de rencontrer dans ses missions au siège parisien de l’ONG (acheté par le milliardaire François Pinault) ou dans le monde entier (voir colloques/conférences), des responsables politiques, économiques, médiatiques et institutionnels (l’UNESCO par exemple) de premier plan qui ont tous contribué au développement de RSF. À l’époque de Julien Pain (2003–2007), Robert Ménard « s’appuie (…) pour relayer ses combats sur la comédienne Carole Bouquet, Patrick Poivre d’Arvor, Christine Ockrent en passant par le photographe Yann Arthus-Bertrand, les people n’hésitent jamais à lui venir en aide. » (source) Robert Ménard, explique ces différents soutiens politiques, économiques, médiatiques, comme un choix de sa part, celui de de ne parler de la liberté d’expression et des dérives de la presse française afin de ne pas « mécontenter certains journalistes, de nous mettre à dos les grands patrons de presse et de braquer le pouvoir économique. Or, pour nous médiatiser, nous avons besoin de la complicité des journalistes, du soutien des patrons de presse et de l’argent du pouvoir économique » (source).
Des fonds, RSF en dispose beaucoup et de milieux que l’on soupçonneraient pas mettre la main à la poche pour financer une ONG qui se veut le poile à gratter des États. Pourtant, les révélations de l’écrivain et cyberjournaliste Maxime Vivas, dans le livre « La Face cachée de Reporters sans frontières. De la CIA aux faucons du Pentagone » publié en 2008 et couvrant la période de travail (2003–2007) de Julien Pain au sein de la cette ONG sont sans ambiguïté. Devant cette enquête gênante pour Reporters sans frontières, la presse française a oscillé entre moquerie ou le silence. Pourtant, il y a des révélations intéressantes qui n’ont jamais vraiment été démenties (« Robert Ménard assure donc que les accusations de financement par la CIA, que développe Maxime Vivas, sont fantaisistes », source) et qui éclairent d’un jour nouveau le parcours professionnel de Julien Pain, c’est la proximité financière et idéologique entre Reporters sans frontières et les réseaux néo-conservateurs américains et leurs affidés français. Ainsi, ce livre dévoile le financement par des organisations écrans de la CIA ( « agences de renseignement des États-Unis, chargée de l’acquisition du renseignement notamment par l’espionnage et de la plupart des opérations clandestines effectuées hors du sol américain. » source) comme le Center for a Free Cuba, la National Endowment for Democracy (NED) via l’United States Agency for International Development (USAID) mais aussi l’Open Society Institute du milliardaire George Soros ! Ce ne sont pas les seuls sponsors évidemment puisque nous retrouvons ainsi la Fondation de France, le Sigrid Rausing Trust, Sanofi-Aventis, groupe espagnol Zeta, Benetton, Endemol mais aussi la Commission Européenne qui assure 15 % de ses financements à cette époque et les gouvernements de Chirac (1995–2007) et Sarkozy (2007–2012) qui apportent environ 10 % du budget (source).
Outre le financement de RSF et la justification de Robert Ménard de ne pas attaquer certains secteurs pour ne pas se couper de leurs soutiens financiers ou médiatiques, la deuxième accusation à l’encontre de Reporters sans frontières portait par le livre « La Face cachée de Reporters sans frontières. De la CIA aux faucons du Pentagone. » concerne son orientation géopolitique néo-conservatrice (monde unipolaire avec pour leader mondial les Etats-Unis qui sont les gendarmes du monde) avec ses « hargnes sélectives » et ses « indulgences infondées. » En clair, RSF ne serait pas exhaustif dans sa dénonciation de la censure et des violences à l’encontre des journalistes, ne mettant le focus que sur certains pays comme la Chine, Cuba, l’Iran, la Russie, le Vénézuela, l’Egypte, la Biélorussie, la Corée du Nord, ou l’Ouzbekistan, qui ont tous la particularité à l’époque de refuser l’hégémonie américaine et d’être désignés comme les ennemis des Etats-Unis (« l’axe du Mal » et « l’avant-poste de la tyrannie »). L’auteur du livre montre clairement que les exactions des troupes américaines ou de l’OTAN contre des journalistes en Serbie en 1999, en Afghanistan ou en Irak sont le plus souvent travestis ou passés sous silence. Julien Pain va donc officier au milieu d’une petite équipe de 25 salariés qui assuraient le fonctionnement de Reporters sans frontières à l’époque, comme responsable du bureau Internet et libertés, faisant la promotion de la liberté d’expression sur internet et aidant les cyberblogger à contourner la censure. Le « chasseur de fake news » va donc suivre à la lettre la ligne de RSF en s’attaquant principalement aux « dictatures 2.0 » (source) comme la Chine (« si l’on établissait un classement des censeurs du Réseau, la Chine serait sans conteste la championne du monde. ») qui allait accueillir les Jeux Olympiques en 2008, et aux autres « ennemis d’internet » que sont l’Iran et la Biélorussie (source).
2007–2016 : Créateur et présentateur de l’émission « Les Observateurs » sur France 24
Quelques mois après l’élection de Nicolas Sarkozy, chef de file du courant néo-conservateur français, Julien Pain est recruté en 2007 par la chaîne de télévision d’information internationale en continu, France 24, afin de présenter l’émission Les Observateurs. Devenu journaliste payé par l’État français, (un “fonctionnaire-journaliste” peuvent dire les mauvaises langues), Julien Pain y applique son idée en germe à RSF (voir « Guide pratique du blogger et du cyberdissident ») de diffuser des images amateurs de cyberblogger-observateur (est-ce les mêmes que ceux aidés par Julien Pain lors de son passage à RSF ?) en les décryptant avec l’aide de deux autres journalistes. Au même moment, la ligne éditoriale de France 24 change, les derniers restes de la politique chiraco-gaullienne (indépendance de la France) sont balayés et elle s’infléchit désormais vers un néo-conservatisme à la sauce française. En 2008, le journaliste Richard Labévière accusera Christine Ockrent, directrice générale de France 24 et femme du ministre des Affaires étrangères de l’époque, Bernard Kouchner, de l’avoir licencié afin « mettre au pas l’Audiovisuel extérieur de la France, RFI et TV5 Monde – à France 24, le travail est déjà fait » avec l’aide « du publicitaire Alain de Pouzilhac » pour « imposer une lecture et une pensée unique résolument néoconservatrice et pro-israélienne. » (source).
Cette orientation n’a pas l’air de gêner Julien Pain puisqu’elle correspond peu ou prou à celle de ses années à Reporters sans frontières. Il a d’ailleurs la chance de retrouver à France 24 Christine Ockrent, soutien médiatique de RSF et de voir son ancien président (et ami ?) durant 4 ans, Robert Ménard, être fait chevalier de la Légion d’honneur par le président de la République Nicolas Sarkozy en 2008.
L’émission « Les Observateurs » n’échappe donc pas à cette inclinaison néo-conservatrice notamment sur la guerre en Syrie, la situation politique en Iran, en Russie ou en Chine. Ces quatre pays sont systématiquement dénigrés avec des sujets comme « Mauvais traitements en Syrie » (source), « les vidéos de tortures se propagent sur le Net syrien » (source), « Crise de solidarité en Chine » (source), « pénurie en Syrie et tout nu pour la liberté en Chine » (source), « Marasme économique en Iran et étranges preneurs d’otage en Syrie » (source), « fraudes électorales en Russie (source), etc. Évidemment, ce ne sont pas les seuls pays abordés dans cette émission mais il y a clairement un parti pris de diaboliser à intervalle régulier les pays ennemis des États-Unis.
À partir de 2016 : rédacteur en chef et présentateur de l’émission Vrai ou Fake, sur la chaîne FranceInfo
Après le journalisme citoyen et sa première « initiation au “fact-checking” (notamment la vérification des images) » à France 24 (source), Julien Pain est devenu à partir de 2016 l’un des vérificateurs des faits (« fact-checkers ») les plus emblématiques du paysage audiovisuel français (PAF) comme rédacteur en chef et co-présentateur avec Lisa Beaujour de l’émission « Vrai ou Fake » sur la chaîne d’information en continu FranceInfo. Le titre « Vrai ou Fake » est devenu, d’ailleurs, l’emblème de la lutte contre la désinformation sur le service public puisque c’est aussi le nom de « l’espace de fact-checking (site internet et application) de lutte contre les fausses informations et les rumeurs » rassemblant « des contenus produits par Radio France, France Télévisions, France Médias Monde, l’Institut national de l’audiovisuel, Arte et TV5MONDE » lancé en 2018.
Avec ce dispositif, France Info « réaffirme sa politique de certification de l’information. » (source) #VraiOuFake est aussi le « nom donné à un dispositif d’ampleur sur l’ensemble des environnements de France Télévisions » en novembre 2022 afin de « pour lutter contre les “fake news” notamment sur les réseaux sociaux. » avec le soutien de « l’ensemble des programmes (les JT, les magazines d’information sur France 2, France 3 et France 5) ». Le but de ce dispositif est de « donner les outils et les clés de compréhension au plus large public pour décoder les fausses informations. » (source). Au cours de cette opération, Julien Pain a réalisé une vidéo pour soutenir cette « initiative exceptionnelle » et sur sa chaîne, FranceInfo, #VraiOuFake a été le fil rouge tout au long de la journée de lancement.
En parallèle, Julien Pain a participé avec France Télévisions a « l’opération de terrain partout en France avec le Tour de France de l’EMI (Éducation aux médias et à l’information) et de la citoyenneté, aux côtés du Ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, des réseaux académiques de l’EMI et le CLEMI. » (voir § Colloques/évènements)
Les sujets abordés par « Vrai ou Fake » sont dans la continuité de ceux traités par France 24. Au niveau international, Julien Pain garde ce tropisme néo-conservateur américain, la Russie étant l’une des cibles récurrentes de ses émissions avec des sujets comme les « mensonges russes », « l’influence russe en France », « les prorusses français », « les soutiens français du Kremlin ». Et quand ce ne sont pas des émissions qui attaquent frontalement la Russie, la guerre entre l’Ukraine et la Russie permet d’en rajouter une nouvelle couche (« la propagande russe atteint des sommets de cynisme ») en attaquant indirectement avec des sujets comme la « désinformation sur l’Ukraine », « Ukraine, des bombes et des intox », « manipulations sur l’Ukraine », « intox sur l’Ukraine », etc.
La deuxième marotte de Julien Pain concerne le mouvement contestataire contre les mesures de restriction des libertés durant la période du Covid (2020–2022) et sa vaccination avec « la chasse aux intox sur le coronavirus », « ils nous désinforment sur la pandémie », « spéciale Hold up », « les intox sur la campagne de vaccination », « les intox sur la pandémie », « les intox sur la campagne de vaccination », « les intox sur la pandémie », « la France vers une dictature sanitaire ? », « l’efficacité des vaccins ? », « les fausses informations de la pandémie », « enquête sur l’origine du virus », « désinformation sur le virus », « la propagande anti-vaccins », « on nous ment sur les vaccins », etc…
Le troisième sujet abordé très régulièrement, ce sont les complotistes et l’extrême-droite avec des sujets comme « comment sortir du complotisme ? », « Qui sont les catholiques complotistes ? », « les réseaux de désinformation », « Éric Zemmour fait de la désinformation ? », « les intox sur [de] l’extrême droite », « extrême droite et désinformation ».
Cette chasse aux fausses informations va mettre plusieurs fois Julien Pain devant ses propres failles. L’un des exemples emblématiques est son tweet de mai 2021 expliquant « non, le pass sanitaire ne sera pas un passeport vaccinal et n’imposera pas la vaccination. Et non il ne faudra pas le présenter pour aller au restaurant… »
Beaucoup d’inquiétudes autour du pass sanitaire. Certaines complètement légitimes. D’autres non. Par exemple, non, le pass sanitaire ne sera pas un passeport vaccinal et n’imposera pas la vaccination. Et non il ne faudra pas le présenter pour aller au restaurant… #VraiOuFake pic.twitter.com/3klqThPr7a
— Julien Pain (@JulienPain) May 6, 2021
Il sera démenti le 12 juillet 2021par Emmanuel Macron qui imposera le passe sanitaire pour aller au restaurant et le transformera après en passe vaccinal. Nous pourrions continuer avec la théorie complotiste pour Julien Pain du « Covid issu d’un laboratoire et créé par l’homme » en avril 2020 mais qui deviendra une hypothèse possible pour le « chasseur de fausses informations » en novembre 2020.
Colloques / événements
2022–2023
Intervenant au « Tour de France de l’EMI (Éducation aux médias et à l’information) et de la citoyenneté » organisé par France Télévisions, en lien avec le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse et le CLEMI (Centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information) afin de « lutter contre le fléau de la désinformation et accompagner les enseignants dans l’éducation aux médias. » Ces différentes interventions partout en France « entrent dans le cadre des plans académiques de formation des enseignants et leur permettent ainsi de transmettre aux élèves toutes les clés de compréhension des médias, afin de développer leur esprit critique. » (source). Julien Pain co-anime par exemple à Rennes, l’atelier « EMI et fake news » avec un professeur d’un collège de Vern-sur-Seiche (35) et il est président du jury lors de la 15ème édition des Assises internationales du journalisme à Tours.
2021
Participant à la 32ème édition de la Semaine de la presse et des médias dans l’École, (« S’informer pour comprendre le monde ») avec un Facebook live sur le thème « s’informer sur les réseaux sociaux : une affaire de famille ! » organisé par La Caisse nationale d’allocations familiales (CAF) et le CLEMI.
2019
Novembre : participe au colloque « Les identités meurtrières dans l’Europe du XXIe siècle » organisé par l’Institut de Recherche et d’Études sur les Radicalités (INRER), présidé par Isabelle Kersimon, sur le thème « Problématiques informationnelles à l’ère des réseaux sociaux.» (source). À noter, les allocutions de Johanna Barasz, déléguée adjointe à la Dilcrah, de Jean-Yves Camus, directeur de l’Observatoire des radicalités de la Fondation Jean-Jaurès, chercheur à l’Iris, de Dominique Sopo, président de SOS Racisme, de Noémie Madar, présidente de l’UEJF, et d’un responsable de la Licra.
2015
Julien Pain participe au livre « Plaider pour la liberté: 20e anniversaire de la Journée mondiale de la liberté de la presse » (source) de l’UNESCO avec un article « Journalistes, cessez d’innover : vérifiez ! »
2009
Participe au Colloque « Droits et libertés dans la société numérique » organisé par Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’État chargée de la Prospective et du développement de l’économie numérique, sur le thème « Internet, quels progrès pour la démocratie ? »
2007
Jury au Big Brother awards, organisés par Privacy international, une organisation indépendante et non-gouvernementale créée en 1990 aux États-Unis, présente en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. Les autres membres du jury étaient Hélène Franco, secrétaire générale du Syndicat de la Magistrature, Yannick Kergoat, de l’association Action-critique-médias (Acrimed).
Modérateur lors du colloque « New Media: The Press Freedom Dimension, Challenges and Opportunities of New Media for Press Freedom » organisé par l’UNESCO (source). Il écrit un article « Circumventing Censorship » (contourner la censure) pour l’Association mondiale des journaux et éditeurs de nouvelles (WAN-IFRA).
2005
Novembre : signature d’une déclaration de 25 fonds d’investissement nord-américains, australiens et européens, qui gèrent plus de 21 milliards d’actifs, dans laquelle ils affirment leur engagement en faveur de la liberté d’expression et s’engagent entre autres à surveiller l’activité des entreprises du secteur de l’internet dans les pays répressifs.
Février : conférence de presse à Genève afin de dénoncer le « rôle prépondérant joué par les États les moins respectueux de la liberté d’expression » dans la préparation du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) de l’ONU.
Février : panéliste lors de la Conférence internationale sur la liberté d’expression dans le cyberespace à Paris organisée par la Division de la liberté d’expression, de la démocratie et de la paix du Secteur de la communication et de l’information (CI/FED) de l’UNESCO à Paris. Il intervient sur le thème « Libre Internet – libres médias. » À cette occasion, Julien Pain « a sévèrement critiqué les efforts des autorités russes pour interdire l’accès aux sites séparatistes tchétchènes sur l’Internet. (…) Il a invité l’UNESCO et toutes les institutions qui militent pour la liberté de la presse à ne rien céder sur le principe de la liberté d’expression. Il a également souhaité que la liberté de la presse s’ applique également à la nouvelle génération d’informateurs sur la Toile, qui étaient actuellement très exposés face à la volonté de censure des autorités. Même si certains d’entre eux avaient encore bien du chemin à faire pour acquérir le niveau de professionnalisme des journalistes aguerris, ils avaient droit à la même protection que ceux qui travaillent pour Le Monde ou le Financial Times. » (source).
Il a dit
« Malgré cela, reconnaissons que les blogs sont un formidable outil pour la liberté d’expression. Ils ont délié les langues des citoyens ordinaires. Ceux qui jusqu’à présent n’étaient que des consommateurs d’information sont devenus les acteurs d’une nouvelle forme de journalisme, un journalisme « à la racine » selon les termes de Dan Gillmor (Grassroots journalism — voir le chapitre Quelle éthique pour les bloggers ?), c’est-à-dire fait « par le peuple et pour le peuple ». Dans les pays où la censure est reine, lorsque les médias traditionnels vivent à l’ombre du pouvoir, les bloggers sont souvent les seuls véritables journalistes. Ils sont les seuls à publier une information indépendante, quitte à déplaire à leur gouvernement et parfois au risque de leur liberté. (…)
La plupart des régimes autoritaires de la planète cherchent aujourd’hui à contrôler les informations auxquelles accèdent leurs internautes. Ils parviennent de mieux en mieux à purger le Web de celles qui les dérangent, le plus souvent grâce à des technologies achetées à des entreprises américaines. Si l’on établissait un classement des censeurs du Réseau, la Chine serait sans conteste la championne du monde. Mais la compétition s’est faite plus rude ces dernières années. En matière de censure, chacun des pays de cette liste – qui est loin d’être exhaustive – a son style et sa tactique, mais tous n’ont qu’une idée en tête : garder le contrôle du jeu. (…)
Bref, avant de s’aventurer à créer un blog en Chine, mieux vaut se renseigner sur les consignes de sécurité à respecter. Chez ce champion du monde de la censure, les bloggers se doivent d’être malins et prudents. »
Guide pratique du blogger et du cyberdissident, RSF, septembre 2005
« La plupart des régimes autoritaires de la planète cherchent aujourd’hui à contrôler les informations auxquelles accèdent leurs internautes. Ils parviennent de mieux en mieux à purger le Web de celles qui les dérangent, le plus souvent grâce à des technologies achetées à des entreprises américaines. Si l’on établissait un classement des censeurs du Réseau, la Chine serait sans conteste la championne du monde. Mais la compétition s’est faite plus rude ces dernières années. En matière de cen- sure, chacun des pays de cette liste – qui est loin d’être exhaustive – a son style et sa tactique, mais tous n’ont qu’une idée en tête : garder le contrôle du jeu. » Guide pratique du blogger et du cyberdissident, RSF, septembre 2005
« Bref, avant de s’aventurer à créer un blog en Chine, mieux vaut se renseigner sur les consignes de sécurité à respecter. Chez ce champion du monde de la censure, les bloggers se doivent d’être malins et prudents. » Guide pratique du blogger et du cyberdissident, RSF, septembre 2005
« “Nous allons à Athènes pour rappeler les entreprises à leurs responsabilités, leur dire que la censure de l’internet est une atteinte aux droits de l’Homme. » Guide pratique du blogger et du cyberdissident, RSF, septembre 2005
« “Le premier problème”, poursuit-il de Paris, siège de RSF, “ce sera l’autocensure. Pour les autres blogueurs, (ce jugement) sera une épée de Damoclès suspendue au-dessus de leur tête ». Guide pratique du blogger et du cyberdissident, RSF, septembre 2005
« “Mais on ne peut pas vraiment dire que l’internet est de plus en plus libre, car parallèlement au développement de ce journalisme citoyen, le gouvernement trouve les moyens de parer ou de censurer le contenu », L’Orient Le Jour, 26/06/2007.
« On proteste contre la venue du président chinois [Hu Jintao] car son pays est la plus grande prison du monde. On trouve ridicule et scandaleux que le président Chirac fasse des déclarations et apporte à ce point-là son soutien à Hu Jintao. » « Des militants de RSF manifestent contre la venue de Hu en France », La Presse Canadienne, 27/01/2004.
« D’autres pays s’inscrivent plutôt dans une stratégie de filtrage, de contrôle des communications, et parfois de manipulation. Ainsi, la Chine est particulièrement montrée du doigt par RSF. La “méthode chinoise”, comme la désigne Julien Pain, responsable Internet et libertés de RSF, est ” plus sophistiquée et plus coûteuse”. Egalement adoptée par des pays comme l’Arabie saoudite ou Singapour, elle consiste à mettre en place tout un dispositif technologique visant à surveiller les cyberdissidents, à filtrer et censurer les sites indésirables pour ces gouvernements, ou même à manipuler les forums d’expression. Cette approche permet à ces pays de continuer à utiliser Internet comme outil de développement économique. », ess-et-societe.net, 13/08/2004.
« On explique donc comment publier de manière anonyme sur le web. Mais il faut être clair, il s’agit de conseils, de mesures de base à respecter pour ne pas se faire attraper au premier post («contribution»), cependant, il n’existe pas de recette miracle. En face, l’adversaire, c’est un Etat qui a de toute façon beaucoup plus de moyens qu’un weblogueur ou un internaute. On explique également comment déjouer la censure pour que le blogueur ait lui-même accès à une information indépendante. Ce livre donne des astuces pour contourner les différents filtres mis en place par les États. », Libération, 22/09/2005.
« Mais quel crédit accorder aux blogs ? « La fiabilité n’est pas toujours vérifiable, c’est vrai, confirme Julien Pain. Mais quand on risque sa vie pour donner des informations, cela donne un certain crédit au contenu. » « Blog sans frontières contre la censure politique », Ouest-France, 07/10/2005.
« Les Chinois ont créé une police spéciale de l’Internet, explique Julien Pain, de RSF, responsable du rapport. Elle filtre des milliers de sites [dont celui de Libération et le blog de son correspondant à Pékin, ndlr] et bloque des centaines de mots clés. Ce sont ceux qui sont allés le plus loin dans l’automatisation de la censure. », Libération, 17/11/2005.
« La Chine est de plus en plus efficace à censurer.», Libération, 15/02/2006.
Le bon côté de la dictature chinoise : « Il y a autre chose qui rend les choses plus compliquées, la Chine c’est un régime extrêmement autoritaire, le bon côté avec un régime autoritaire c’est quand il faut mettre une ville de 11 millions d’habitants en quarantaine on ne se pose pas de questions, il n’y a pas de discussions au parlement, on le fait. En France, on imagine bien que serait été plus compliqué. », FranceInfo, 30/01/2020.
« La Russie a compris depuis longtemps comment influencer par les fakes news nos démocraties occidentales ?
Julien Pain : C’est une vieille stratégie russe.(…) Ils ont une machine de propagande qui est très bien réglée et il l’utilisait en France au moment des gilets jaunes et on ne s’en rendait moins compte. Au moment des gilets jaunes, quand on allait dans les manifs, on voyait constamment des journalistes de RT [Russian Today] qui suivaient les manifestations en direct, on se disait c’est pour faire de l’audience. Mais non, il y avait déjà un plan de la part des Russes, parce que créer du clivage, créer de la contestation, du mouvement anti-système, les Russes ils n’attendaient que ça. Tout est né à ce moment là et cela a continué jusqu’à aujourd’hui. » L’inquiétante vague de la désinformation — Julien Pain — C à Vous, 07/04/2023.
« Il y a déjà des initiatives qui existent, même au niveau mondial, pour unir les fact chekers. Ce sont des Américains qui ont commencé à lancer ça, on se retrouve chaque année, tous les fact chekers du monde entier, (…) les décodeurs et libé ils viennent à ces réunions avec moi. On se retrouve tous ensemble et on essaie de réfléchir à des stratégies communes pour lutter contre les « fake news ». C’est encore balbutiant, on est au début, je ne peux pas dire qu’on est des projets extrêmement concrets tous ensemble mais au moins il y a du partage d’expérience, de partage de méthode. (…) Ce n’est qu’un début, mais c’est important que les journalistes échangent et s’aident sur ces sujets là. », Master Journalisme CY PARIS UNIVERSITE, 2018.
«Lorsque j’ai commencé le fact-checking, c’était par nécessité pour ma rédaction qui commençait à utiliser des images amateurs pour illustrer ses reportages. J’ai ainsi créé un service de vérifications de ces images afin d’en contrôler l’intégrité. », École de journalisme et de communication Genève.
« Je découvre un message qui circule sur les réseaux de désinformation. Je serais payé… par George Soros, donc un suppôt des Américains. Je suis désolé mais c’est beaucoup plus simple et moins intéressant que ça : je suis payé à 100%… avec vos impôts » Twitter, 27/10/2022.
« Et pour comprendre le raisonnement (enfin raisonnement…) qui les fait aboutir à mon lien avec les américains. C’est parce que j’ai débuté ma carrière à Reporters sans frontières, qui a reçu de l’argent de fondations liées à George Soros. » Twitter, 27/10/2022.
« Le journalisme professionnel est nécessaire, non pas parce qu’il est capable de s’adapter aux habitudes de ses clients, ce qui constitue une obligation économique, mais parce qu’il est lié de manière intrinsèque au fonctionnement authentique de la démocratie. Parce que sans vérification de l’information, il n’existe pas d’information fiable. Et faute d’information fiable l’usager reste un client, mais ne peut pas être un citoyen et électeur digne de ce nom parce que capable de comprendre le monde qui l’entoure. », « Plaider pour la liberté: 20e anniversaire de la Journée mondiale de la liberté de la presse », 2015.
« Comparez, variez les sources, regardez ce que les autres médias disent sur un sujet. Si aucun journal, aucune chaîne de télé, aucune radio n’a parlé d’une info, eh bien c’est probablement qu’elle est fausse. » Twitter, 26/10/2022.
« En revanche, des internautes peuvent avoir développé une expertise sur des points particuliers. Je crois que les journalistes ne sont pas des experts, mais des animateurs, et je préfère lire un expert de l’aéronautique que le texte d’un journaliste qui résumera une interview. » Droits et libertés dans la société numérique, actes du colloque du 25/06/2009.
« Cette expérience m’a laissé pétrifié. Pas parce que je me suis senti véritablement agressé par cette campagne — les insultes venant de cette horde raciste ne me touchent pas. Mais parce qu’elle m’a fait réaliser le pouvoir de ces quelques milliers de trolls sur l’univers de l’information. YouTube, Twitter, Facebook, sont les médias les plus influents aujourd’hui (même s’ils ne se reconnaissent pas comme tels). Les jeunes, mais pas que, voient le monde en grande partie à travers leur prisme. Si YouTube dit que la Terre est plate, que les immigrés nous submergeront en 10 ans, ou que les vaccins sont mortels, cette pensée s’insinue peu à peu dans les esprits. (…) Désormais, YouTube ne me répond plus, et pour être honnête je ne sais plus bien comment faire avancer les choses. Et pourtant cette expérience m’a fait réaliser à quel point les choses doivent changer. », profil Facebook de Julien Pain, 01/05/2019.
« Je crois que les ”intoxs“, il y a une idée reçue qui est que ça toucherait plus les jeunes… Alors oui, les jeunes, c’est en partie le cas. (…) Je crois que les plus gros partisans de la désinformation, ceux qui sont les plus virulents sur internet, ceux que vous voyez sur Facebook sur Twitter et qui postent le plus de fausses informations… ce ne sont pas les plus jeunes : c’est souvent des gens contraires plus âgés. C’est ça qui est peut-être le plus inquiétant je trouve en ce moment : c’est qu’il y a un vrai développement du complotisme, des gens qui croient en des fausses informations de façon presque viscérale et qui essaient de convaincre les autres. » radiodkl.com, 03/12/2021.