Julian Assange était prisonnier à l’ambassade d’Équateur à Londres depuis 2012. À la suite de l’élection en avril 2017 du nouveau président équatorien libéral, Lenin (sic) Moreno, qui a défini Assange comme « un caillou dans la chaussure » (a stone in the shoe), le lanceur d’alertes était victime de brimades et espionné par des caméras introduites dans sa chambre.
Vidéos d’Assange en vente à Madrid
Le Guardian de Londres dans son édition numérique du 10 avril 2019 révèle que des individus proposaient à Madrid (contre rémunération) des vidéos de Julian Assange prises à son insu. Ces vidéos qui incluent une partie audio reprennent des entretiens d’Assange avec ses avocats et avec son médecin.
Un de ses avocats, Maître Robinson a décrit cette surveillance comme « une sévère atteinte au privilège de confidentialité entre un client et son avocat, une atteinte qui affaiblit la défense dans son travail ». Des rumeurs persistantes depuis mars 2019 indiquent que le gouvernement équatorien envisage l’expulsion d’Assange car ce dernier « met en danger les bonnes relations entretenues avec le Royaume Uni, d’autres États de l’Union Européenne et d’autres pays ». On peut y voir la pression des États-Unis qui ont toujours manifesté la ferme volonté de voir Assange, extradé, jugé et condamné à la prison à vie ou exécuté pour haute trahison. En novembre 2018, la mère de Julian Assange avait lancé un appel au secours estimant la vie de son fils en danger.
Expulsion et arrestation en attendant l’extradition
Le 11 avril 2019, les caméras assistaient en direct à l’expulsion manu militari d’un Assange très affaibli par une cohorte de membres de l’ambassade immédiatement relayés par des policiers britanniques. Dans la foulée les autorités suédoises annonçaient qu’une vieille affaire pour « viol » (des rapports consentis avec des « préservatifs défectueux ») serait réactivée, les autorités américaines demandaient son expulsion qui serait examinée par le système judiciaire britannique. Rappelons ce que nous écrivions en décembre 2018 :
« Imaginez que vous êtes enfermé dans une pièce exigüe de quelques mètres carrés pendant plus de 2.200 jours, sans jamais sortir, sans prendre l’air, sans famille ni amis, dans quel état seriez-vous ? Assange est malade physiquement et psychologiquement.
Comme le note son successeur à la tête de Wikileaks, l’islandais Kristinn Hrafnsson, après une visite à l’ambassade : ses conditions se sont durcies de manière telle qu’Assange est véritablement dans une prison avec des gardiens équatoriens devenus hostiles. Il ajoute « Ils veulent briser Assange, le détruire ». Qui est ce « Ils »? L’État profond américain, secondé par les services britanniques aux ordres et nolens volens l’Équateur, un très petit État qui peut subir de multiples pressions ».
Tout était déjà dit. La France s’honorerait à demander une véritable protection judiciaire pour Julian Assange, nous y reviendrons.