Justine et Brhane, une histoire d’amour « comme les autres »… qui méritait pourtant un article dans Nord Littoral.
Publiée le 13 mars dernier dans le quotidien régional nordiste, cette banale histoire fait figure d’ovni dans la presse. On y lit le récit d’une rencontre entre Justine, bénévole à l’association Salam, et Brhane, un Érythréen qui a fui son pays.
« Ça a été très fort tout de suite », nous raconte la jeune infirmière. « J’ai repéré Justine dès les premiers jours où je me suis rendu à la distribution des repas… et un jour elle m’a regardé plus longtemps que d’habitude », ajoute Brhane, sans doute pour apporter un complément d’information capital pour les lecteurs de Nord Littoral.
Puis vient le temps des premiers mots, du premier baiser, de l’amour caché qui durera quelques années. Un jour, « dans le squat où Brhane vit, un Érythréen perd un œil, blessé par un raciste », mince alors ! Ça, il fallait le noter. D’autant que depuis que leur relation est devenue publique, « le couple a dû faire face à des regards, des insultes ».
Mais tout ça n’est rien. « Rien n’est impossible à l’amour. Pas de frontières. Pas de barrières », s’emporte la journaliste, Delphine Kwiczor, avant de conclure, le cœur noué : « Ces deux-là s’aiment, sincèrement. Rien n’est impossible. » On aura compris.
Comment un article pareil, à la valeur informative proche du néant, a‑t-il pu paraître dans un quotidien généraliste tel que Nord Littoral ? Certes, l’histoire de nos deux tourtereaux sera contée prochainement dans une lecture théâtrale par « la Calaisienne Véronika Boutinova », ce qui constitue sans doute le prétexte et la raison d’être de cet article « WTF », comme disent les trolls.
Mais après une lecture attentive, cette parole de Justine interpelle : « En France, il y a encore les étiquettes “il te prend pour les papiers” »… le voilà donc sans doute, le but idéologique moteur : briser les étiquettes ! Car comme nous le dit le quotidien, qui a poussé l’investigation journalistique au point de sonder les cœurs, « ces deux-là s’aiment, sincèrement ».
Ils s’aiment et ils montrent au monde que les clichés sur les mariages gris ont la vie dure. N’oubliez jamais : l’amour est plus fort que tout ! Prochain épisode : l’amour sincère et profond d’un migrant libyen pour ses 9 épouses…
Voir aussi : Marseille : French Disconnection. Plus belle la vie ou le réalisme socialiste 2.0.
Dessin : © Milady de Winter pour l’Ojim