Il y a deux ans, l’afro-américain Jacob Blake était neutralisé par la police à Kenosha, dans l’État du Wisconsin, après avoir eu un comportement menaçant envers les officiers. Des émeutes avaient alors enflammé la ville et de nombreux activistes de Black Lives Matter s’étaient livrés à des pillages.
C’est dans ce contexte que Kyle Rittenhouse, jeune américain de 17 ans proche des milieux conservateurs, était sorti dans la rue pour aider et protéger, selon ses dires, les commerçants victimes d’agression par les émeutiers. Armé d’un fusil d’assaut AR-15, Kyle était présent sur un site de pillage lorsque plusieurs antifa, proches de BLM, commencent à s’en prendre à lui violemment. Face à la tournure que prennent les évènements, Kyle fait usage de son arme, tue deux de ses agresseurs et blesse très sérieusement le troisième. Vendredi 19 novembre 2021, après des mois d’ultra-médiatisation et lors d’un procès suivi par des millions d’américain, Kyle Rittenhouse est finalement acquitté par la justice après avoir plaidé la légitime défense.
Fatalement, cette décision risque d’hérisser les poils d’une bonne partie de la presse nord-américaine qui n’a cessé, depuis le déroulé des évènements, de faire passer le jeune Kyle pour un excité de la gâchette issu des mouvements suprémacistes blancs. Cette vaste campagne de propagande risque, s’il le décide, de coûter des dizaines de millions de dollars aux organes de presse qui ont diffamé Kyle et fantasmé sur son parcours.
Les agresseurs « oubliés »
De grands noms médiatiques d’Outre-Atlantique comme le Washington post, CNN, le NY-Times ou encore NBC se sont empressés de livrer une version des faits quelque peu biaisée sur les évènements de Kenosha. Les grands titres n’ont pas hésité à avancer l’idée que Kyle Rittenhouse était un membre des « Proud Boys », cette milice conservatrice qui soutient Donald trump, ou encore qu’il était sciemment venu d’un autre État pour tirer sur des membres de Black Lives Matter. Se livrant également au mensonge par omission, la plupart des journalistes ont sciemment omis de parler des agresseurs antifas. Rappelons que sur les trois assaillants, qui ont eux-mêmes provoqué cette escalade de violence, l’un était un violeur d’enfants notoire qui sortait de 14 années de réclusion, un deuxième condamné à plusieurs reprises pour violences conjugales, et le dernier connu pour des faits de cambriolage.
Les vidéos qui accusent
Très loin d’évoquer le principe de légitime défense, pourtant central aux États-Unis, la plus grande partie de la presse américaine a préféré diffamer un jeune homme de 17 ans semblant avoir choisi de tuer plutôt que de mourir. C’est en tout cas ce que retiendront les 12 jurés du Palais de Justice de Kenosha après plusieurs jours de délibération en retenant le caractère de « légitime défense. » Les nombreuses vidéos qui tournèrent sur les réseaux sociaux après les évènements ont facilité le travail de la justice, notamment l’une d’entre-elles ou l’on voit expressément l’un des agresseurs sortir un pistolet de sa poche. Acquitté et libéré, Kyle Rittenhouse n’a pu contenir son émotion et s’est effondré au sol en plein procès, avant de sauter dans les bras de son avocat.
Glenn Greenwald, journaliste américain passé du camp libéral libertaire au camp conservateur, a brillamment résumé l’affaire Rittenhouse sur Substack.
Geoffroy Antoine