La BBC traverse une crise financière sans précédent, avec une baisse d’un milliard de livres de ses revenus annuels en 15 ans. Entre suppressions de postes, concurrence numérique et remise en question de la redevance, le géant britannique cherche des solutions pour son avenir.
Une baisse drastique des revenus
La BBC pour British Broadcasting Corporation, a récemment tiré la sonnette d’alarme : ses revenus ont chuté d’un milliard de livres sterling en termes réels depuis 2010, selon son plan stratégique 2025–2026. Cette diminution, ajustée à l’inflation, met en péril sa capacité à maintenir la qualité et la quantité de ses contenus. Avec des revenus prévus à 6,1 milliards de livres pour 2025–2026, le groupe anticipe un déficit de 33 millions de livres. « Sans intervention, il sera difficile de préserver notre ambition », avertit la direction du média qui fête cette année ses 103 ans.
La redevance télévisuelle, payée par les ménages britanniques, reste sa principale ressource,. Celle-ci s’élève à 159 livres sterling (185,6 euros) par an, mais elle ne suffit plus à compenser les pertes. EN France, en 2021, dernière année de redevance, elle coûtait 138 euros.
Pour faire face à cette situation, la BBC a déjà pris des mesures drastiques. Au cours des cinq dernières années, 2 000 postes ont été supprimés, permettant, selon la direction d’obtenir des gains d’efficacité significatifs. Cependant, l’entreprise reconnaît avoir atteint les limites de cette stratégie. Les partenariats de coproduction, autrefois une source de revenus complémentaire, se raréfient également, fragilisant encore davantage le modèle économique du groupe.
Une concurrence numérique féroce
La BBC doit composer avec un paysage médiatique en pleine mutation. Les plateformes numériques comme Netflix, Amazon Prime ou YouTube captent une part croissante de l’audience, notamment chez les jeunes générations. Cette concurrence exerce une pression énorme sur les ressources de la BBC, qui peine à rivaliser avec les budgets colossaux des géants du streaming. Par ailleurs, le public britannique évolue : les modes de consommation des médias se diversifient, et la télévision traditionnelle perd du terrain.
Face à ces défis, la BBC a lancé « le plus grand sondage public jamais entrepris » dans le Royaume pour recueillir l’avis d’au moins un million de personnes sur son avenir. Cette initiative intervient avant la révision de sa Charte royale, prévue d’ici 2027, qui fixe ses missions et garantit son indépendance. Le groupe appelle également le gouvernement à assurer « un financement suffisant et fiable » pour répondre aux attentes d’un public en mutation.
La poussée des médias alternatifs fragilise les médias établis
Un autre facteur complique la situation : l’essor des médias populistes au Royaume-Uni. Des chaînes comme GB, créé en 2021 News dont nous avons évoqué la percée à plusieurs reprises, résolument anti-woke, gagnent en popularité. C’est le cas aussi de TalkTV, également dans le sérail de News Corp, qui existe depuis 2020 et s’est fait une place dans le monde médiatique britannique.
Dopés par les réseaux sociaux qui amplifient la diffusion de contenus alternatifs, ces nouveaux acteurs participent de la remise en cause du monopole historique de la BBC sur l’information et le divertissement, tout en critiquant ouvertement son mode de financement par la redevance.
Dans ce contexte, la BBC doit non seulement lutter pour sa survie financière, mais aussi pour sa légitimité. Si elle veut rester un pilier de l’audiovisuel public, elle devra s’adapter à ces bouleversements, tout en convainquant le public et les décideurs de la nécessité de préserver son modèle… Pas gagné !
Voir aussi : TalkTV de Murdoch lancé en Grande-Bretagne
Rodolphe Chalamel