Il y a des choix éditoriaux qui ne trompent pas. Pour la BBC, il ne faut pas qualifier les frères Kouachi, auteurs de la fusillade contre Charlie Hebdo, de « terroristes ».
Selon Tarik Kafala, responsable du service arabophone de la chaîne britannique, ce terme serait trop tendancieux. « Nous tentons d’éviter de décrire quelqu’un comme un terroriste, ou un geste comme étant terroriste. On essaye plutôt de dire quelque chose comme deux hommes ont tué douze personnes dans l’attaque d’un journal satirique. C’est suffisant », a‑t-il expliqué au quotidien The Independant.
Pour M. Kafala, le terme de terroriste est trop connoté. « Terrorisme est un mot tendancieux. Cela fait plus de dix ans que l’ONU essaye de définir ce mot, et ils n’y arrivent pas. C’est très difficile. Nous parlons de violence politique, de meurtre, de bombardement, de fusillade. Nous pensons que c’est beaucoup plus informatif que d’utiliser un mot comme terroriste, que les gens ne considèrent pas comme neutre », a‑t-il estimé.
Cette extrême précaution de langage ne concerne pas, comme on pourrait le penser, uniquement le service arabophone de la BBC ; dans toutes les émissions du groupe, les frères Kouachi sont qualifiés de « tireurs » ou d’« assaillants ». Dans sa charte, la chaîne a d’ailleurs demandé à ses journalistes de « bien réfléchir » avant d’utiliser le terme de « terroriste ».
Quant aux caricatures du prophète de l’islam, publiée en une du dernier Charlie Hebdo, « la couverture est apparue… dans une bannière ou dans un kiosque. Nous n’avions pas à la montrer en entier ou en gros plan. Nous essayons de minimiser l’insulte quand nous relatons l’affaire. Nous sommes conscients des risques qui planent sur nos équipes en Somalie, au Yémen, à Beyrouth ou en Libye », a commenté Tarik Kafala.