Agnès Naton, PDG de La Nouvelle société La Nouvelle vie ouvrière (NSNVO), par ailleurs l’un des 10 membres du Bureau confédéral de la CGT, a fait l’objet d’un camouflet rarissime au sein de la centrale syndicale, disciplinée par nature.
Lors du Conseil confédéral national (CCN), le “Parlement” de la CGT, tenu les 12 et 13 mai, sa proposition de réorganisation de l’entreprise de presse du syndicat a été retoquée. Une majorité des quelques 95 Unions départementales et 32 Fédérations du syndicat ont voté contre. La dirigeante devra faire de nouvelles propositions en perspective du prochain CCN qui aura lieu en novembre. Thierry Lepaon, nouveau secrétaire général de la CGT depuis mars 2013, qui soutenait le projet, essuie du même coup un échec. Ce dernier symbolise à l’occasion le fragile équilibre et les dissensions internes importantes au sein du syndicat communiste basé à Montreuil (93).
Devant l’ampleur des pertes de La nouvelle société La Nouvelle vie ouvrière (un million d’euros pour sept millions de chiffre d’affaires en 2013), Agnès Naton prévoyait des coupes importantes dans la masse salariale, associées à un passage complet et rapide au bi-media. Les effectifs auraient ainsi chuté de 54 à 39 personnes, avec reclassement au sein de la centrale syndicale des 15 partants. La Nouvelle vie ouvrière (23 000 exemplaires selon l’éditeur en 2013), actuellement quinzomadaire, aurait de son côté adopté une périodicité trimestrielle, transférant l’actualité sociale sur nvo.fr. La solution, qui devrait être adoptée d’ici quelques mois et mise en musique début 2015, sera médiane. Elle prévoit effectivement une refonte totale du site, mais maintiendra La NVO en version mensuelle. En échange de ce compris, les composantes de la CGT (Unions, Fédérations) seront mises à contribution. Elles devront s’abonner systématiquement au journal, ce qui est loin d’être le cas actuellement.
Rejeté sur une partie du fond, le plan d’Agnès Naton, l’a été également sur la forme. Devant l’opposition interne, la direction de la NVO avait traduit le CHSCT le 30 avril devant le tribunal de grande instance de Bobigny (93). Motif du coup de sang “patronal”, les dits élus (syndiqués à la CGT) avaient demandé un rapport d’expertise sur les risques psycho-sociaux qu’aurait fait courir en interne, selon eux, le projet de restructuration. La NVO a été débouté de sa demande d’annulation du rapport quelques jours plus tard. “Cette attitude, digne du patronat d’une entreprise de presse classique fait tâche à la CGT. Elle lui aurait été vivement reprochée lors du Conseil confédéral national du 13 mai”, selon un participant.
Reste à présent à la dirigeante à trouver un équilibre entre les préconisations des fédérations, attachées au maintien d’un magazine papier à la périodicité régulière, et la nécessité économique de retrouver l’équilibre dès 2015. La Vie ouvrière, créée en 1909 par l’anarcho syndicaliste Gérard Monatte, est en crise depuis 25 ans. Dès 2015, les premiers résultats du modèle refondus seront observés à la loupe. Même à la CGT, on pourrait décider à terme de cesser de soutenir à bout de bras un actif aussi déficitaire. Pire, de sous-traiter.
Crédit photo : capture d’écran site nvo.fr