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La Chape de plomb, d’Alain de Benoist

16 novembre 2020

Temps de lecture : 2 minutes
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La Chape de plomb, d’Alain de Benoist

Temps de lecture : 2 minutes

« Au prétexte de n’offenser personne, ils contraignent tout le monde », la citation qui figure sur la jaquette du livre résume bien ce recueil de six essais du philosophe et essayiste. Courte visite guidée.

La Nouvelle Inquisition

Comme un mal chas­se l’autre, une classe chas­se l’autre, les intel­lectuels engagés ont été rem­placés par les jour­nal­istes policiers. De diffama­tion douce en dénon­ci­a­tion vertueuse, de déla­tion sat­is­faite en chas­se aux sor­cières en bat­terie, la nou­velle inqui­si­tion dresse la liste des sus­pects. Alors que l’Index catholique romain qui indi­quait les ouvrages « décon­seil­lés » a été sup­primé en 1966, il s’est trans­porté dans les salles de rédac­tion où la pra­tique d’exclusion tient lieu de déontologie.

Facteurs nouveaux

La cen­sure a tou­jours existé, mais elle prend des formes nou­velles. Dans les années 70 on par­lait de ter­ror­isme intel­lectuel, dans les années 80 de police de la pen­sée puis de pen­sée unique dans les années 2000, en 2020 on par­le d’envie du pénal.

A nou­velle cen­sure, nou­veaux habits. Tout d’abord, la nou­velle cen­sure est pleine de bonne con­science (con­traire­ment au temps du com­mu­nisme), elle veut appartenir au Camp du Bien et déteste être mise à nu pour ce qu’elle est : la bonne vieille Anas­tasie et ses ciseaux cas­tra­teurs. Ensuite elle veut nor­malis­er la société entière au nom d’une hyper morale. Elle s’inspire du puri­tanisme améri­cain infin­i­ment revis­ité ; puri­tanisme, nar­cis­sisme du ressen­ti­ment, vic­times vin­dica­tives. Enfin, la cen­sure des pou­voirs publics a été rem­placée par celle des médias eux-mêmes et des GAFAM.

Chasse aux confrères

Les codes de lan­gage sont étroite­ment sur­veil­lés, les « déra­pages » séman­tiques sont soigneuse­ment con­trôlés (mais pas au sens auto­mo­bile du terme), la dimen­sion religieuse se dou­ble d’une dimen­sion pro­phy­lac­tique. Les douaniers de la pen­sée veu­lent la con­damna­tion des actes mais aus­si et surtout des opin­ions. La reduc­tio ad hitlerum dénon­cée par Leo Strauss devient une fig­ure de rhé­torique imposée et un ali­bi pra­tique du Système.

Au moment où le con­trôle social est exer­cé à domi­cile via la télévi­sion, celle-ci procède à l’annulation du sens (Bau­drillard), le virtuel rem­place le réel, l’éducation du pub­lic rem­place l’information. Le tout pro­duit un arase­ment général­isé des iden­tités col­lec­tives, des autonomies locales, des spé­ci­ficités cul­turelles, souligne l’auteur. On pour­rait ajouter un arase­ment et un épuise­ment de la pen­sée. Un essai rob­o­ratif, dont cer­taines par­ties sem­blent (hélas) prophé­tiques, à lire et relire.

Alain de Benoist, La chape de plomb, Une décon­struc­tion des nou­velles cen­sures, éd. La Nou­velle Librairie, 2020, 236 p, 14,90 €

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