Le « Dossier tabou » sur l’islam, diffusé mercredi dernier sur M6, n’est pas passé inaperçu, dans un sens ou dans l’autre.
Intitulé « L’islam en France, la République en échec », le sujet présenté par Bernard de la Villardière montrait les dérives du communautarisme musulman en France, traduisant une tendance palpable à la radicalité. D’un côté, beaucoup de téléspectateurs se sont révoltés contre cet état des lieux accablant, où des femmes en venaient par exemple à refuser d’être traitées par un médecin homme à l’hôpital. De l’autre, des élus de gauche et des associations « antiracistes » sont montés au créneau pour dénoncer une réalité travestie ou manipulée.
Dès le lendemain de la diffusion de l’émission, le socialiste Jean-Louis Bianco, président de l’Observatoire de la laïcité, une association chargée « d’aider le gouvernement à faire respecter la laïcité », a adressé une lettre ouverte à M6 et Bernard de la Villardière. Dans celle-ci, il constate certes un « repli communautaire » et des « provocations contre la République » dans certaines zones, mais il estime que « la généralisation des difficultés telle que présentée par ce reportage donne une vision déformée de la réalité ».
Aussi, « le chiffre avancé par le reportage de “45 % d’habitants de la Seine-Saint-Denis” qui seraient de “confession musulmane” n’a aucune base scientifique », précise-t-il. En effet, la loi française interdit toute statistique ethnique ou religieuse… Mais cela n’enlève rien à ce constat qui saute aux yeux de tous, sauf à ceux qui s’évertuent à nier la réalité. « Je regrette tout traitement sensationnaliste de sujets aussi fondamentaux que la laïcité et la gestion des faits religieux. Notre responsabilité à tous est d’être pédagogues en rappelant quelles sont les libertés mais aussi quels sont les limites et interdits indépassable dans un cadre laïque », a‑t-il conclu.
De son côté, le Collectif contre l’islamophobie a estimé que « cette façon “d’enquêter” sur les/des musulmans, sur le mode de l’infiltration, en lien avec la radicalité et le terrorisme, problématise de fait le sujet étudié, faisant peser sur ses acteurs une suspicion permanente ».
Préparé à ces réactions, devenues automatiques dès qu’il s’agit de l’islam, Bernard de la Villardière a déploré, auprès de 20 Minutes, qu’« on ne [puisse] plus critiquer quoi que ce soit ou émettre quelques interrogations ou inquiétudes à l’égard de quoi que ce soit sans que l’on vous reproche de faire des amalgames ou de stigmatiser ».
Crédit photo : Claude Truong-Ngoc / Wikimedia Commons — cc-by-sa‑3.0