Oxymore ou oxymoron dit notre Petit Robert, « Figure qui consiste à allier deux mots de sens contradictoires pour leur donner plus de sens expressive, exemple une douce violence ». C’est aussi le moyen de faire passer une chose pour son contraire, encourager la guerre sous prétexte de paix par exemple. Nous reproduisons partiellement une tribune de Giuseppe Galliano, Président du Centro Studi Strategici Carlo De Cristoforis (Côme, Italie), membre du comité des conseillers scientifiques internationaux du CF2R. publié sur le site du Centre français de Recherche sur le Renseignement (CF2R) début janvier 2024. Les intertitres sont de notre rédaction.
Quand le narratif devient symbole d’un conflit
« Chaque conflit tisse son propre narratif pour façonner la pensée collective, mais peu deviennent le symbole même de la guerre. Avec l’intrusion russe en Ukraine, un leitmotiv propagandiste émerge : « Pour embrasser la paix, l’Italie doit étreindre les armes. Plus elle fournira de munitions, plus rapidement la paix fleurira ». Cette tromperie est le fruit d’une stratégie habile.
« Arsenaux pour la paix »
Mario Draghi se trouve pris entre l’enclume du désir de paix des Italiens et le marteau des attentes belliqueuses américaines. En proclamant sa quête de paix, il flatte les Italiens ; en promettant des armes, il satisfait Biden. De là naît le slogan : « Arsenaux pour la Paix ». Je définis cette tactique d’influence publique par « juxtaposition oxymorique ». L’oxymore fusionne des termes contradictoires : paix et guerre ; rigidité et diplomatie.
La guerre anoblie
La juxtaposition oxymorique brille en opposant le terme aimé à celui détesté, non pour justifier, mais pour élever les moyens à travers le but. En justifiant les moyens pour atteindre un but, le moyen – la guerre ou l’attentat – reste détestable. Mais lorsque l’on procède à l’élévation des moyens, celui-ci devient noble.
Des contextes historiques différents
Contrairement à Draghi, Biden n’a pas à contourner l’opinion publique, car la guerre, dans la culture américaine dominante, a des connotations positives. Biden n’a pas besoin d’exploiter le concept de « paix » pour faire accepter aux Américains l’utilisation des Ukrainiens comme chair à canon pour poursuivre l’avancée de l’OTAN vers la Russie. La relation psychologique d’un peuple avec la guerre est fortement influencée par ses expériences historiques. Lorsqu’une guerre dévaste une nation, comme cela s’est produit en Italie pendant la Seconde Guerre mondiale, les survivants développent une perception négative du conflit, résumée dans le dicton « La guerre ne paie pas ». À l’inverse, si la guerre transforme une nation en superpuissance, les survivants tendent à la voir sous un jour positif, car elle leur a été auparavant avantageuse. Finalement, le gouvernement Draghi ose se présenter comme un champion de la paix plutôt qu’en tant que satellite de la Maison Blanche, violant l’article 11 de la Constitution pour plaire à Biden. »
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