Les années passent et un nombre croissant de lecteurs se détournent lentement de La Croix. Le journal – qui se veut catholique mais est plutôt la voix des instances officielles de l’Église, elles-mêmes souvent devenues un relais de la caste politico-médiatique – vient de publier son bilan 2018. Les ventes sont en baisse, les abonnements aussi, et sans les aides directes d’État, ce serait vraiment… la croix et la bannière.
Aides de l’État, 12% des recettes
En effet, si le nombre d’abonnements numériques continue d’augmenter (13.233, +24% en un an), le nombre d’abonnements totaux baisse de 2.7% à 76.397. La (faible) vente au numéro s’effondre de 13% et la diffusion France payée de 3.53%. Les recettes publicitaires augmentent légèrement – traditionnellement basses, elles ne représentent que 6% des résultats du journal.
Les aides d’État en revanche comptent double : avec 2,93 millions € au titre de l’aide aux publications à faibles revenus publicitaires et 1,3 million d’ aide au portage €, elles représentent 12% des recettes du journal.
Baisse de l’influence de l’Église
Du reste, les chiffres de l’ACPM traduisent une dégradation continue des ventes et de la diffusion depuis plusieurs années, de 7% depuis 2014 – elle va d’ailleurs de pair avec l’érosion de l’influence des « modernistes » au sein de ce qui reste de l’Église catholique en France, et de l’Église sur la société et les catholiques.
Ainsi la Manif pour Tous qui reste la plus grande mobilisation catholique depuis le début du XXIe siècle, s’est organisée quasiment en-dehors des structures de l’Église officielle, et en laissant de côté des évêques tout à fait tétanisés – sauf quatre ou cinq de sensibilité plus traditionaliste. Et ils ne sont guère plus réactifs avec les Gilets jaunes – un seul a eu le courage d’aller à la rencontre des Gilets jaunes, à Montauban.
Un journal banalisé et concurrencé sur sa droite
Par ailleurs, nombre de catholiques affirment ne plus lire La Croix car il s’agit pour eux soit d’un journal « de gauche », soit d’un journal qui s’est banalisé jusqu’à perdre beaucoup de son caractère catholique en dehors de son titre.
Ce détournement profite à des médias en ligne (Riposte Catholique, TradiNews, le Salon Beige, l’Observatoire de la Christianophobie) dont certains ont été lancés ou se sont développés après la Manif pour Tous et le Printemps Français. Le quotidien Présent, qui coopère beaucoup depuis 2014 avec TV Libertés et Radio Courtoisie – et bénéficie aussi des aides d’État aux médias à faibles revenus publicitaires – a réussi à se redresser depuis 2014 et à atteindre 9.000 exemplaires diffusés. Mais au total, la presse catholique est plutôt en difficulté.