La Croix voit rouge… mais ça fait plus de trente ans que ça dure !

Avec un résultat négatif de 2,5 millions d’euros, La Croix est encore dans le rouge pour l’année 2024 mais le journal peut compter sur un soutien constant de l’État depuis plusieurs décennies.

La trans-pa-rence : tel est le choix que fait La Croix vis-à-vis de ses lecteurs. Chaque année, le quo­ti­di­en pub­lie ses résul­tats annuels. Et comme l’année passée, ils sont à la baisse. Alors que 2023 avait été mar­qué par un résul­tat négatif de – 3,5 mil­lions d’euros, l’année 2024 affiche cette fois encore un résul­tat défici­taire de – 2,5 mil­lions d’euros. Certes, le résul­tat est moins cat­a­strophique que pour l’exercice 2021–2022, où avait été enreg­istré un résul­tat d’exploitation à la baisse de 4,1 mil­lions d’euros. L’État avait d’ailleurs volé au sec­ours de ce jour­nal, lui offrant 5 315 201 euros de sub­ven­tions – soit, si notre cal­cul est exact, 8 % du total général des aides directes allouées à la presse en 2022[1]. Le quo­ti­di­en demeure pour l’année 2024 large­ment aidé.

Voir aus­si : Groupe Bayard, infographie

L’abonnement, première ressource

Néan­moins, l’essentiel de son mod­èle économique repose sur l’abonnement (66 % des recettes), con­tre 5 % pour la pub­lic­ité et 2 % de dons de la part de ses lecteurs. Or, le jour­nal se veut con­fi­ant puisqu’il enreg­istr­erait une hausse de 11 % des abon­nements numériques par rap­port à l’année passée. Par ailleurs, le jour­nal s’enorgueillit d’avoir « enrichi » ses équipes de nou­velles com­pé­tences, notam­ment des com­mu­ni­ty man­agers, des experts en audi­ences et rédac­teurs spé­cial­isés et un … « respon­s­able de la phil­an­thropie ». Un poste désig­nant pudique­ment un respon­s­able de la lev­ée de fonds et des porte­feuilles des dona­teurs existants.

Voir aus­si : La Croix… et la ban­nière : face à la ban­quer­oute, le quo­ti­di­en catholique aug­mente le coût de ses abonnements

Un habitué des subventions

La Croix est un grand con­nais­seur des déficits. Déjà, en 1991, il enreg­is­trait un résul­tat négatif de – 10 266 000 francs. À l’époque, sa dif­fu­sion se situ­ait autour de 103 625 exem­plaires, con­tre 81 998 exem­plaires aujourd’hui (dif­fu­sion payée). Les aides à la presse dont il béné­fi­ci­ait alors se situ­aient autour des 4,90 % des recettes… con­tre 22 % pour l’année 2024. Si un tel sou­tien de l’État n’a rien d’étonnant en ces moments de crise pour la presse, on notera la con­stance avec laque­lle La Croix en béné­fi­cie depuis plusieurs décennies.

Voir aus­si : Panora­ma des aides à la presse en 2023 : infographie