Le quotidien La Marseillaise a demandé son placement en redressement judiciaire vendredi 14 novembre. Dans un secteur de la presse, en pleine mutation, les médias communistes sont encore plus touchés. Explications
La Marseillaise a décidé de se mettre sous la protection de la justice en raison d’une situation financière délicate. Les pertes prévisionnelles du quotidien en 2014 se monteraient à 1,5 million d’euros. Ce déficit s’ajoute au deux millions d’euros de dettes accumulées par La Marseillaise depuis cinq ans. Le titre a vu sa diffusion reculer de 5% en 2013 (68 000 exemplaires, selon l’éditeur). La publicité a baissé de 7% environ sur la même période. Avec un chiffre d’affaires de l’ordre de 13 millions d’euros en 2014, La Marseillaise n’échappera pas à de nouvelles coupes dans ses effectifs (170 personnes) qui restent importants au regard de ses recettes. Le journal avait ouvert un guichet d’une quarantaine de départs en 2013. Sans actionnaire puissant, il est confronté à un redoutable effet de ciseaux. Le manque de moyens l’empêche d’investir massivement, dans le numérique notamment, mais aussi dans un vrai pôle de diversification événementiel. Autant de vecteurs de croissance qui lui permettraient de compenser, en partie, la baisse de ses recettes historiques, et dont il est privé de facto. Dans ce contexte, le meilleur atout de La Marseillaise reste la propriété de son siège (certes placé en lease-back en 2013) sur la Canebière, en plein centre de la cité phocéenne.
Le quotidien est le dernier sur la liste des journaux communistes ou proches, plus ou moins exsangues. Ces titres ont manifestement été entraînés dans la spirale déclinante du PCF et restent handicapés par la faiblesse de leur actionnariat. Au plan régional, Liberté hebdo (3000 exemplaires en 2013, selon l’éditeur), à Lille, a dû aussi procéder à des coupes à la rentrée. Le journal, placé en redressement judiciaire en aout, a encore réduit la voilure. Il ne comptera plus que cinq salariés (au lieu de huit) début 2015. L’autre “poids lourd” avec La Marseillaise, L’Écho du centre (30 000 exemplaires en 2013, selon l’éditeur), sort à peine d’une période troublée. Également placé en redressement judiciaire en 2012, il s’est séparé de 30 % de sa masse salariale l’année suivante. L’équilibre, qui serait atteint en 2014 (3,3 millions d’euros de CA), reste précaire.
Au plan national, les titres communistes ne sont guère plus vaillants. L’Humanité, qui a refait plusieurs fois sa formule en quatre ans, a encore perdu 500 000 euros en 2013. Le titre vit sous perfusion des aides à la presse et des cadeaux de l’État. Fin 2013, L’Huma a ainsi été exonéré de remboursement d’un prêt de quatre millions d’euros. Malgré cela, sa situation reste fragile, avec une diffusion qui a encore baissé de 5,7% en 2013–2014 (DSH OJD : 39 347 exemplaires). D’autre part, le site Lhumanite.fr, refondu en avril grâce à la manne du géant américain Google, est loin d’avoir démontré sa capacité de monétisation.
Dans ce contexte de crise, le quinzomadaire de la CGT, La Nouvelle vie ouvrière (23 000 exemplaires en 2013, selon l’éditeur), n’échappe pas aux réductions de coûts. En perte d’un million d’euros (pour sept millions d’euros de CA), le titre, qui a supprimé 24 postes, passera mensuel en 2015 et misera avant tout sur son site pour véhiculer l’actualité syndicale chaude.