Pas besoin d’être un dangereux complotiste pour le penser aux États-Unis. Outre-Atlantique, la moitié de la population, toutes ethnies et classes sociales confondues estiment que les médias officiels pratiquent la désinformation.
Une information rapportée par la National Review
Le New York Times n’a pas jugé opportun d’évoquer cette information. La National Review, principal hebdomadaire conservateur du pays, si. Dans son numéro de la mi-février, l’hebdomadaire, par ailleurs très critique à l’encontre de Donald Trump, fait état d’une enquête analysant l’impact des médias sur la population et la démocratie américaine. Résultat ? Plus de la moitié des personnes interrogées considèrent que les médias mentent et désinforment la population, jouant ainsi un rôle délétère contre la démocratie, sous sa forme libérale et représentative américaine s’entend. Notons que l’enquête porte sur les médias nationaux, quels que soient les accointances politiques.
Une enquête d’abord publiée par Gallup et la Knight Foundation
Les informations mises en avant par la National Review proviennent de Gallup et de la Knight Foundation, institutions rarement sujettes à caution du côté progressiste et démocrate du champ politique américain. Elles révèlent que seuls 26 % des Américains ont une « opinion favorable » quant aux médias nationaux du pays, le niveau le plus bas atteint depuis cinq ans. Et plus de la moitié des Américains, 53 % exactement, jugent défavorablement les médias nationaux de leur pays. De plus, un peu plus de 50 % des sondés considèrent que ces mêmes médias « ne disent pas la vérité ». Pire, qu’ils « induisent volontairement en erreur » et « désinforment » dans le but d’orienter les avis de l’opinion publique. En fait, seuls 25 % des sondés pensent le contraire.
D’où proviennent cette méfiance et ce rejet ?
Sarah Fioroni, consultante chez Gallup, a déclaré auprès de l’Associated Press que son institut avait été frappé par les résultats, ne s’attendant pas à une telle défiance. D’après l’enquête, la majorité des personnes qui rejettent la crédibilité des médias nationaux sont des électeurs indépendants, c’est-à-dire, dans le système politique américain, n’appartenant ni au parti républicain ni au parti démocrate. En 2019, 48 % des électeurs indépendants avaient une vision négative des médias nationaux. Aujourd’hui, l’enquête révèle qu’ils sont 75 %. À cela s’ajoute une croissance de 15 % de la défiance de l’électorat républicain. Toutes les questions prises en compte, seuls 16 % des indépendants et 8 % des républicains ont confiance dans les médias nationaux.
Plus frappant encore : la confiance envers les médias nationaux connaît aussi une érosion au sein de l’électorat démocrate. Si 48 % des démocrates conservent une opinion favorable ou très favorable, 28 % sont d’un avis contraire.
L’enquête portait sur un panel de 6000 interrogés. Elle révèle par ailleurs que la confiance dans les médias locaux est très largement supérieure. Les sondés ne sont que 25 % à considérer que ces derniers servent à influencer et désinformer. Ainsi, en France comme aux États-Unis, il est peut-être temps de s’interroger sur les causes profondes d’un tel désaveu quant aux médias, pourtant considérés comme incontournables en démocratie représentative et libérale. L’OJIM a bien sa petite idée… sinon il n’observerait pas.