Qui ne préfèrerait la « bonne information » à la « désinformation » ? Mais certains critiques de la désinformation ne pratiquent-ils pas eux-mêmes une forme de désinformation ? Un exemple à partir d’une vidéo de Laurent Cordonier, visible sur un portail du gouvernement, très largement reprise. Un peu de dissection sur 2’32’’ d’approximations et de faux-semblants.
Qui est la source ?
C’est Laurent Cordonier, présenté comme directeur de la recherche de la fondation Descartes. Fondation Descartes, cela inspire le respect. Mais il est aussi, et cela n’est pas dit, un des quatorze membres de la commission Bronner, « les Lumières à l’heure du numérique », nommée par le président, où œuvrent également nombre de collaborateurs de Franc-Tireur, le brulot lancé pour appuyer la campagne électorale d’Emmanuel Macron.
Pas à pas, approximations et contre-vérités
2’32’’ ce n’est pas long. Pourtant que de manipulations sémantiques en si peu de temps !
1. Le consensus (27’’), sur la nécessité du débat politique dans un cadre de pluralité des opinions. Rien à redire jusque là.
2. La désinformation (40’’) touche « certains individus » qui alors sont amenés « à ne plus croire aux mêmes éléments factuels ». Mais qui va déterminer que tel élément est factuel et l’autre inventé ? Il n’y aurait qu’une seule source d’éléments factuels ? On peut deviner laquelle, celle du consensus libéral libertaire dominant dans les médias, l’université… et aussi au gouvernement en place.
3. Il faut se mettre d’accord sur les statistiques (53’’). Citons Winston Churchill : « je ne crois aux statistiques que lorsque je les ai moi-même falsifiées ». Nous pourrions donner comme exemple de falsificateur Hervé Le Bras, véritable militant professionnel de la désinformation sur l’immigration et la démographie. Il n’est pas le seul.
4. Pour que la démocratie puisse vivre, il faut (1’03’’) « être d’accord sur l’état du monde qui nous entoure ». Bigre ! Résumons, pour débattre il faut d’abord être d’accord sur tout (l’état du monde) ensuite on cause. Autrement dit on débat, mais entre-soi, l’esprit France Inter.
5. Un exemple (1’22’’), l’invasion du Capitole du 6 janvier 2021 par des partisans de Trump. Cette invasion a bien été l’occasion d’une myriade de fausses nouvelles. Comme celle du policier tué par les manifestants, reprise par l’AFP, puis toute la presse.
Et qui était une affabulation. Remarquons au passage que la seule personne décédée fût une manifestante tirée comme un lapin. Sur l’élection elle-même et son environnement voir notre article du 3 mars 2021, États-Unis vers le média unique.
6. Sur le scrutin lui-même (2’18’’), il a été vérifié selon « les modalités habituelles ». Rappelons à l’ami Cordonier que l’élection de 2000 remportée par George W. Bush contre Al Gore, fût acquise par 537 voix d’écart en Floride. La Floride où Jeb Bush, le frère de George W. Bush était gouverneur, qui a empêché dans certains bureaux de vote le recomptage des voix. L’élection ne fût confirmée qu’après 36 jours (36 jours !) de controverses par un vote partisan au tribunal. On a vu des « modalités habituelles » plus transparentes et plus démocratiques ; certains doutes sur les élections de 2000 comme de 2020 peuvent émerger sans que l’on parle de complotisme.
Descartes doit se retourner dans sa tombe…
Voir aussi : Création de la commission Bronner : la majorité entend imposer son tempo médiatique !