Après la publication d’un article de La Lettre révélant les dérives des notes de frais à France Télévisions, la direction financière de l’institution a tenté d’éclaircir les zones d’ombre autour de ses impayés…
C’était le 4 mars 2025 : dans un article intitulé France télévisions serre la vis sur les notes de frais, La Lettre pointait du doigt les dérives de France Télévisions en matière d’emplois des notes de frais des journalistes et des cadres dirigeants.
Une « carte corporate » très avantageuse
« Nous constatons une recrudescence d’utilisation de certaines cartes bancaires « corporate » à des fins personnelles [et] une augmentation des impayés imputés sur le compte bancaire de France télévisions », avait déjà alerté le 18 février la direction financière du groupe.
Cette « carte corporate », permettant aux journalistes de retirer mensuellement jusqu’à 1 000 € en liquide et de régler pour 4 000 € d’achat chaque mois, aurait été affectée à environ mille salariés ; elle avait, dès le début du mois suivant, fait l’objet d’un encadrement renforcé. Limitant le débit différé à 40 jours au lieu des 66 en vigueur et diminuant le plafond de retrait d’espèce à 500 €, la direction financière n’avait, à la date de la publication de l’article, pas su préciser le montant des impayés ou d’indiquer le nombre de cartes en circulation.
Des éclaircissements… pas très rassurants !
Une semaine plus tard, France Télévisions a tenté de rectifier le tir, face aux remous suscités sur les réseaux sociaux, par la publication de l’article. Le 7 mars 2025, dans une note interne révélée par La Lettre, la présidente Delphine Ernotte-Cunci a fait état du nombre de cartes bancaires utilisées par les salariés : estimant que 1 700 des 2 000 cartes sont en circulation, la note soulignait que le « volume total des transactions effectuées en un an avec ces cartes s’élev[ait] à 7 millions d’euros », si l’on en croit le média, « pour une utilisation par titulaire de moins de 350 € par mois ». Le service financier du groupe audiovisuel a établi le montant des impayés, qu’il estime à 49 000 € pour l’année 2024, pour près de 2 000 cartes en circulation. Un montant en augmentation par rapport à l’année précédente, soit 0,71 % du montant total annuel des dépenses de la carte en question. Soulignant que ces impayés étaient à imputer à six salariés et qu’ils n’avaient pas donnés lieu à de quelconques pertes pour l’entreprise, dont les comptes sont dans le rouge, la direction financière a annoncé multiplier les contrôles et faire désactiver les cartes plus en usage depuis dix-huit mois.
Rodolphe Chalamel