Vous voulez payer vos impôts ? Internet. Vous faites une déclaration de sinistre à votre assureur ? Internet. Vous achetez un billet de train ? Internet. Comment faire quand vous n’êtes pas connecté comme une quinzaine de millions de français ?
Illectronisme…
Illectronisme, c’est le vilain néologisme correspondant à « illettré numérique » autrement dit celui qui ne maîtrise pas internet sur ordinateur ou sur téléphone. Ceux qui se sont retrouvés pour raison de panne ou de manque de liaison locale peuvent imaginer les difficultés au quotidien de ces illettrés d’un nouveau genre.
D’après le CREDOC, ils seraient plus ou moins 16 millions en France à la fin de 2022 soit environ 25% de la population. Alors que plus de 88% des Français disposent d’un ordinateur et/ou d’un smartphone, la conclusion s’impose, une bonne proportion des utilisateurs ne savent pas utiliser leur appareil, sans compter les non usagers.
Les jeunes comme les vieux
Si les plus âgés sont les plus démunis, d’après le CREDOC, les plus jeunes peuvent être en état d’illettrisme numérique. Si le phénomène touche 15% de la tranche 25/39 ans, la proportion monte à 19% pour les moins de 25 ans. Autrement dit, on peut être un as de Twitch, TikTok ou autres Instagram, s’abrutir de vidéos en ligne et être incapable de commander un billet SNCF ou d’écrire un texte sous le simple logiciel Word.
Vers un monde triple ?
Avec la montée de l’analphabétisme tout court, comme le montrent les études dramatiques sur la maîtrise de l’orthographe, de la lecture ou de l’écriture à l’entrée en sixième, on peut imaginer un monde triple ou divisé en trois. Tout en bas ceux qui ne maîtrisent rien, ni lecture, ni écriture, ni univers numérique autre que le divertissement ; au milieu ceux qui sont analphabètes au sens Gutenberg du terme mais savent se servir d’un clavier ; tout en haut ceux qui sont à l’aise sur les deux plans. Entretemps pour ceux qui savent encore lire, ils peuvent se référer aux ouvrages du professeur Desmurget sur le sujet (voir infra). Pour eux-mêmes comme pour leurs enfants…
Voir aussi : Michel Desmurget : le digital rend crétin