La gauche intellectuelle et universitaire disposant souvent de moyens techniques, financiers et de diffusion incomparables, ne serait-ce que par le biais des salaires d’État ou des subventions liées aux recherches supposées de ses acteurs, ainsi que du soutien des médias officiels, irrigue le net. Dernière de nos deux analyses, avec The Conversation.
L’OJIM se penche aujourd’hui sur The Conversation, sous-titré « L’expertise universitaire, l’exigence journalistique ». Un pure player lancé en France en 2015.
The Conversation, c’est quoi ?
The ConversationFR est la version française d’une internationale universitaire militante de gauche libérale libertaire en cours d’extension à l’échelle mondiale et sur le web.
La version consultable en ligne en France est la sixième version du média du même nom d’abord fondé en Australie. Il y a donc six « Conversation » regroupés dans The Conversation Trust à l’heure actuelle : Australie, France, Royaume-Uni, États-Unis, Afrique et « Globale ».
Les chevilles ouvrières de la version française sont Fabrice Rousselot et Didier Pourquery. Né en 1954, ce dernier est un journaliste passé, souvent en tant que rédacteur en chef, par Le Monde, Science et Vie, La Tribune, VSD, L’Expansion, Métro, Libération, Le Monde Magazine, L’Histoire, le Huffington Post… Il est donc partout, et directeur de la rédaction du site The Conversation France. Le type même de parcours qui suffit pour démontrer l’univocité de la pensée dans les médias français contemporains. On peut, en France, en effet… être partout, successivement ou simultanément. Son compère Fabrice Rousselot a longtemps été correspondant de Libération à l’étranger, avant de diriger son site web puis de devenir directeur de la rédaction du quotidien. On le croise de temps à autre sur les antennes de Radio France. Copinages, jeu de chaises musicales, entre soi : des carrières symboliques des médias français. On approfondira la rédaction de The Conversation en cliquant ici. Rien que du fort bien-pensant.
Le principe du média est le suivant : près de 25 000 universitaires du monde entier, dont beaucoup ont aujourd’hui, à force de déconstruction, des difficultés à écrire, au sens d’écrire pour être lus et compris, rédigent des articles sur des sujets dont ils sont « spécialistes » avec l’aide de journalistes professionnels. Cela se fait grâce à un système de travail en commun et immédiat qui permet au couple de rédiger les articles en temps réel. Bien que discret en apparence, ce média est visible en réalité puisqu’il serait lu par près de 3 millions de personnes, dans sa seule version australienne (?), et, surtout, lu par plusieurs dizaines (?) de millions d’autres lecteurs par le jeu des republications ; car les médias officiels se servent dans The Conversation, republiant des articles correspondant à leurs préoccupations du moment. The Conversation est ainsi une sorte de fournisseur de contenus « érudits » mais accessibles et surtout intellectuellement bien-pensants. Chacun de nous, sans trop s’en douter, peut ainsi être un lecteur de ce média, par le biais d’une reprise ici ou là.
The Conversation, dans le texte
Le site a la forme d’un pure player au design minimaliste, avec en page d’accueil un entassement des articles sans souci thématique particulier. Le rubriquage est assez classique : culture, économie, entreprise, éducation, environnement, énergie, international, politique, société, santé, science, data… Pas besoin d’être grand clerc pour deviner quel type de pensée domine dans la majorité des articles du média, sous couvert de neutralité et légitimité universitaire. Notons du reste que The Conversation s’annonce lui-même comme étant financé par « des universités, des entreprises, des États et des dons ».
Quelques exemples « piochés » au hasard :
À la Une du site, mi-juillet 2018
- Un article qui démarre ainsi : « Qui a dit que les amours de vacances devaient rimer avec histoires sans lendemain ? Dans l’archipel tanzanien de Zanzibar, de nombreuses romances nées sur les rivages de l’océan Indien survivent à la parenthèse touristique. » L’auteur est post-doctorante au CNRS. Gageons que l’article est comptabilisé comme travail de recherche, et permet de conserver toutes les habilitations.
- Un article comparant les stratégies de répression des extrêmes droites et Allemagne et en France, d’où il ressort que l’Allemagne s’est « dotée d’une politique publique de lutte » afin d’éviter le terrorisme des mouvances d’extrême droite.
- Un article sur la grève de la SNCF intitulé « Pour en finir avec les données fausses sur les chemins de fer ».
- Un article sur le Black Block considéré comme un « antisystème » qui « effraie ».
- Un article intitulé : « Sexualité au féminin. Quand les rapports font mal » [L’observateur de l’OJIM est étonné de cette discrimination consistant à considérer que les sexualités féminines seraient au singulier uniquement]
- Un article intitulé « Addictions chez les jeunes : la solution est dans la relation éducative ».
Un petit tour dans les rubriques permet d’y lire de nombreux articles en faveur du vegan ; luttant contre l’extrême-droite ; luttant contre l’homophobie ; luttant contre le racisme ; combattant le libéralisme (sic) ; militant pour des politiques migratoires souples ; faisant l’éloge des zadistes ; combattant les partis politiques souverainistes ; aidant les États et l’UE à lutter contre les fake news ; critiquant vertement Trump et Poutine, « stratèges du chaos »… Et bien d’autres thèmes parfaitement habituels dans tout univers ouvertement de gauche radicale et/ou libérale libertaire.
Par contre, des analyses ouvertes à la pensée autre, que nenni ! Pire ? Pour trouver un article consacré à l’une des préoccupations tout de même importantes de notre époque, l’islamisme radical et le terrorisme issu du monde musulman, il faut passer par le moteur de recherches, rien n’apparaissant au cours de la navigation. Peu d’articles, sur des choses très précises, et rien depuis… 2016, si ce n’est la défense d’un écrivain musulman féminin accusé d’antisémitisme. 32 articles seulement répondent à la recherche avec le mot « islamisme ». 130 répondent à la recherche avec le mot « terrorisme », mais un coup d’œil sur la liste des articles montre que ceux consacrés au terrorisme islamiste sont fort rares.
The Conversation se veut le reflet de ce qui se pense et s’enseigne dans les universités et les grandes écoles françaises ? En liaison avec ce qui s’enseigne et se pense dans les universités des principaux pays occidentaux ? On comprend mieux….