« Le pouvoir personnel acquis par Elon Musk […] met en danger nos démocraties » : la gauche française sort l’arsenal législatif contre le propriétaire de X.
C’est une proposition de résolution européenne qui n’a pas fait grand bruit mais dont la lecture vaut le détour : la gauche a fait enregistrer le 3 février 2025 un texte « rappelant l’urgence démocratique d’appliquer pleinement et entièrement le règlement européen sur les services numériques », dont la cible principale est Elon Musk.
Socialistes, écologistes et MoDem réunis
Elle est portée par une ribambelle de députés du groupe Socialistes et apparentés, Écologiste et Social mais aussi issus du MoDem (Philippe Latombe) : la proposition de résolution européenne rappelant l’urgence démocratique d’appliquer pleinement et entièrement le règlement européen sur les services numériques revient sur les risques d’ingérence étrangère permise par les réseaux sociaux.
Elon Musk, pourfendeur de la démocratie ?
Au cœur de son propos, le propriétaire de X, Elon Musk, à qui il est reproché de combattre activement les modérateurs sur son réseau social.
« Depuis qu’il a pris le contrôle de Twitter, M. Elon Musk a licencié 80 % de ses employés et a divisé par deux le nombre de modérateurs, déplorent ainsi les rapporteurs de la PPRE. S’attaquant ouvertement aux médias, il ne cache pas sa préférence pour les opinions des utilisateurs plutôt que pour les informations sourcées et vérifiées de la presse ».
Après avoir dénoncé la conduite d’un président américain dont ils jugent qu’il mène la charge contre la modération, les députés de gauche écrivent :
« plus inquiétant encore, et bien que cela soit encore en investigation, des chercheurs avancent qu’une modification de l’algorithme du réseau social X par Elon Musk a privilégié l’apparition de contenus toxiques et démobilisateurs pour l’électorat démocrate »
avant d’ajouter, théâtralement,
« au‑delà de ces attaques aux ressorts complexes, c’est d’abord le pouvoir personnel acquis par M. Elon Musk qui met en danger nos démocraties. »
Vers l’interdiction de X/Twitter en Europe ?
« Sans mettre les États‑Unis et la Chine ou la Russie a égalité », expliquent les auteurs de la PPRE, il convient que les Français se protègent « à la fois de nos adversaires politiques et [se défendent] des écarts de nos partenaires ». Déplorant que les résultats des enquêtes européennes en matière de contrôle des plateformes tardent à voir le jour, et face aux menaces que présenteraient ces grandes plateformes numériques « devenues de véritables infrastructures de communication », les députés en appellent à une « application ferme et rapide du règlement européen sur les services numériques et de tous les mécanismes d’avertissement, de conciliation, de contrainte et de sanction ».
Dans son article unique, ils appellent ainsi le gouvernement français à proposer à l’échelle européenne l’édiction de dispositions permettant à imposer à Elon Musk de céder les parts dont il est détenteur dans la plateforme X correspondant à ses activités européennes à un tiers n’étant pas placé en situation de conflit d’intérêts avec une puissance étrangère. Si un tel cas existait, il est appelé à édicter la suspension ou l’interdiction d’une telle plateforme en Union européenne.
Après Vincent Bolloré, visé à plusieurs reprises dans les propositions de loi de la France Insoumise, la gauche a donc trouvé une nouvelle bête noire en la personne d’Elon Musk, qui se voit sans doute consacrer sa première proposition législative.