Si le nom de Robert Bichet — ancien député MRP de la IVème République — survit, c’est grâce à la loi éponyme de 1947, la loi Bichet. Cette loi garantit à tout titre de pouvoir être vendu sur tous les points de ventes en France. C’est ce qui est remis en cause en 2019.
Des NMPP à Presstalis
Un accord non écrit entre gaullistes et communistes dans l’immédiat après-guerre, donnait à ces derniers un monopole dans l’imprimerie et la distribution de la presse écrite via le syndicat du Livre. Cette situation de monopole dans les imprimeries dites de labeur et dans les Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne, devenues Presstalis en 2009, engendrera de nombreux surcoûts, coulages et scandales divers. Entretemps, le nombre de titres distribués augmente considérablement alors que le nombre de points de ventes est quasi divisé par deux entre 1947 et 2017. De refinancements en restructurations, Presstalis (qui a le monopole de la distribution des quotidiens) ne survit que grâce à l’argent public .
Changer la loi Bichet
Le marché est partagé entre Presstalis, plombé par 400M€ de dettes et la société privée MLP (Messageries Lyonnaises de Presse) à l’équilibre. Le projet de loi en discussion au Sénat prévoit une évolution en quatre temps :
- Le statu coopératif, commun à Presstalis et MLP serait maintenu, ainsi que l’obligation de distribution de la presse politique et d’information générale.
- L’Autorité de régulation des télécommunications électroniques et des postes (ARCEP) deviendrait autorité de tutelle.
- Des acteurs non coopératifs pourraient être associées à des sociétés de distribution coopératives. Presstalis (après abandon de sa dette auprès de l’État) pourrait s’associer à un poids lourd comme La Poste.
- Les titres hors presse politique et d’information générale ne seraient plus distribués automatiquement. Pour les titre dits « ludiques » (la définition reste vague, la presse érotique est-elle « ludique » au même titre que les mots croisés ? Et la presse people ?) la liberté de les inclure dans leur distribution serait laissée aux diffuseurs. Pour les autres titres, comme les innombrables revues spécialisées (histoire, cuisine, sport, bricolage, régionalisme etc), des accords interprofessionnels seraient négociés entre éditeurs et distributeurs.
Une belle foire d’empoigne en perspective.