Tout est bien qui finit bien, ou presque. Le journal La Marseillaise, dernier quotidien régional communiste de France avec L’Écho du Centre (Indre, Haute-Vienne, Dordogne), était en redressement judiciaire depuis le 24 novembre 2014. Le tribunal de commerce de Marseille a validé le 15 avril dernier sa reprise par Les Éditions des Fédérés, une maison dirigée par Pierre Dharréville, secrétaire départemental de la fédération des Bouches du Rhône du Parti communiste français. Le journal, diffusé à 32 000 exemplaires reste en famille, en somme.
Une autre offre avait été portée par le journaliste Jean-Marc Adolphe via la SAS Les Nouvelles éditions Marseillaises. Il prévoyait de lancer un financement participatif et d’apporter des fonds nouveaux. Il s’indignait en vers de l’état du quotidien : “Et même l’hymne national est défait, en voie de judiciaire liquidation / (qu’un sens impur abreuve nos sillons) / c’est la guerre des cessions et des récessions /De Vintimille à Vendres / bientôt ne résonneront plus les échos de la Marseillaise.” Mais son manifeste poétique n’a pas séduit le syndicat SNJ-CGT qui y a vu “une offre clairement hostile”. Selon Léo Purguette, secrétaire de la section PC du pays d’Aix, cette offre “avait suscité des espoirs dans une partie du personnel séduite par la préservation d’un plus grand nombre d’emplois en conservant notamment l’imprimerie et le service photo. Elle s’est avérée financièrement vide et avait été retirée le 3 avril”.
Les éditions des Fédérés, elles, ne vont pas hésiter à réduire la voilure. Elles ne garderont en effet que 117 des 208 emplois, les suppressions étant réparties entre les journalistes, l’imprimerie (externalisée) et les services centraux. Le service photo sera rayé de la carte. Mais si les élus du CE du journal se sont quand même prononcés à l’unanimité pour l’offre des Éditions des Fédérés, c’est que la société a prévu d’injecter 700 000 euros dans le journal en fond propre et a contracté un prêt de 2 millions d’euros garanti par la BPI à 70%, note le SNJ-CGT.
Pierre Dharréville a par ailleurs précisé son projet à l’AFP : “conserver la ligne éditoriale”, améliorer le support papier tout en développant le web, et “développer la présence du titre dans la société” par l’organisation de rencontres car “on est passé du média de masse au média de lien”, estime-t-il. Enfin la présence du journal dans ses six départements de diffusion sera maintenue, via la création de trois pôles pour autant d’éditions : le cœur avec les Bouches du Rhône, le Gard et l’Hérault à l’ouest, le Var, le Vaucluse et les Alpes de Haute Provence à l’est.
La Marseillaise, qui a vu une quarantaine de journalistes en deux ans (dont son localier Philippe Pujol, lauréat du prix Albert Londres) partir ou être licenciés, semble pouvoir aborder, sinon la sortie du tunnel, du moins une nouvelle page de son histoire.
Crédit photo : DR