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La nomination d’Urvoas à la Justice inquiète les défenseurs des libertés numériques

29 janvier 2016

Temps de lecture : 3 minutes
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La nomination d’Urvoas à la Justice inquiète les défenseurs des libertés numériques

Temps de lecture : 3 minutes

À peine les applaudissements consécutifs à la démission de Christiane Taubira étaient-ils terminés que les sourires se crispaient.

En lieu et place de l’ar­chi­tecte de la loi sur le mariage pour tous, François Hol­lande a nom­mé Jean-Jacques Urvoas au min­istère de la Jus­tice. De quoi inquiéter les défenseurs des lib­ertés publiques et numériques. Aus­sitôt cette nom­i­na­tion ren­due publique, Twit­ter s’est ain­si agité en rap­pelant le par­cours du tout nou­veau garde des sceaux.

C’est qu’une solide répu­ta­tion le précède. Arti­san du « Big Broth­er français », Urvoas est l’in­car­na­tion de la ten­dance lourde du sécu­ri­taire. En 2014, il a soutenu corps et âme la loi antiter­ror­iste insti­tu­ant le blocage de sites inter­net sans recours à un juge. De même pour la loi de pro­gram­ma­tion mil­i­taire de la même année, qui a éten­du le pou­voir de sur­veil­lance. Surtout, il a été le rap­por­teur de la loi Ren­seigne­ment de juil­let 2015 et de la loi sur l’é­tat d’ur­gence de novem­bre 2015 qui a, d’après Numera­ma, « divers­es impli­ca­tions pour Inter­net, dont la pos­si­bil­ité d’accéder aux don­nées sur le Cloud depuis le domi­cile de per­son­nes perqui­si­tion­nées, sans con­trôle d’un juge ».

Un CV évo­ca­teur auquel il faut ajouter la mise en place de valis­es espi­onnes, les « Imsi-catch­ers », capa­bles d’in­ter­cepter les échanges télé­phoniques. Tou­jours d’après le site spé­cial­isé Numera­ma, il est « un homme de la police, des ser­vices de ren­seigne­ment, qui s’est fait le bras par­lemen­taire armé des réformes sécu­ri­taires depuis plusieurs années ». S’il a tou­jours lorgné sur le min­istère de l’In­térieur, Jean-Jacques Urvoas pré­con­i­sait, dans un livre paru en 2011, la fusion des min­istères de la Jus­tice et de l’In­térieur au sein d’un « grand min­istère de la Règle et du Droit »…

Pour Adri­enne Charmet-Alix, respon­s­able de l’or­gan­i­sa­tion La Quad­ra­ture du Net, cette nom­i­na­tion n’est pas ras­sur­ante. « Jean-Jacques Urvoas est un fin juriste, très habile poli­tique­ment, tout le monde le recon­naît. Mais à moins que la voca­tion lui vienne avec la fonc­tion, il y a peu de chance de voir s’inverser cette ten­dance lourde au des­sai­sisse­ment de la jus­tice, du juge judi­ci­aire, au prof­it du juge admin­is­tratif et de la police », explique-t-elle. Pour celle-ci, Urvoas est « un fidèle sol­dat du min­istère de l’Intérieur à l’Assemblée nationale, défen­dant bec et ongles ses posi­tions. Ce n’est pas ras­sur­ant pour l’équilibre des pouvoirs ».

De plus, avec sa com­mis­sion de con­trôle sur l’é­tat d’ur­gence, « il a paralysé toute cri­tique par­lemen­taire de l’é­tat d’ur­gence en faisant croire qu’il con­trôlait alors qu’il est main dans la main avec le min­istère de l’In­térieur », ajoute-t-elle.

Pour Numera­ma, Jean-Claude Urvoas au min­istère de la Jus­tice c’est tout sim­ple­ment le loup qui entre dans la berg­erie. Ain­si, « la dan­gereuse glis­sade de la France vers la vio­la­tion des lib­ertés au nom de la sécu­rité n’est sans doute pas prête (sic) de s’inverser ».

Crédit pho­to : Par­ti social­iste via Flickr (cc)

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