Rien ne va plus au sein des titres de presse écrite et numérique dans la cité phocéenne. Sur fond de difficultés économique, mais aussi de pressions politiques, elle se décompose littéralement…au profit de La Provence de Bernard Tapie.
Marsactu.fr (210 000 VU en décembre 2014, selon l’éditeur) est la dernière victime du chaos en cours. Raj medias, la société d’édition du pure player d’information, a été liquidée mercredi 4 mars par le Tribunal de commerce de Marseille. Créée en 2008, elle s’était placée en cessation de paiement le 28 février. Avec une perte de 140 000 euros (pour seulement 200 000 euros de chiffre d’affaires en 2014), RAJ médias n’a pu bénéficier d’une mesure de redressement judiciaire. En cause, un endettement de l’ordre de 100 000 euros et une absence de perspective de redressement. Le modèle, gratuit et basé uniquement sur la publicité, de Marsactu.fr n’a été jugé tenable par le tribunal qui a préféré arrêter les frais. Le PDG de la structure, Pierre Boucaud, qui souhaitait reprendre Marseco.fr, la lettre économique de Raj medias, a été débouté de ses prétentions. Les actifs de Raj médias (essentiellement les marques Marsactu.fr et Marseco.fr) pourront être repris d’ici quelques mois à la barre.
Privé d’annonces légales-comme l’ensemble des pure players d’information, Marsactu.fr a de surcroît fait les frais du boycott larvé des collectivités marseillaises. En raison d’un ton souvent impertinent, elles ont toujours réservé leur manne publicitaire aux titres “historiques”, bien plus dociles.
Cette baisse de ces recettes est aussi sensible pour le quotidien communiste La Marseillaise, mais pour d’autres raisons. Le PCF a perdu plusieurs dizaines de mairies aux élections municipales de mars 2012. Résultat : une perte de 1,5 millions d’euros en 2014 pour un chiffre d’affaires total de 12, 5 millions d’euros pour La Marseillaise. Le titre, placé en redressement judiciaire le 25 novembre 2014, devrait être lui repris. Deux candidats sont en lice : Les Éditions des fédérés, proche du PCF, et Les Nouvelles éditions marseillaises (NEM). Cette société, créée pour l’occasion, est présidée par Fabrice Kerayan, patron de la société de consulting Alef Konseil. Cet ancien directeur de l’insertion au Conseil général des Bouches du Rhône est assisté par le journaliste Jean-Marc Adolphe, dont le journal culturel, Mouvement, a été liquidé en juin 2014. Autre pièce maitresse du dispositif, John Palacin. Cet ancien membre du cabinet d’Arnaud Montebourg, exclu pour “gauchisme”, a préparé les éléments financiers de l’offre.
Quelle que soit la solution retenue par le tribunal, qui devrait être connue le 16 mars, la douche sera glacée, notamment en termes d’emplois. Sur un effectif de 205 postes, les suppressions varient de 90 chez les Fédérés à 57 pour NEM. La Provence, même chahutée par les récents déboires de son propriétaire, Bernard Tapie, peut dormir tranquille. Son monopole de fait sur les médias écrits marseillais sort de toute évidence renforcé de la crise accélérée de ses concurrents.
http://t.co/lYODIW0hhg #Marseille : la #presse en pleine débandade @ojim_france @marsactu @marsactu_CG #Marseillaise pic.twitter.com/gbpRPwSrJ0
— Claude Chollet (@ClaudeChollet) 5 Mars 2015