Après l’annonce de la démission imminente de Mario Monti et de la candidature prochaine de Silvio Berlusconi au poste de chef de gouvernement en Italie, la presse française, dans sa quasi-unanimité, s’inquiète du retour possible du Cavaliere aux affaires.
« Au secours, il revient ! », écrit par exemple Denis Daumin dans La Nouvelle République du Centre-Ouest du lundi 10 décembre 2012, exprimant ainsi l’avis général.
Dans Les Échos, Nicolas Barré brandit le spectre d’une crise politique « qui briserait l’élan des réformes engagées par Mario Monti », un risque que l’Italie devrait « ironiquement à celui que les marchés financiers ont chassé du pouvoir en novembre 2011 ».
Hormis le fait que plus personne ne semble trouver problématique le fait que les marchés financiers puissent aujourd’hui chasser du pouvoir un dirigeant démocratiquement élu, la presse oublie de s’interroger sur l’essentiel : le fossé grandissant entre les exigences démocratiques d’un côté, et celles du marché, de l’autre, exigences qui ont de plus en plus de mal à coexister.
Le retour de Berlusconi menacerait de « pénaliser » l’Italie, écrit Christophe Lucet dans Sud-Ouest. Il menacerait également « d’allonger la liste des grands sinistrés après le Grèce, l’Espagne et le Portugal », estime Ivan Drapeau dans La Charente libre. Certes. Mais que faire si les Italiens votent à nouveau pour lui ?
À se demander si les journalistes ne préparent pas les esprits à légitimer par avance un nouveau coup de force anti-démocratique.
Source : Le Monde. Crédit photo : capture d’écran LeMonde.fr