Avec 110,4 millions d’euros d’aides directes distribuées à la presse en 2022, le ministère de la Culture dilapide l’argent public dans un contexte de diminution drastique des recettes de ventes au numéro de l’ensemble de la presse payante.
Première diffusion le 26 mars 2024
L’OJIM prend ses quartiers d’été : du dimanche 28 juillet au dimanche 25 août nous republions les articles les plus significatifs du premier semestre.
Elle était passée de 106 à 97 millions d’euros de 2020 à 2021, elle atteint pour l’année 2022 les 110,4 millions d’euros : alors que « les recettes de ventes au numéro de l’ensemble de la presse payante ont diminué de — 55% en vingt ans », si l’on en croit les « Éléments de communication du Ministère de la Culture », l’enveloppe des aides à la presse n’en finit pas de grossir.
Quelle répartition des aides à la presse ?
Pour l’année 2022, le Ministère a donc annoncé avoir versé « en 2022 un total d’aides directes de 110,4 M€ dont 28 M€ dans le cadre des six aides au pluralisme, 51 M€ pour les aides au transport et la diffusion et 31,4 M€ pour les aides à l’investissement ».
À y regarder de plus près, les aides au pluralisme pour les quotidiens nationaux d’information politique et générale à faibles ressources publicitaires font sourire tant on peine à y décerner la nature antagoniste de l’information dispensée : la Culture annonce ainsi avoir soutenu sept quotidiens nationaux, « par exemple La Croix (5 315201 € d’aides directes), L’Humanité (3 364 388 € d’aides directes pour le Groupe l’Humanité) ou Libération (3 862 413 € d’aides directes), pour un montant de 11,1 M € ». En comparaison, on notera que le titre Valeurs actuelles (qui dispose de peu d’encarts publicitaires ) a reçu 36 182 €. Pour les titres à faibles ressources publicitaires, 4 millions d’euros d’aides ont été dispensés à 53 journaux, dont Pèlerin, Causette ou Politis.
De nouvelles aides ont été attribuées « aux services de presse en ligne » « afin de promouvoir la neutralité des aides quant au support utilisé » : entendre, pour lutter contre le mastodonte que sont devenus les réseaux sociaux en matière de diffusion de l’information (quelles qu’elle soit), les médias en ligne sont désormais soutenus. Notamment le Huffington Post, média en ligne dont la qualité progressiste n’est pas à démontrer et qui a reçu 748 672 euros d’aides directes.
Enfin, 57 millions d’euros ont été accordés aux aides au transport et à la diffusion de la presse, de manière à, si l’on en croit le Ministère « réduire le prix de vente final des publications et favoriser ainsi la plus large diffusion des titres, et donc des courants de pensée et d’opinion qu’ils véhiculent. »
Voir aussi : Huffington Post, infographie
Le nouveau ministre de la Culture pour le conditionnement des aides
Face à cette dépense, qui représente l’équivalent des crédits du Ministère de la Culture pour 2023 pour le « soutien aux politiques culturelles », le nouveau ministre de la Culture a tout de même récemment émis une volonté de conditionnalité à la dispense de telles aides. Le 8 mars, à l’occasion de l’incontournable « journée des droits des femmes », Rachida Dati s’est indiquée favorable à conditionner les aides à la presse à un système de « bonus/ malus » pour « lutter contre les violences sexistes et sexuelles » et favoriser « l’égalité ». Une annonce dont le contexte était une table-ronde organisée au ministère consacrée à la parité dans la presse écrite. Une mesure qui viendrait se lisser sur la mesure déjà existante des aides du CNC, déjà conditionnées à des obligations de prévention du harcèlement sexuel. « Les droits des femmes ne sont jamais acquis, aurait-elle alors souligné. Nous devons travailler à une diffusion d’une culture de l’égalité ». Tout un programme.