À peine arrivé, Bernard Tapie fait des siennes, au point de se mettre d’emblée la rédaction de l’un de ses quotidiens à dos.
S’exprimant sur France Bleu vendredi dernier à propos du quotidien La Provence, dont il est le nouveau propriétaire, l’homme d’affaire n’a pas gardé sa langue dans sa poche concernant le constat qu’il tire de la position du journal. Tout d’abord, Tapie n’a pas hésité à avouer sa préférence… pour La Marseillaise, concurrent direct de La Provence ! « Je ne partage pas fondamentalement les idées que je trouve dans la Marseillaise », mais « c’est pour moi le quotidien le mieux fait de toute la région », a‑t-il confié avant de poursuivre dans les éloges : « Il est intelligent, il est bien fait, il est bien écrit, bref, je voudrais que les miens soient faits comme ça. » Il est vrai que dans les années 80, Tapie songeait à racheter… La Marseillaise précisément.
Et ce dernier de s’en prendre à la configuration actuelle de son propre journal : « Quand un quotidien qui est né à Marseille, ce qui est quand même sa caractéristique principale, vend 30 000 exemplaires, abonnements compris, dans une ville de près d’un million d’habitants, c’est qu’il y a un problème, c’est que les Marseillais n’ont pas envie d’acheter leur quotidien. » Il ajoute : « Ça veut dire que je fais aujourd’hui le journal que les Marseillais n’ont pas envie d’avoir, alors il faut qu’on les interroge. J’ai bien l’intention qu’on soit beaucoup plus près de leurs exigences que de notre satisfaction personnelle. On va lancer une très grande enquête. »
« Nous avons été choqués d’entendre dire que “les Marseillais n’ont pas envie d’acheter” leur quotidien et globalement, que nous sommes mauvais », a réagi la rédaction de La Provence dans un communiqué. Et celle-ci de contester les chiffres donnés par Tapie : « Les chiffres donnés par Bernard Tapie sont faux. La Provence est achetée à 46 000 exemplaires et lue par 220 000 personnes chaque jour à Marseille. »
« Pour nous La Provence, c’est d’abord un quotidien auquel sont suffisamment attachées 130 000 personnes pour l’acheter tous les jours, dans une région qui ne se limite pas qu’à Marseille mais couvre aussi toutes les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse, et les Alpes de Haute Provence », s’est défendu la rédaction, arguant qu’elle « ne se laissera pas insulter sans réagir. Jamais, jusqu’ici, un patron n’avait piétiné de la sorte une entreprise qu’il a promis de redresser ». Ambiance…
Crédit photo : capture d’écran site www.laprovence.com