Suite aux révélations d’un ex-consultant de la NSA, Edward Snowden, sur la surveillance des conversations privées sur internet, Dan Gillmor, chroniqueur au Guardian, professeur de journalisme et auteur de « We the media », a répondu aux questions du Nouvel Observateur.
« Les journalistes devraient toujours envisager le pire en termes de sécurité, a‑t-il estimé. Ça peut être une question de vie ou de mort pour leurs sources. En particulier pour les “whistleblowers” du gouvernement, ces “lanceurs d’alerte” qui prennent des risques pour révéler des éléments importants. » Et de prévenir : « Un journaliste, quelle que soit sa source, doit toujours prendre des précautions pour vérifier sa sécurité. Les journalistes qui travaillent beaucoup avec ce média ne le comprennent et ne le réalisent pas assez. »
« Les médias utilisent Google, Apple, Facebook, YouTube pour de bonnes raisons. Mais peut-être ne faisons-nous pas assez attention. Nous leur donnons une grande partie de ce qui fait notre fonds de commerce », a‑t-il poursuivi en donnant l’exemple de Facebook, qui pour lui « est à la fois bon et mauvais pour le journalisme. Les internautes y sont massivement, mais nous, journalistes, lui accordons beaucoup trop de ce qui fait le cœur de notre métier. Ils monétisent ces données, nous devrions plutôt nous concentrer à trouver cet argent pour survivre. »
« Il est facile désormais, pour le gouvernement américain notamment, de savoir avec qui nous échangeons. En tant que journaliste, nous devrions soulever la question, c’est un problème ! Dans les dictatures, les médias sont obligés de travailler ainsi. C’est leur seul moyen de pouvoir discuter avec les membres de l’opposition dans certains pays. S’ils sont démasqués, cela peut être fatal. En Amérique du Nord et en Europe, il est impossible de continuer à penser qu’une surveillance n’existe pas. »
En mai dernier, le New Yorker a lancé « Strongox », une base cryptée permettant des échanges sécurisés entre journalistes. Un début ?
Crédit photo : DR